Pourquoi Souleymane Jules Diop n’est pas à la bonne place Par Ibrahima Sadikh NDour

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Dans une très récente contribution, j’ai analysé le bilan présenté par le Secrétaire d’État aux sénégalais de l’extérieur. Les insuffisances, lacunes et contradictions décelées, tant sur la forme que dans le fond, m’avaient amené, inéluctablement, à me poser la question suivante : Souleymane Jules Diop est-il à la bonne place ? Ma réponse était non ! Les habits qui lui sont taillés paraissent trop amples pour sa personne. Dans la présente contribution, je viens rappeler quelques enjeux et orientations, essentiels à toute politique destinée à la Diaspora sénégalaise qui se voudrait efficace, qu’il a ignorés ou omis dans son bilan prouvant, de ce fait, qu’il n’est pas à la bonne place. Par conséquent, après une analyse factuelle du bilan qu’il a présenté, me voici rendu à l’étape de propositions visant à démontrer qu’il n’est pas à la bonne place, sans aucune intention d’inscrire mon action dans une dynamique polémiste et stérile.

Renforcement institutionnel : éviter l’éparpillement et renforcer la cohésion d’action

Pour espérer une politique des sénégalais de l’extérieur efficace, il faudrait penser, au préalable, se doter d’une institution forte. Un Secrétariat d’État aux sénégalais de l’extérieur fort, capable d’arracher des concessions auprès des autorités des pays partenaires et de conclure des conventions profitables à ses citoyens ne pourrait voir le jour que si, d’une part, on évite l’éparpillement des services de l’État dédiés à la Diaspora, et d’autre part, on renforce la cohésion et la rationalité des actions entre les différents Départements ministériels concernés.

Souleymane Jules Diop sait-il qu’il existe, au sein de la Direction de l’Assistance Technique (DAT), une structure relevant du Bureau Organisation et Méthodes (BOM) de la Présidence de la république, un Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (PAISD) financé par la France à hauteur de 9 millions d’euros et destiné, exclusivement, aux sénégalais de la Diaspora vivant dans le pays de Marianne en vue d’accompagner leurs actions en faveur du développement de leurs localités au Sénégal ? Je n’en suis pas sûr. L’intégration de ce projet au sein du Secrétariat d’État des sénégalais de l’extérieur lui aurait sans doute permis de bénéficier d’une expertise déjà rodée (le personnel du projet et l’assistant technique français détaché de façon permanente auprès de ce projet) en plus de rendre cohérentes et rationnelles ses actions. Peut-être, ce modèle de partenariat avec la France pourrait être élargi à d’autres pays développés qui sont des bassins d’accueil d’immigrants sénégalais.

Dans son bilan, Souleymane Jules Diop a superbement ignoré le Ministère en charge des Affaires étrangères ainsi qu’un autre acteur d’une extrême importance : le Ministère chargé du Travail et de la sécurité sociale. L’appui, l’encadrement, les interventions et les suivis diplomatiques du premier sont d’une nécessité vitale pour obtenir, par exemple, l’inscription à l’ordre du jour des Grandes commissions mixtes, avec les pays qui constituent des bassins d’immigrants sénégalais, l’ouverture de négociations visant à conclure ou à renouveler des conventions de sécurité sociale. Quant au Ministère en charge du Travail et de la sécurité sociale, son expertise et son appui technique sont indispensables pour aboutir à des conventions de sécurité sociale qui garantissent aux sénégalais de la Diaspora, par exemple, de rentrer et de finir, paisiblement, leur vie chez eux sans perdre leurs acquis sociaux engrangés de durs labeurs (pensions de retraite, prise en charge médicale, allocations familiales, etc.).

Voilà pourquoi, l’absence de ces Ministères dans le bilan présenté par Souleymane Jules Diop (par ignorance ou par égo surdimensionné) démontre son absence de vision ou de joueur d’équipe. Il se focalise sur des problèmes, certes importants (établissement et renouvellement de passeports, cartes biométriques, importation d’autos, etc.), qui relèvent de la quotidienneté. Un État normal règle ces détails, de façon rapide et définitive, pour passer à autre chose.

