Présidentielle au Niger: l’armée s’écarte mais reste incontournable

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L’armée va rendre le pouvoir aux civils au Niger à l’issue du second tour de la présidentielle samedi, mais elle demeure incontournable dans un pays abonné aux coups d’Etat et confronté à la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

« Promesse tenue »: sur des affiches à Niamey, la junte du général Salou Djibo, au pouvoir depuis le putsch du 18 février 2010 contre Mamadou Tandja, se permet un brin d’autosatisfaction.

Malgré ses fortes dissensions, apparues avec la détention depuis octobre 2010 pour « complot » de quatre hauts gradés, dont l’ex-numéro 2 de la junte, elle aura conduit la transition annoncée. Après le scrutin samedi entre l’opposant historique Mahamadou Issoufou et l’ex-Premier ministre Seïni Oumarou, le nouveau président sera investi le 6 avril.

L’enjeu est de taille pour ce vaste pays sahélien qui, en 50 ans d’indépendance, a été régulièrement secoué par les coups d’Etat.

« Pendant près de deux décennies, s?est développée au Niger une culture de crainte du soldat et de soumission des civils aux militaires », estime Dodo Boukari, professeur de droit à l’université de Niamey.

Depuis le putsch de 1974 qui a chassé le premier président civil du pays, Diori Hamani, les militaires totalisent une vingtaine d’années au pouvoir. Et sur les huit présidents qui se sont succédé, cinq étaient des militaires amenés par des coups d’Etat.

La junte sur le départ avait justifié son putsch par la crise politique née en 2009 de la volonté de l’ex-officier Mamadou Tandja de garder son fauteuil en changeant la Constitution.

« L’armée ne s’est jamais levée un bon matin pour dire +je confisque le pouvoir+, tous les putschs étaient motivés par des menaces sur le pays dues à l’inconséquence de la classe politique », soutient un haut gradé interrogé par l’AFP.

Pour l’ex-député Ali Hachimou, le fait que la junte aux commandes depuis 2010 accepte d’elle-même de s’écarter est « une preuve » que « l’armée nigérienne devient républicaine ».

« Pour protéger la République, il faut créer des instances de dialogue où l’armée doit siéger et jouer un rôle de prévention des conflits », suggère Moustapha Kadi, dirigeant d’un Collectif d’organisations des droits de l’Homme.

D’autant, souligne-t-il, qu' »avec la menace d’Aqmi, on ne peut plus désormais ignorer l’armée dans la prise des décisions ».

L’armée nigérienne est confrontée ces dernières années à une multiplication des rapts d’Occidentaux sur son sol. Quatre Français enlevés en septembre 2010 dans le nord minier restent aux mains des jihadistes.

En février, le Conseil consultatif, une instance en charge de la transition démocratique, a proposé que soient « clarifiées les missions » de l’armée dans un « contexte démocratique et républicain », en souhaitant qu’elle soit « impliquée » dans les activités humanitaires et de développement.

Le général Djibo, qui n’a pas précisé ce qu’il comptait faire après son départ, a lui-même préconisé que les militaires soient « associés » aux actions de développement dans ce pays parmi les plus pauvres du monde.

« S’ils sont proches de vous, peut-être qu’ils éviteront de vous faire des coups d’Etat », a-t-il lancé aux hommes politiques.

Avant le départ des militaires, l’heure est aux promesses, qui ont parfois un air de déjà entendu. En signant lundi un « pacte républicain », les civils ont promis de « respecter la Constitution » que la junte a fait voter fin 2010, et l’armée s’est engagée « à ne jamais remettre en cause la légalité républicaine ».

Mais l’avocat Kader Chaïbou avertit: « les nouveaux dirigeants ne doivent pas oublier que l’armée est une épée de Damoclès sur leur tête ».

AFP

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