Lors du rassemblement de la Société civile à la Place de l’Obélisque pour dénoncer la répression du régime de Jammeh contre l’opposition, un agent de la Nia a été arrêté pour espionnage. Mais il a été relâché hier.
Entre Dakar et Banjul, c’est la guerre des nerfs. Le blocus de la Transgambienne qui asphyxie la Gambie, ajouté au rassemblement de plusieurs organisations humanitaires qui contestent contre la répression politique à Banjul, ne favorise pas le rapprochement des positions entre les deux pays. Lors de la manifestation organisée vendredi pour dénoncer la violence exercée contre les opposants, Yahya Jammeh avait aussi envoyé ses espions pour infiltrer les activistes. Mais une info est restée secrète pendant plusieurs jours : L’attaché Nia à l’ambassade de Gambie à Dakar a été arrêté en marge du rassemblent par la police sénégalaise pour espionnage à l’image d’un Rudolph Abel cueilli par le Fbi en 1957 aux Etats-Unis. Resté en garde à vue pendant trois jours, il a été libéré hier en présence d’un haut responsable de l’ambassade de Gambie à Dakar.
De toute façon, il était impossible de le maintenir en détention malgré le refroidissement de l’axe Dakar-Banjul. La police sénégalaise ne pouvait pas l’inculper parce qu‘il jouit d’une immunité diplomatique. Il reste une seule option : Le Sénégal pourrait l’expulser s’il le désire. Selon certaines indiscrétions, l’éventualité d’une telle décision n’est pas exclue.
Il faut savoir qu’il y a une forte présence d’agents de la sinistre et artisanale Nia à Dakar qui constitue la base arrière d’opposants et de leaders d’opinion gambiens pourchassés par Yahya Jammeh. Dans d’autres pays aussi, le gouvernement Jammeh a intensifié son réseau d’espionnage pour essayer de contrôler ses opposants. En 2013, l’opposant gambien Mahawa Thiam, membre du Conseil national de transition gambien (Cntg) et ministre de l’Environnement dans le gouvernement fantôme dirigé par Cheikh Sidiya Bayo, a été kidnappé à Dakar par des agents de la Nia et conduit vers la Gambie. Ces agissements montrent que Jammeh tient à conserver son pouvoir malgré la pression extérieure et la révolte balbutiante interne. Et la Nia est le glaive de ce système qui tient encore à cause d’une violence exercée sur des populations désarmées.