Articulation des initiatives destinées à la Diaspora aux politiques et objectifs de l’État

Il convient de rappeler que les actions du Secrétariat d’État aux sénégalais de l’extérieur doivent tirer leur justification, voire leur légitimité de deux sources : les besoins exprimés par la Diaspora et la nécessité de contribuer à la réalisation des politiques mises en œuvre par le Gouvernement. J’ai l’impression que Souleymane Jules Diop privilégie une approche quantitative à travers le nombre de projets financés, tant il brandit ses statistiques fantaisistes comme un trophée. À mon avis, ce n’est pas le nombre de projets financés qui est important, mais le nombre d’emplois que les financements consentis ont permis de créer et/ou de consolider ainsi que leur contribution à la formation du PIB, donc à la croissance. En effet, faut-il rappeler, par exemple, que le Chef de l’État actuel s’est fixé comme objectif, avant le terme de son mandat, de créer 500 000 emplois. Le Secrétariat d’État des sénégalais de l’extérieur doit contribuer à la réalisation de cet objectif, comme toutes les entités gouvernementales, en finançant, de façon prioritaire, des projets à haute valeur ajoutée et à haute intensité de main d’œuvre. Ce n’est pas, par exemple, en reproduisant le modèle éprouvé de financement des groupements féminins (dont l’un des objectifs est de favoriser des activités génératrices de revenus) pour des femmes établies à étranger qu’on parviendra à contribuer, significativement, à l’éradication du chômage endémique des jeunes, surtout celui des nouveaux diplômés. À moins qu’on ne soit guidé par le clientélisme politique et le tape-à-l’œil propagandiste (folklore).

L’absence de réactivité de Souleymane Jules Diop et la faiblesse de l’articulation de ses initiatives aux politiques publiques peuvent être illustrées, également, par son manque de réaction face à l’annonce du recrutement de 250 professeurs d’université confirmée par le Chef de l’État. Au lieu d’avoir comme priorité, en 2015, l’établissement de cartes biométriques, Souleymane Jules Diop aurait gagné en crédibilité en aidant les Universités sénégalaises à se doter de ressources humaines de qualité et subséquemment, permettre à de nombreux sénégalais(es) de la Diaspora de rentrer définitivement et de contribuer au développement de leur pays par l’enseignement et la recherche. En effet, il est illusoire de penser que les seules ressources formées au Sénégal suffiront à combler, en une seule année, 250 postes dont l’exigence minimale est l’obtention d’un Doctorat. D’où l’importance de faire un dosage équilibré entre ressources formées au Sénégal et celles vivant dans la Diaspora à l’image de l’Inde et de la Chine. Dans ce cadre, le rôle du Secrétariat d’État aux sénégalais de l’extérieur, en collaboration avec le Ministère en charge de l’Enseignement supérieur, pourrait se révéler utile. Ce sont des actions comme ça que la Diaspora attend de ses responsables et non des cartes consulaires biométriques qui ne servent qu’à enrichir une poignée de personnes.

Avant de terminer, il me paraît important de revenir sur certaines réactions suscitées par ma première contribution. Je refuse de m’inscrire dans une polémique, mais je tiens à être clair.

Le droit d’exprimer ses opinions : une liberté constitutionnelle

Le fait d’exprimer mon opinion, sans insultes et dans la courtoisie, en déclarant que les habits de Secrétaire d’État sont trop amples pour Souleymane Jules Diop m’a valu des insultes et insanités de toute sorte de la part de son Chef de Cabinet, certainement avec la caution de son patron. Sous les régimes de Senghor et d’Abdou Diouf, cela aurait été impensable. Sous des cieux démocratiques, il serait défenestré sur le champ. Un pseudo journaliste a même titré que les « diplomates veulent le tuer » insinuant, par là, que j’ai agi sur commande en participant à une conspiration de diplomates. Il ne sait pas qu’il me fait un honneur immense en laissant penser que je suis un membre de ce prestigieux corps de hauts fonctionnaires. Oui, c’est un honneur d’appartenir au corps des Diplomates de carrière d’où sont issus de prestigieux citoyens-serviteurs (Massemba Sarré, Fallilou Kane, Saloum Kandé, etc.), lesquels avaient réussi, grâce à leurs talents, à positionner le Sénégal sur la carte diplomatique du monde malgré de faibles moyens. Malheureusement, je n’ai jamais été diplomate dans ma vie et cela fait 15 ans que je n’ai pas mis mes pieds au MAESE.

 

Pourtant hier, c’est ce même Souleymane Jules Diop, depuis Montréal, qui émettait un avis sur tout et rien, sur les hommes politiques et leurs actions au nom du droit à l’expression et d’opinion. Il a même fait pire en calomniant et en insultant, publiquement, des autorités (politiques et religieuses) et de simples citoyens. Aujourd’hui, il se rend compte que la potion qu’il servait aux gens s’avère trop amère. Il doit s’y faire. C’est ce qu’on appelle un retour de manuelle. Un adage de chez nous le rappelle (approximativement traduit en français) : « si on est mécontent de ce que l’on a reçu en paiement, c’est parce qu’on a pas prêté de bonnes choses ». Il exerce des responsabilités publiques et chacun(e) de nous a le droit d’apprécier, librement, ses actions. Qu’il se le tienne pour dit, je n’entends pas renoncer à l’exercice des droits que je tiens de la Constitution ainsi que des lois qui nous gouvernent. Je ne manquerai jamais de dénoncer ce qui ne me paraît pas net dans ses façons faire et/ou son incompétence. J’agirais de la même façon en face de tout dépositaire de nos suffrages ou de personnes qui exercent des responsabilités reçues en délégation du Chef de l’État.

