Pourquoi pas la liberté provisoire pour Karim Wade ? Par Madiambal Diagne

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De nombreuses personnes se sont émues de décisions judiciaires intervenues ces dernières semaines, accordant la liberté provisoire à des personnalités inculpées pour diverses infractions. La dernière de ces décisions est celle élargissant de prison l’ancien directeur général du Port de Dakar, Bara Sady. La crainte serait que de telles décisions consacreraient une certaine impunité.

Ben sûr que non ! Dans tout système judiciaire pénal qui se voudrait protecteur des droits de la personne humaine, le principe de la détention provisoire de personnes poursuivies devrait être l’exception et à l’opposé, le bénéfice de la liberté provisoire devrait être la règle. La détention provisoire a surtout été instituée principalement pour des raisons de sûreté. En effet, pour éviter par exemple que la personne arrive à prendre la fuite et se soustraire ainsi à l’action de la justice ou pour préserver l’intégrité physique de la même personne poursuivie, en l’épargnant d’une éventuelle vendetta ou de règlements de comptes, ou même pour éviter que des preuves puissent être dissipées ou que des témoins puissent être soudoyés, la justice recourt à la mise en détention provisoire. Il peut également arriver que l’émoi et la clameur, suscités par la commission de certaines infractions, puissent inciter la justice à placer les présumés auteurs en détention provisoire. La détention n’est plus nécessaire une fois que l’émotion dans la population se sera estompée.
Autrement dit, la personne inculpée, qui ne se retrouverait dans aucun des cas ci-dessus cités, devrait automatiquement bénéficier d’une liberté provisoire, le temps qu’un procès juste et équitable soit organisé afin d’établir sa culpabilité ou son innocence. La détention provisoire ne saurait donc être nullement interprétée comme l’anticipation d’une peine, car le principe sacro-saint de la présomption d’innocence ne l’autoriserait pas.
Le noble souci du législateur est d’éviter la mise en détention arbitraire d’une personne. Quels dommages continue-t-on de causer à des personnes détenues pendant de longues années et qui au terme de la procédure judiciaire se retrouvent innocentées ? Dans certains systèmes judiciaires, des formules de dédommagement pour mauvais fonctionnement de l’administration de la justice sont aménagées afin de chercher à soulager les souffrances et les dommages causés à des personnes innocentées après une longue détention provisoire. Cette hantise de l’erreur judiciaire a poussé de nombreux législateurs à chercher à éviter de laisser l’appréciation de la mise en détention provisoire entre les mains d’un seul juge. Ainsi, a-t-on pu préconiser un pool de juges pour décider de la mise en détention provisoire. Au Sénégal, cet élan n’a pas manqué de préoccuper les autorités publiques. C’est ainsi qu’il avait fallu une grande réforme de loi pénale pour changer certains vocables par exemple. Ainsi, la détention préventive est devenue dans le vocable de la justice, «détention provisoire». L’idée était d’éviter de donner une quelconque connotation de présomption de culpabilité. En France, cette même volonté a permis de substituer la notion «de mise en examen» à celle «d’inculpation» par exemple. Aussi, pour éviter tout abus sur les détentions provisoires, le législateur sénégalais avait-il institué le principe du renouvellement motivé par le juge, après un délai de six mois, d’un mandat de dépôt délivré dans le cadre de certaines infractions correctionnelles. A défaut, l’administration pénitentiaire devrait libérer immédiatement la personne détenue.
Dans d’autres systèmes judicaires, comme aux Etats-Unis par exemple, le législateur a aménagé le système de la caution en numéraires pour garantir la représentation de la personne poursuivie. Si les poursuites pénales se révélaient infructueuses, la personne mise en cause à tort, pourrait reprendre sa caution. Cette façon de faire lui épargnerait d’être victime d’une détention provisoire, plus ou moins longue, et dont la réparation ne saurait être totalement compensée, quels que puissent être les montants alloués.
Pour autant, le bénéfice d’une liberté provisoire ne pourrait être interprété comme une absolution. Une fois qu’une décision judiciaire devenue définitive aura été prononcée, les peines infligées seront appliquées et purgées. Encore une fois, dans un pays comme la France, des personnes mises en examen dans de grandes affaires de prévarication de ressources publiques ou de grandes escroqueries bénéficient d’une liberté provisoire (affaires Jérôme Kerviel, Balkany et autres).
Il reste que l’environnement judicaire devrait être pris en compte. Les appréhensions de nombreux plaideurs seraient qu’une personne bénéficiant d’une liberté provisoire se présenterait en jugement avec l’idée que les charges retenues contre elle ne seraient pas très solides et que cela pourrait jouer sur la psychologie des juges. Il s’y ajoute que dans un pays comme le Sénégal, où fonctionnent de nombreux ressorts sociaux, la personne bénéficiant d’une liberté provisoire pourrait développer des contacts qui pourraient lui assurer une réelle impunité. Des dossiers judiciaires sont rangés aux oubliettes une fois que les personnes mises en cause ont humé l’air de la liberté provisoire.
Tout compte fait, on pourra dire que les grands principes de droit, qui président à la nécessité d’aménager un système de liberté provisoire, autorisent à indiquer que ces principes ne sauraient être définis ou mis en œuvre selon la tête du client. En conséquence, il serait parfaitement compréhensible qu’un détenu comme Karim Wade par exemple puisse bénéficier d’une liberté provisoire, après quelque deux ans de détention provisoire, le temps que son procès devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) soit bouclé. Tout porterait à croire que ce procès a encore de beaux jours devant lui. Les causes des lenteurs dans le déroulement de ce procès ne sont pas toujours imputables à Karim Wade et à son système de défense. Au nom des principes de la présomption d’innocence, de la sauvegarde des droits élémentaires de la personne humaine et des dysfonctionnements constatés dans la distribution de la justice, Karim Wade devrait pouvoir bénéficier de la liberté provisoire. Une telle mesure ne préjugerait en rien du verdict qui sera prononcé par la juridiction de jugement. Ainsi, si au terme du procès, aucune charge n’était retenue contre lui, le bénéfice de la liberté provisoire aurait plus ou moins permis de limiter les dégâts. A l’opposé, s’il est reconnu coupable, les peines qui lui seront infligées pourraient sans aucune entrave faire l’objet d’une application.

