Le débat du report de l’élection présidentielle de 2024 a été agité pour la première fois par le candidat déclaré Boubacar Camara. S’en est suivi le ministre Omar Youm, ensuite récemment l’ambassadeur du Sénégal à l’Unesco Souleymane Jules Diop. Balon de sonde ou pas, le président américain Roosevelt disait qu' »en politique, il n’y a pas de coincidence ». Et c’est à juste raison puisque personne n’a oublié que l’origine de l’implosion de leur coalition avec le départ de Sonko et bien d’autres membres, c’est lorsque Boubacar Camara a été reçu par Macky Sall. Si aujourd’hui, ce même Boubacar Camara émet l’idée d’un report de l’élection prochaine, ce n’est pas fortuit. Dans tous les cas, tout laisse croire que les prochains jours seront décisifs pour ce sujet qui risque d’occuper encore le devant de la scène politique. Alors qu’au même moment, le candidat de Benno Bokk Yakaar Amadou Ba est critiqué par les siens, les ajustements nécessaires doivent être apportés pour qu’il puisse conquérir le cœur des sénégalais.
Ces dernières semaines le premier ministre et non moins candidat de la coalition présidentielle rend visite à des chefs religieux et coutumiers oubliant les sénégalais des profondeurs. Alors que ce sont ces derniers qui sont les vrais faiseurs de roi et sa mission principale qui est la conquête et la conservation du pouvoir passe forcément par ces sénégalais. Déjà, certains qui avaient quitté le navire, commencent à revenir à l’image de Habib Niang, reponsable politique à Thies, qui devient son conseiller à la primature. Mais, il doit surtout aller au-delà du « Macky » en allant convaincre le « citoyen » qui ne vote pas à changer d’avis.
L’autre constat qui étonne est qu’on ne sent que le pouvoir. Du camp de l’opposition rien n’est fait pour montrer qu’elle est dans un actif de faire basculer l’électorat de son côté. La non participation de Macky Sall a changé la donne, comme si sa mission était terminée et s’arrêtait juste à barrer la route à sa troisième candidature. Tous ces mouvements et associations que l’on voyait et entendait ont disparu de la scène politique ou sont allés chercher refuge ailleurs.
Pour dire que celà n’engage que ceux qui agitent l’idée d’un report des joutes prochaines, quels que soient leur rang et leur noblesse. Car, on ne voit aucune situation au Sénégal qui ne permet pas d’organiser des élections. D’ailleurs, pas une seule fois, au Sénégal, à ce que je sache, une élection présidentielle n’a déjà été reportée. Et puis, sommes nous vraiment dans une situation d’envisager le report de l’élection présidentielle? Je ne le pense. Ceux qui parlent de « situation de ni paix, ni guerre », doivent certainement se tromper de pays. Le Sénégal de Senghor et de Wade que nous connaissons a toujours été un pays de tensions, nous le savons tous. Et présentement, le pays ne vit pas ce qu’il a traversé en 2011 et pourtant une élection avait bel et bien eu lieu.
Certains te diront même que c’est inscrit dans la constitution sénégalaise que l’élection présidentielle se tient le dernier dimanche du mois de février de la dernière année. Donc le calendrier électoral doit être respecté pour que le peuple puisse s’exprimer.
Aly Saleh