Regard sur les 7emes jeux de la francophonie à Nice par Amadou Lamine Sall

Date:

REGARD SUR LES 7èmes JEUX DE LA FRANCOPHONIE A
NICE ?

Pour que les jeunes lauréats francophones du concours littéraire des 7èmes Jeux de la Francophonie qui se sont tenus à Nice, ne soient pas vite oubliés, ainsi que tous les autres, et que tout soit mis en œuvre pour leur promotion, j’ai tenu finalement à écrire sur cet évènement exceptionnel qui, à lui tout seul, porte toutes les dimensions de notre espace de langue.
C’est ici l’occasion également de dire combien le prochain sommet des chefs d’États francophones à Dakar, en 2014, revêt une importance fondamentale. Sommet politique certes, mais sommet culturel et créatif comme nous l’espérons également. Le Sénégal symbolisera un tournant décisif, dés lors que c’est ici que sera sans doute connu le nom de celle ou de celui qui succédera à Abdou Diouf. Le choix de cette succession pèsera sur l’avenir de notre communauté. Ceux qui dirigent l’OIF doivent pouvoir tenir en deux mains son destin et non en une seule main. Leur poids intellectuel, au sens large, leur épaisseur internationale, leurs travaux et publications si besoin en était, leur reconnaissance dans le respect de tous, voilà ce que pourrait être le profil de la locatrice ou du locataire de l’Avenue Bosquet dans le 7ème arrondissement de Paris.
En son temps, j’avais souhaité que le fauteuil de notre prestige institution ne soit pas réservé aux chefs d’États à la retraite. Disons le tout de suite: ce n’est pas le Président Diouf qui était visé. J’étais même ému que le destin de cet homme soit à ce point lié au nom de Senghor dont on connait l’histoire avec la naissance de notre communauté de langue. Ce que je ne souhaitais pas, c’est de voir des hommes sans attache, des marchands d’eau de Cologne, pour le dire de cette manière, occuper un poste qui ne leur ressemble pas et pour lequel ils n’auraient que deux semaines d’amour. La politique ne peut pas être la plus grande ressource naturelle de la Francophonie. C’est plutôt la culture qui la remplit. La Francophonie est d’abord, qu’on le veuille ou non, un appétit linguistique, une soif de servir une langue sans renoncer à celle du sein, une brûlure culturelle et artistiquement créatrice, une rage de se nourrir de mots et de fraternités. Mettre autre que des hommes à la coloration politique à la tête de l’OIF, c’est apporter une autre dimension humaine, une autre relation, une autre respiration, une autre sensibilité avec nos locuteurs et les autres peuples du monde. Il nous faut non pas que des décideurs tranquilles, mais aussi des producteurs de savoirs. Il nous faut des machinistes de l’esprit, des diplomates racés, des jardiniers de la pensée que l’amour, la pratique, la science de notre langue ont moulé, que l’avenir de la créativité francophone habite et ronge jusqu’à l’insomnie. Des hommes qui ont fait de la Francophonie une armure, quoiqu’il advienne.
Voyez donc comme la Francophonie a du souci à se faire au prochain sommet de Dakar en 2014 ? Les candidats ne se bousculent pas encore. Mais nous connaissons les dangers contre lesquels il faut se prémunir même si, à la vérité, nos réserves d’indignation comptent peu sur la décision des politiques.
Revenons au bonheur des Jeux de la Francophonie de Nice, évènement de rencontres et de brassages uniques. Ils montrent au monde la fraternité de notre belle et vaste famille unie autour d’une langue qui continue à rayonner malgré les tombes qu’on lui creuse chaque jour. Aussi loin que l’on pourra regarder, la langue française vivra et prospérera. Sa diversité lui assure cette éternité. L’Afrique lui assure des héritiers tenaces. Elle est devenue une langue de métissage et le métissage est l’avenir de notre civilisation. Elle est une langue universelle, parce que langue de l’esprit et langue du cœur. Nous n’avons pas à nous dresser contre l’anglais ou contre toutes autres langues. C’est à la langue française d’être offensive, d’assurer son avenir, de s’assumer. Le Secrétaire Général Abdou Diouf a beaucoup œuvré dans ce sens au sein des organisations internationales et des comités olympiques internationaux. Clément Duhaime, Administrateur Général, a veillé sans relâche à cette présence sentinelle de la langue française. Dans tous les cycles et étages de l’enseignement, comme auprès de tous les jardiniers de cette langue française, les moyens doivent être renforcés. Jamais la langue française ne vieillira, car l’amour ne vieillit jamais. C’est d’un lien obstiné, dont il s’agit !
Par contre, et cela doit être répété jusqu’à l’évanouissement, il n y a pas de Francophonie si les francophones sont interdits de circuler dans notre espace. Si quelque part le Secrétaire Général de la Francophonie sortant en 2014 va laisser une cage vide que son action politique n’a pu cocher, c’est bien de n’avoir pas pu obtenir de la France et du Québec ce consensus autour de la mise en place d’un visa francophone pour les créateurs et artistes, au sens large. Ce n’est pas, certes, pour Abdou Diouf, faute de n’avoir pas essayé. Cette infirmité dont souffre la Francophonie devra être un jour enfin guérie. Pour le moment, l’OIF devrait mettre dans le cahier des charges des Jeux de la Francophonie que tout candidat sélectionné à participer aux Jeux est titulaire d’office d’un visa d’entrée dans le pays organisateur.
En effet, nous savons que les récents Jeux de Nice du 7 au 16 septembre, ont cruellement souffert de cette polémique. Mais osons également dire que la fuite des athlètes d’un certain pays de l’Afrique centrale avant même le début des compétitions, est inacceptable. Ce n’est pas de cette manière que nous aiderons l’OIF et nos gouvernements à résoudre le problème politique de l’instauration du visa francophone.
L’OIF m’a fait l’honneur de me nommer comme président du jury littéraire international lors de ces derniers Jeux de la Francophonie.
Le jury que je présidais était composé de solides personnalités venues du Liban, du Niger, du Congo, de France. Les lauréats, quant à eux, venaient de 23 pays de l’espace francophone. La délibération finale qui a eu lieu à la Bibliothèque Louis Nucéra de Nice, a donné les résultats suivants: La médaille d’or est allée à Guillaume Corbeil du Canada. La médaille d’argent à Edgar Kosma alias de Benoît Dupont de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La médaille de bronze à Kakou Fonou N’guessan Rosine de Côte-d’Ivoire.
Nous avons attribué deux mentions spéciales: Claus Sinzomene de la République Démocratique du Congo et Valérie Cachan du Liban.
Ces auteurs ont fourni des textes forts, novateurs dans leur technique d’écriture et de narration. Ils méritent d’être connus. Je vais m’efforcer, avec leur accord, de mettre leur travail en ligne, afin qu’ils puissent être lus. Nous devons faire circuler le nom des lauréats, les promouvoir, les faire voyager et rendre visible leur création. Ils sont jeunes mais déjà de grands écrivains.
Les prochains Jeux de la Francophonie auront lieu en 2017 à Abidjan. Nous espérons qu’ils livreront au monde de solides jeunes talents africains. La littérature africaine d’expression française a besoin de sang neuf alors que celle d’expression en langues nationales, pour le cas du Sénégal que je connais le mieux, a révélé déjà de magnifiques gerbes, au-delà des graines.
Notons que les Jeux de la Francophonie ne couvrent pas seulement la discipline littéraire, mais nombre d’autres disciplines sportives auxquelles il faut ajouter des disciplines artistiques et créatives dont voici les dix médaillés d’or: la peinture avec Ally Jude Kevin des Seychelles; la sculpture avec Hachem Pascal du Liban; l’art numérique avec Eye See Experience du Liban; le conte avec Stéphane Guertin du Canada; la danse avec Guilili du Cameroun; la chanson avec Jean Jean Roosevelt d’Haïti; les marionnettes géantes avec Ivoire Marionnettes de la Côte-d’Ivoire; le hip-hop avec Speed Idance du Congo Brazzaville; la photographie avec Larvego Elisa de Suisse; la jonglerie avec équipe de France Freestyle.
Comme l’Administrateur Général de l’OIF, Clément Duhaime, a eu l’heureuse occasion de le dire lors de la soirée de gala des lauréats, les milliers de bénévoles des jeux de Nice méritent aussi une médaille d’or. Tout n’a pas été facile dans l’organisation des jeux. Nice a tremblé. Monsieur Mahaman-Lawan Sériba de l’OIF, le Directeur du comité international, a accompli un travail titanesque qu’il faut ici saluer avec l’ensemble des experts qui avant, pendant et après, ont été d’une compétence et d’une solidarité remarquables. Nous sommes heureux d’avoir appris que l’OIF, par la bouche de Monsieur Duhaime, avait mis en place un budget de valorisation et de promotion des différents lauréats des Jeux pour les soutenir et les rendre visibles.
Comme j’ai aimé Nice! Son cossu et gracieux patrimoine architectural et la mer méditerranéenne qui la baigne sous cette émeraude qu’est la baie dite des anges, en font une ville chaleureuse et électrique au-delà des clichés de carte postale.
Le poète n’a pas résisté à ces quelques vers qui parleront à Gorée et à Jean-Louis Roy, l’ébauche d’un poème sans doute à naître demain:
Nice n’est pas une ville
c’est un poème de pierres et de couleurs
un buffet de ciels, de soleils, d’oiseaux, de parfums et de fleurs
Nice n’est pas une ville
c’est un chant bleu de femme
un rêve indigo d’homme
un jour jamais jauni
une nuit caramelle qui refuse l’aube et
qui finit par céder sous la sérénade des soleils
Nice n’est pas une ville
c’est un panier de lavande et de bateaux en partance
un panier de fruits des Caraïbes, d’Arabie, d’Afrique, des Amériques
Nice est une fille de toutes les couleurs offerte aux vents de la mer
et la mer sait voyager…
Que vivent les Jeux de la Francophonie, cette fraternité qui nous laisse tant de souvenirs autour de cette langue française avec laquelle nous avons désormais fait tant d’enfants. Sans compter cette immense vague de solidarité des participants aux Jeux, pour qui le but suprême était de réussir le pari de Nice pour faire honneur à leur propre famille: la Francophonie.
Amadou Lamine Sall
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française

1 COMMENTAIRE

  1. Ecoutez le francais c’est pas notre langue
    on l’utilise que pour travailler et faire passer un message

    Moi je ne défendrai ni l’anglais ni le francais ni le chinois
    mais j’utiliserai qui servira à mes interets et rien d’autre
    si c’est le chinois allons pour le chinois
    et en bas les autres langues

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE