Piete Decalee Par Bacary Domingo Mane

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Le ballet de politiciens – souvent en mal de popularité – a commencé à Touba depuis quelques jours, pour les besoins du Magal 2016. Ils feront tout pour s’y rendre, quitte à sacrifier d’autres rendez-vous. Par terre, mer, et ciel, tous les moyens de locomotion sont bons pour poser les pieds sur le sol béni de Touba. L’enjeu étant de s’afficher avec le guide ou son porte-parole et de s’assurer que les médias vont montrer l’image et relayer les propos empreints de «piété» décalée.

L’on peut accorder à certains le bénéfice du doute en leur reconnaissant leur «mouridité». Mais les âmes sont tellement corrompues par la pratique de politique politicienne que la foi s’en trouve lacérée. N’y attendez pas alors forcément un acte de dévotion, même si la mine et la démarche du politicien peuvent faire croire le contraire. Il a bien mémorisé la leçon du Florentin : tromper pour gagner la bataille de l’image.

Le politicien doit alors afficher, en permanence, ces cinq qualités : paraître clément, fidèle, humain, religieux et sincère. Surtout ne laisser aucune parole qui ne respire ces cinq qualités. Et tant qu’il le peut «ne pas s’écarter des biens». De toutes les façons, le politicien n’a rien à craindre puisque la grande masse ne voit que les apparences, seule la minorité s’intéresse à ce qui se trouve sous le vernis. Même dans ce cas, le politicien peut dormir sur ses deux oreilles, puisque cette minorité n’oserait se soulever contre cette majorité.

Autant dire que nos politiques sont bien entrés en scène et Touba n’est juste qu’un plateau de tournage d’une longue comédie. Puisque dans ce pays, on est en campagne permanente, opposition et pouvoir, avec à leur tête le président de la République, sont tous obsédés par la quête de popularité. Rien d’étonnant si certains de ces politiciens choisissent ces localités religieuses pour jeter à la presse, tel un os à ronger, quelques éléments de langage politique. Ils savent que les populations ont les yeux braqués sur Touba et sont sûrs d’avoir une audience sans bourse délier. Sans scrupule, Touba, Tivaouane, Ndiassane, Médina Baye, Popenguine, deviennent des lieux d’application de campagne-test, où l’on dévoile un bout des prochains thèmes de campagne électorale. L’astuce consiste à se draper dans le manteau du religieux pour faire une offre politique.

Le Magal de Touba, tout comme le prochain maouloud de Tivaouane, le gamou de Médina Baye ou de Ndiasane, le pèlerinage marial de Popenguine etc., constituent des éléments de contexte pour comprendre les agissements des hommes politiques. Leur «piété» décalée n’est qu’un épouvantail pour cacher l’essentiel. Et ce deal ou ce contrat tacite passé entre le religieux et le politique se fait sur le dos du citoyen-talibé qui n’a rien demandé pour être au cœur d’une transaction politico-religieuse. Qui disait que l’habit ne fait pas le moine ? Pourtant, nos politiciens ont réussi à apporter la preuve contraire.

sudonline.sn

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