 

Assimiler toute critique ou opinion défavorable à la haine, à la méchanceté et à l’envie constitue un handicap intellectuel. Affirmer, sans une aucune preuve, que tout auteur d’une idée contraire aux siennes est payé ou sert de bras armé à des forces ennemies tapies dans l’ombre, est symptomatique d’une paranoïa qui ne dit pas son nom. Penser qu’on est seul à avoir un vrai vécu professionnel et un niveau d ‘études appréciable est révélateur d’un narcissisme béat qui frise le manque d’humilité. Croire qu’on peut régler, tout seul, l’ensemble des problèmes d’un Département ministériel démontre une absence de leadership. Utiliser les moyens de l’État (heures de travail, ordinateurs et connexions de service, etc.) pour insulter des citoyens qu’on est censé servir, relève d’un manque de sens de l’État. Lorsqu’on souffre d’un handicap intellectuel, d’une paranoïa, d’un narcissisme béat, d’un manque de leadership, d’humilité et de sens de l’État, on ne peut rien diriger ni réussir. C’est écrit dans le Ciel. Souleymane Jules Diop est dans ce cas. Pauvre Diaspora sénégalaise !

Ibrahima Sadikh NDour

[email protected]

14 Commentaires

    • JULES DIOP SE DONNE DE TOUTE SES FORCES POUR L ÉMERGENCE DU SÉNÉGAL . LE PEUPLE EST DE TOUT CŒUR AVEC LUI. SI TU VEUT LA PROMOTION VA AILLEURS C EST MIEUX D ÉVOQUER DES IDÉES INTITULES ENVERS LE PATRIOTE JULES DIOP

  1. @Iba Ndour tu es un vrai patriote comme on les aime. Big respect, man ! Tant qu’ils continueront de montrer leurs limites, on ne se lassera pas de relever celles-ci ! Notre pays est mal barré avec ses nullards dirigés par Macky !

  2. Et voilà !!
    Ce guignol de Ndour se croit à présent important parce qu’un proche de Jules Diop lui a répondu
    Ils auraient dû ignorer un tel crétin qui avait fini de se discréditer par ses propres écrits
    Un proverbe dit « on répond aux imbéciles par le silence »

    ./.

  3. Contribution de qualité et d’une grande M. Ndour. Les hableurs et ceux qui sont payés pour envoyer des insultes sur les réseaux sociaux et les forums contre ceux qui manifestent leur haute intelligence se taisent.
    Ce pays n’avancera jamais à cause des ces fénéants avec des cervelles de moineaux qui vivent de nos deniers et insultent notre intelligence, je veux dire les politiciens professionnels!

  4. Monsieur NDOUR, ta première contribution après la communication loupée de SJD est pertinente et a suscité nos appuis et la réponse malheureuse et malvenue parce que mal écrite et impertinente de René Yéhoumé. Je pense qu’il faut à présent que vous preniez plus de hauteur pour contribuer avec le recul du citoyen qui réagit par patriotisme aux affaires de la diaspora et du Sénégal sans parler de SJD. Le risque sinon c’est que les gens se mettent à croire que l’analyse part d’une fixation sur la personne SJD qui ne mérite certainement pas autant de bruits. Je partage avec toi beaucoup de choses sur les politiques qui auraient pu être menées ou mises en selle pour le bien de la diaspora et du Sénégal même s’il faut bien se dire que la diaspora c’est en grande partie un contingent d’analphabètes et qu’il y’aurait plus de sens à mener des politiques en faveur de cette grande masse et ne pas seulement conduire des initiatives élitistes pour une poignée de sénégalais expatriés qui tirent en général leurs épingles du jeu. On le sait le retour de manivelle est toujours dur à encaisser et SJD l’a appris à ses dépens même si je pense qu’il pourrait bien faire l’affaire à son poste s’il s’arme de plus d’humilité. La réflexion et la contribution demeurent positives, au demeurant je souhaite qu’elle s’oriente ailleurs que sur SJD. Tu lui a déjà tout dit et il est évident qu’il t’a forcément entendu. Quant à René Pierre il ne méritait même pas une réponse n’ayant pas du tout le niveau d’abstraction requis pour mener des discussions intellectuelles de cette nature. Je pense que la diaspora continuera d’apprécier des contributions de haute facture comme vous savez les faire, je vous prie de les sortir cette dialectique positive de la polémique dialogique autour de SJD et de ses amis pour le bien du Sénégal et de la diaspora sénégalaise.

  5. Ce qui disait que ndour est instrumentalise vient d’en avoir le preuve; il fait une fixation sur jules et se croit important; malheureusement pour lui il vient de se tirer une balle dans le pied et s’est discréditer.

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