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13 Commentaires

  1. Et il vous a fallu presque 2 ans pour comprendre : « Au nom des principes de la présomption d’innocence, de la sauvegarde des droits élémentaires de la personne humaine et des dysfonctionnements constatés dans la distribution de la justice, il devrait bénéficier de liberté provisoire »

    • Le plus scandaleux est que, le Président Macky a été mis dans cette situation par des gens qui en voulaient tous au Président Wade Abdoulaye et à sa famille ! Ce n’est qu’après les virées infructueuses des différentes commissions rogatoires à travers le monde, qu’il aurait ouvert les yeux ! Le dilemme, je le dis ici depuis des mois est : « Comment s’en sortir sans y perdre des plumes ? Au demeurant combien de centaines de millions ont été dépensés en frais d’Avocat ?

  2. Madiambal est en train de preparer le peuple sur la prochaine liberation de Karim.
    En verite on ne comprend pas pourquoi cette accusation d’enrichissement illicite. Pourquoi n’avoir pas use des services de controle de l’etat? (L’IGE, la cour de verification des comptes) ou les cabinets comptables prives?
    Toute cette histoire a la fin n’est ponctuee que de maladresses, tatonnements; c’est indigne d’un etat comme celui du Senegal avec tout son appareil administratif et son experience. C’est a penser qu’il y a un grand complot derriere le peuple et j’en suis convaincu.

  3. Il a fallu que wade attaque frontalement macky, sa famille et ses ouailles pr que ces derniers mettent de l’eau ds leur bissap et envisage tout ce qu’ils ne voulaient même pas entendre ou penser il n’y a guère longtemps. Conclusion: en polique, votre adversaire ne vous vs offre rien, il faut tout lui arracher.

  4. Notre piètre et poltron de président se cache derrière un de ses sbires pour tâter le pouls des populations, quelle honte!
    Il aura fallu deux ans pour que le palais et sa presse se rendent compte que la stratégie du mensonge et de la calomnie n’a pas été prolifique.

  5. Monsieur Madiambal Diagne est en train de nous faire un très gros numéro ! N’avais-je pas prédit ici même que dame justice pourrait bien être un bon Père Noël, en accordant une liberté provisoire à Karim et à ses codétenus d’aller fêter Noël auprès de leurs enfants ? Après avoir flairé cette « future bonne nouvelle », il voudrait qu’après la fameuse date du 22 décembre tant attendue faire croire que sa sortie de ce jour, en avait été l’élément déclencheur ! Sacré Madiambal, il ne lui reste plus que d’être nommé Conseiller auprès du Président de la République, a&avec rang de Ministre ! Le « sommet » quoi !

  6. Non ! Et pourtant la meute est lachée ce syndicat des Saint-justes de la « karimia » en veulent encore á la peau de ta plume avec cette potion d ‘inculte naiveté ,ils ergotent sur ce bel exposé,cet énoncé succinct de notre legislation que vous diagnostiquez avec julstresse qui A stuffit á ces pamphletaires réactionaires qui ne semlblent pas comprendre vos soucis deverser sur vous toutes Cesar formes ápres de langages amers Pour flétrir votre clairvoyance sur bien des sujets qui nous divisent.Ecrivez ,vous nous éclairez et ce n’est pas Karim qui nous iimporte mais notre Justice que vous rehalitez

  7. Non ! Et pourtant la meute est lachée ce syndicat des Saint-justes de la « karimia » en veulent encore á la peau de ta plume avec cette potion d ‘inculte naiveté ,ils ergotent sur ce bel exposé,cet énoncé succinct de notre legislation que vous diagnostiquez avec justesse qui A stuffit á ces pamphletaires réactionaires qui ne semlblent pas comprendre vos soucis deverser sur vous toutes Ces formes ápres de langages amers Pour flétrir votre clairvoyance sur bien des sujets qui nous divisent.Ecrivez ,vous nous éclairez et ce n’est pas Karim qui nous iimporte mais notre Justice que vous rehalitez

  8. Etant membres de la cellule de com de ce milliardaire voleur,on n,est pas surpris par votre reaction spontanee.Xeme,Sadaga,Cheikh Depuis…etc pour ne citer que ces quelques mercenaires,sont payes pour passer tout leur temps sur les webs pour attaquer chaque article sur Krime(comme l,appelle Talla Sylla).Ce texte est l,opinion d,un simple journaliste qui fait son métier comme d,habitude.Donc messieurs les mercenaires arretez vos manipulations,et vos intoxications maladroites meme si vous etes bien payes par un voleur multimilliardaire et tres genereux.

  9. @ Jajeufati +Tout le monde SAIT OU TRAVAILLENT CETTE EQUIPE DE KARIM ! L’OPPOSITION , (WADE) paie cette équipe qui fait sa sale besogne bien au frais dans une villa de Sacré coeur ! Il faut aller les dénicher parce qu’ils vivent de nos sous.

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