Prix de la farine de blé : Les meuniers sont en détresse.

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Ils ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Les meuniers industriels du Sénégal assurent perdre de l’argent depuis la hausse des cours du blé sur le marché international. Ils attirent l’attention de l’Etat sur le fait qu’il ne leur sera pas possible, à terme, de continuer à produire et vendre à perte leur farine. Ils souhaitent donc, à côté des mesures fiscales déjà prises, mais insuffisantes, un réajustement des prix, pour leur permettre de faire face à leurs charges, rapporte LeQuotidien.
La pandémie du Covid-19 et ses conséquences, couplées aux effets des changements climatiques, ont conduit à une hausse drastique du prix du blé sur le marché mondial et les meuniers du Sénégal se retrouvent dans un véritable pétrin. Plu¬sieurs d’entre eux ne cachent plus qu’ils risquent tout simplement le dépôt de bilan, avec des conséquences sociales et économiques inimaginables. Passant de 210 euros (environ 147 mille Cfa) à 325 euros la tonne (près de 213 mille Cfa), le prix du blé a non seulement réduit à néant les marges des meuniers locaux, il les pousse, à l’état actuel, à produire et vendre à perte. Dans une économie rationnelle et régulée, cette hausse des charges aurait dû se répercuter les prix de revient et être partagée avec les autres acteurs de la filière. C’est ce qui se passe par exemple, quand le prix du brut connaît une hausse et que l’Etat réajuste les prix du carburant à la pompe.
Cela s’est aussi passé de cette manière dernièrement avec le sucre. Les distributeurs, qui sont aussi des négociants sur le marché international, ont décidé de manière concertée, de geler l’écoulement du sucre local produit par la Css, pour provoquer une pénurie artificielle. A la suite de quoi, ils se sont tournés vers les pouvoirs publics pour demander un réajustement des prix, afin de leur permettre de ne pas importer à perte. Malgré les cris des industriels et des consommateurs, les commerçants ont fini par obtenir la suspension de la taxe conjoncturelle à l’importation (Tci) pour leur permettre de réapprovisionner le marché du sucre à leurs conditions.
Mais les meuniers ne semblent pas avoir les mêmes capacités d’action. Bien qu’au nombre de 7 grandes unités industrielles, leurs demandes d’augmentation de prix de la farine sont à ce jour, restées lettre morte. Pourtant, l’Etat a compris que ce faisant, il risque de provoquer la mort d’un secteur industriel important dans le pays. Néanmoins, pour les convaincre de ne pas procéder à une hausse du prix de la farine, le gouvernement a annoncé renoncer aux droits de douane et a suspendu la perception de la Tva. Pour les membres de l’Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis), cela est juste un coup d’épée dans l’eau. Comme le font valoir certains d’entre eux, au coût actuel du marché international, la suspension de la Tva et des droits de douane ne rend pas la farine sénégalaise compétitive. «Nous continuons de perdre de l’argent. Outre le fait que nos stocks actuels ont été dédouanés avant la déclaration de l’Etat de renoncer aux différentes taxes, que nous avons donc déjà payées, il y a que même en gardant la Tva et les droits de douane, nous ne gagnons de l’argent.» La tonne de blé coûte, sans les droits de douane, 325 euros. Même si l’Etat n’y ajoute aucune charge supplémentaire, le blé représente, à l’heure actuelle, 91% des charges des meuniers. Un autre patron de minoterie pourra alors s’écrier : «Com¬ment pourrais-je amortir toutes mes charges avec ce que me laisse l’Etat ?»
D’où leur demande de pouvoir ajuster le prix de la farine au taux du marché international. Ils savent que l’Etat, pour des raisons qui lui sont propres, ne pourrait tolérer que le sac de farine revienne à 23 500 Francs. C’est pourtant ce qu’il devrait vraiment coûter si l’on veut garantir la survie des meuniers. Mais ces derniers acceptent de faire encore plus des efforts, pour au moins réduire leurs charges. Ils pensent qu’un sac de farine à 19 300 francs leur permettrait de sortir la tête de l’eau.
Et pour ce qui est du risque, brandi par certains, de voir les boulangers faire de la surenchère pour exiger une hausse du prix du pain, certains meuniers expliquent qu’il pourrait être écarté, si l’Etat laissait, dans ce secteur, appliquer les dispositions règlementaires, qui permettent la fabrication de 3 catégories de baguettes, qui répondent chacune aux besoins exprimés par les consommateurs.

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