Une marée humaine a accompagné ce dimanche l’étudiant Bassirou Faye à sa dernière demeure. Ses camarades étudiants, avec des brassards noirs en signe de deuil, plusieurs personnes de tous bords étreintes par la douleur, n’ont pu se retenir. Il laisse derrière lui les failles du système universitaire qui reproduit les mêmes bêtises.
Adieu Bass ! Diourbel a rendu hier un dernier hommage à son fils, l’étudiant Bassirou Faye, tombé dans l’enceinte de l’Ucad durant une meurtrière journée du 14 août. L’émotion est palpable. Les cœurs saignent encore de colère. En rejoignant l’Au-delà, il laisse derrière lui un paquet de questions funestes auxquelles nul ne peut encore apporter un début de réponse. Porté sous terre, il s’en va avec ses secrets et le nom de son meurtrier.
Les populations de tous âges, tous sexes confondus, se sont donnée rendez-vous au cimetière Serigne Mbaye Kane, sis au quartier Champ de Courses en face du centre polyvalent, pour porter sous terre un peu après 16h 22mn l’étudiant en Maths-Physiques, mort le 14 août passé, lors des affrontements entre Forces de sécurité et pensionnaires de l’Université Cheikh Anta Diop. La présidente du Conseil économique, social et environnemental, le préfet, le maire, le président du Conseil départemental de Diourbel, les anciens professeurs de Bassirou Faye au lycée, les différentes équipes de football de la ville étaient venus partager la douleur encore vive qui se lisait sur le visage des camarades de classe et des membres de la famille de Bassirou Faye.
Les activités sportives et culturelles étaient suspendues hier. Même le Cosef a dû interrompre son atelier pour venir saluer la mémoire du disparu. Jamais de mémoire de Diourbellois une telle foule n’a été vue. Les commerçants avaient baissé leurs rideaux, les agents de l’hôpital avaient quitté spontanément leurs services, un long cortège de «motos jakarta» faisait office d’escorte.
Au fur et à mesure que la procession avançait, des jeunes s’évanouissaient, là où d’autres s’effondraient en larmes ou piquaient des crises d’hystérie. Avec cette foule, il a fallu une vingtaine de minutes pour que le corps de Bassirou Faye puisse descendre de l’ambulance de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers et rejoindre la morgue du centre hospitalier régional Heinrich Lübke de Diourbel, après une bousculade monstre avec les étudiants qui voulaient vaille que vaille accéder à l’intérieur. Il a même fallu que l’ambulance se gare à l’entrée de la morgue en venant du stade Ely Manel Fall pour qu’enfin la toilette mortuaire puisse être effectuée.
Enveloppé dans un sac noir recouvert d’un pagne tissé par les Manjacks, le spectacle qui s’offrait aux yeux du préposé à la toilette mortuaire était difficile à voir. A la fin de l’exercice, il a poussé un long soupir avant de prononcer trois fois «Allah», signe de l’horreur qu’il venait de voir. Le spectacle était insoutenable, la tête du regretté Bassirou Faye avait été endommagée.
Après cette toilette mortuaire, cap sur les cimetières. Aux récitals de khassaïdes et zikroulakhs se mêlaient des «Yalla na ko yalla yereum» (Qu’Allah ait pitié de son âme) avant que Serigne Madina Mbacké, fils de Serigne Moustapha Maï Mbacké de Darou Salam, ne dirige à côté de Mamadou Faye, le papa de Bassirou, la prière mortuaire. Resté digne tout au long de l’épreuve, Mamadou Faye, vêtu d’un boubou blanc, ne cessait d’égrener son chapelet, rendant ainsi grâce à Dieu.
Au cimetière, c’était encore la bousculade avec des étudiants qui tentaient d’immortaliser la scène, des femmes qui ne voulaient rien rater de l’évènement. D’ailleurs, des personnes avaient pris d’assaut la toiture des maisons pour ne rien manquer des obsèques.
Bassirou yalla nako yalla yobou sa aldiana dia gueuneu kawé, ndakh dagnou ko ray cone mome aldiana rék ladieume, kiko ray yalla nako yalla léral té yalla nako yalla torakhal, policier you bone yi makha la diangou gnou dara motaakh certificat sakh amougnouko motakh gnou sakhor, kate séneeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeendèye