La prochaine pre?sidentielle aura lieu dans un an, le 24 fe?vrier 2019 plus pre?cise?ment. Une e?ternite? si l’on s’attache a? la bru?lante actualite? du pays. Pourtant, de nombreux candidats se sont de?ja? de?clare?s, espe?rant concilier de?part pre?coce et pre?sence dans le sprint final. Parmi les pre?tendants au fauteuil pre?sidentiel, Malick Gakou est sans doute l’un des plus se?rieux adversaires du candidat sortant, l’actuel pre?sident de la Re?publique Macky Sall. Certes, l’ancien progressiste a un « petit » parti derrie?re lui et se pre?sentera pour la premie?re fois a? une pre?sidentielle. Mais le « Pre?sident des Banlieues » ne manque pas pour autant d’expe?rience.
Ne? en 1967 a? Dakar, Gakou est entre? tre?s to?t en politique au Parti socialiste (PS). Proche de Moustapha Niasse au sein de cette formation qui a dirige? le pays pendant 40 ans, il n’a pas he?site? a? le suivre lors de son fameux appel du 16 juin 1999. Militant de la premie?re heure de l’Alliance des forces de progre?s (Afp) et « actionnaire » dudit parti, Malick Gakou y gravira les e?chelons jusqu’a? occuper le poste de nume?ro 2. Apre?s 16 ans de compagnonnage avec Moustapha Niasse, sa relation avec celui-ci s’effrite soudain : Moustapha Niasse, leader de l’Afp et pre?sident de l’Assemble?e nationale, a de?cide? que son parti n’aurait pas de candidat a? la prochaine pre?sidentielle.
« Aujourd’hui, il faut admettre que nous avons de se?rieuses divergences sur la manie?re d’aborder les perspectives politiques de l’Afp et, principalement, sur la question de la Pre?sidentielle. Je milite pour une candidature de l’Afp a? ces e?lections et lui non.» Pour autant, l’ancien ministre (des Sports puis du Commerce) estime qu’il appartiendra aux militants, re?unis en congre?s, de de?cider souverainement de la succession de Niasse et de l’avenir du parti. A ceux qui l’accusent d’actionner des gens pour se battre a? sa place et d’avancer masque?, Gakou refuse de re?pondre. «Tous ceux qui s’attaquent a? moi, je ne leur re?pondrai jamais parce que je ne suis pas a? leur niveau. Mon seul et unique interlocuteur a? l’Afp, c’est Moustapha Niasse et les Sages qui l’entourent. Je suis un croyant et je sais que seul Dieu donne le pouvoir, je ne cours derrie?re rien », re?pe?tait-il inlassablement alors. Il finira pourtant par claquer la porte de ce parti pour cre?er sa propre formation politique, le Grand Parti Suxxali Se?ne?gal.
Un loup aux dents longues
Ayant quitte? son parti de « cœur » suite au refus de son secre?taire ge?ne?ral d’aligner un candidat sur la ligne de de?part en 2019 face au pre?sident Sall, El Hadj Malick Gakou sera donc oblige? de se pre?senter a? cette e?che?ance. Et me?me si l’inte?resse? n’a pas encore clarifie? ses ambitions, tout porte a? croire qu’il sera parmi les pre?tendants a? la magistrature supre?me de ce pays. En attendant qu’il fixe son monde et les Se?ne?galais sur la question, sa jeunesse, sa base affective de Gue?diawaye, la banlieue dakaroise, les cadres, bref des segments entiers de son parti le proclament de?ja? candidat a? la prochaine e?lection pre?sidentielle de 2019.
Toutefois, force est de reconnaitre que le chemin est encore long et parseme? d’obstacles vers cette e?che?ance, voire jusqu’a? la victoire. Malick Gakou est-il en effet un candidat se?rieux face au pre?sident de la Re?publique sortant ? Pour Songo Matar Ndiaye, secre?taire permanent du Grand Parti, la candidature de son leader est la plus se?rieuse qui puisse e?tre face au pre?sident Macky Sall pour plusieurs raisons. D’abord parce que, explique-t-il, Malick Gakou est pre?sent sur le terrain politique depuis plus de 35 ans.
« Nous savons tous ce qui l’a pousse? a? quitter pour cre?er son propre parti, le Grand Parti. Il faut aussi souligner que Malick Gakou a e?te? par deux fois, ministre de Macky Sall. N’ayant pas partage? ses positions e?conomiques, il a de?missionne? de son gouvernement. Et depuis qu’il a quitte?, il a fait le tour du Se?ne?gal. C’est pourquoi, la jeunesse de son parti, les cadres de Gue?diawaye, Fatick entre autres se sont tous leve?s pour porter sa candidature a? l’e?lection pre?sidentielle de 2019. D’ailleurs, nous pre?parons notre congre?s pour la premie?re semaine du mois d’avril. Et je pense que toutes les dispositions qui doivent e?tre prises pour que Malick Gakou soit candidat a? l’e?lection pre?sidentielle de 2019 l’ont de?ja? e?te?. Parce que nous pensons que le candidat le plus se?rieux face a? Macky Sall, c’est lui. Tous ceux qui soutiennent qu’il est un candidat inexpe?rimente? doivent revoir leur copie. Parce que, rappelons le aussi, en 2012, il a e?te? te?te de liste de Benno Bokk Yaakar a? Gue?diawaye et a gagne? sa base naturelle. Il a aussi gagne? la capitale et son choix a e?te? de diriger le Conseil re?gional de Dakar avant d’e?tre par la suite rappele? par Macky qui l’a nomme? ministre. Malick Gakou est aussi un tre?s grand homme d’affaires reconnu dans le monde. Il a eu a? re?ussir des choses dans le monde des affaires que personne ne peut aujourd’hui ignorer. Il a mis en place des socie?te?s un peu partout en Afrique et dans le monde pour pouvoir faire face aujourd’hui a? ses ambitions pre?sidentielles. Donc, nous sommes convaincus qu’il a le profil pour e?tre un candidat se?rieux face a? Macky Sall », plaide le secre?taire permanent du Grand Parti, Songo Matar Ndiaye.
«Pas un candidat redoutable pour Macky Sall »
Contrairement a? l’euphorie et a? l’enthousiasme du secre?taire permanent du Grand Parti, toutefois, l’enseignant chercheur en politique a? l’universite? Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, sou- tient, lui, que « Malick Gakou ne pourrait pas e?tre un candidat redoutable pour Macky Sall. »
Prie? de donner les raisons de ce scepticisme, il explique : « son parti n’est pas pre?sent en dehors de Gue?diawaye c’est-a?-dire qu’il est faiblement repre?sente? au niveau national. En plus, il n’a pas e?te? e?lu lors des le?gislatives passe?es. Sur le plan de la communication, on ne l’entend pas beaucoup faire de temps en temps des de?clarations ou des communique?s. Donc, me?me s’il est un leader politique, en matie?re e?lectorale, il lui reste a? prouver sa capacite? de mobilisation en dehors de son fief de Gue?diawaye ou? on voit que Aliou Sall maitrise le terrain. Le fre?re du Pre?sident est dans la majorite? et il a les moyens d’entretenir une cliente?le politique alors que lui, ne l’a pas. Cela veut dire tout simplement que tous ceux qui ont des positions de pouvoir ont des capacite?s d’entretenir une cliente?le. Ceux qui n’ont pas cette capacite?, ils sont sur le terrain. Par exemple, Idrissa Seck, on le voit sur le terrain. On l’entend dans les me?dias. Il se repositionne alors que Malick Gakou, on ne le voit et ne l’entend pas », explique le politologue.
A ces objections, Songo Matar Ndiaye re?pond que la politique n’est pas seulement dans les me?dias. Certes, reconnait le secre?taire permanent du Grand Parti, « depuis les le?gislatives, on n’a pas beaucoup entendu Malick Gakou dans les me?dias mais il est tout le temps sur le terrain en contact avec les populations ».
Mieux, assure-t-il, « aujourd’hui, tous les responsables du Grand Parti ont investi leurs bases pour que le jour j nous soyons pre?ts pour faire de Malick Gakou le 5e?me pre?sident de la Re?publique. Nous y travaillons tous les jours avec nos partenaires au sein du pays. Nous y travaillons avec tous ceux qui croient en l’homme et nous pensons que nous allons arriver a? nos fins. »
Nullement convaincu, le Pr Moussa Diaw est d’avis que « sur le plan communicationnel, Malick Gakou a beaucoup de choses a? ame?liorer. Sa communication politique ne passe pas. » Et de de?tailler : « parfois, on a du mal a? comprendre son vocabulaire, sa locution aussi. Et le terme me?diatique, c?a compte e?norme?ment. La maitrise de l’outil me?diatique compte, le discours aussi compte. Il a beaucoup de retard a? ce niveau-la?. Ce qui veut dire qu’il y a un travail de fond a? faire pour que sa communication politique passe tre?s bien »
Pour notre part, nous sommes convaincus que le pre?sident de la Re?publique devra prendre tre?s au se?rieux son ancien ministre du Commerce et des Sports. Ce, malgre? son dernier revers a? Gue?diawaye face a? son jeune fre?re de lait, Aliou Sall, lors des dernie?res e?lections le?gislatives.
Bassirou DIENG
letemoin.net
Malick est ne en 1961. Merci de corriger svp.