Rentrer de France bredouille ? C’est pas courant…par Madiambal Diagne

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C’est en France, à l’issue de son entretien avec son homologue François Hollande, que le Président Macky Sall a davantage mesuré les limites de son action gouvernementale. Le chef de l’Etat sénégalais était en visite à Paris, pour principalement négocier une aide budgétaire de l’ordre de 200 millions d’euros (environ 130 milliards de francs Cfa). Son ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, avait effectué plusieurs déplacements, dans la capitale française, afin de préparer cette visite et surtout de procéder aux réglages avec Pierre Moscovici, patron de Bercy, des modalités de l’aide budgétaire tant attendue.
Mais après le déjeuner que lui a offert François Hollande vendredi dernier, Macky Sall n’a pu se contenter que d’une réponse diplomatique selon laquelle «les demandes du Sénégal seront examinées». Mieux, Pierre Moscovici renvoie Amadou Kane au guichet du Fmi. Cela jure avec l’enthousiasme avec lequel Nicolas Sarkozy et François Hollande avait accueilli les premières demandes d’appui budgétaire formulées par le tout nouveau chef d’Etat du Sénégal en avril et juillet derniers. Il est vrai, entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Seine. La France se trouve confrontée à une situation économique bien délicate avec un déficit budgétaire que le gouvernement ne peut contenir mais aussi une croissance fortement revue à la baisse. Paris avoue même ne pouvoir satisfaire les critères de convergence de l’Union européenne, une zone engluée encore dans la spirale de la crise économique qui plombe les économies d’importants pays membres comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie. Comme qui dirait, charité bien ordonnée commence par soi-même. Il s’y ajoute que la France se trouve engagée dans une guerre coûteuse au Mali. Les contributions financières annoncées par de nombreux pays tardent à être libérées. L’urgence pour la France est d’en finir avec cette guerre du désert pour s’éviter un enlisement. Aux premiers jours de l’opération «Serval», le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian affirmait, après seulement dix jours d’engagement, que la guerre au Mali avait déjà coûté au trésor français quelque 30 millions d’euros (environ 20 milliards). Seulement, on peut bien dire que la France n’est pas à 200 millions d’euros près !
Le fait que la France traîne les pieds pour fournir une aide budgétaire au Sénégal ne semble pas innocent. En effet, dans le même temps, la France en a accordé à des pays comme le Niger, la Guinée, les îles Comores et l’Autorité palestinienne. Cette attitude de Paris à l’égard du Sénégal traduit une nouvelle dynamique de coopération. La France avait toujours privilégié sa coopération bilatérale avec le Sénégal. La donne semble changer car la France s’inscrit dans une dynamique de coopération dans une perspective multilatérale c’est-à-dire sous le paravent des institutions de Bretton Woods et de l’union européenne. Des conditionnalités sont ainsi fixées par le Fmi, la Banque mondiale et l’Union européenne. Il faut dire que le sort des entreprises françaises au Sénégal mais surtout le fait que les ruptures annoncées par le Président Macky Sall d’avec la gestion de son prédécesseur tardent à se matérialiser, semblent doucher l’ardeur des autorités françaises et des autres partenaires au développement. On recommence à reparler des marchés de gré à gré, de corruption et de passe-droits. La meilleure preuve que les milieux politiques et financiers français jouent la prudence vis-à-vis du Sénégal est illustrée par leur attitude lors de la dernière souscription de bons du Trésor lancée par le gouvernement du Sénégal. Les banques françaises avaient fait le service minimum. La Sgbs s’était gardée de souscrire le moindre centime de francs tandis que sa sœur, la Bicis du Groupe Bnp-Paribas, a minimisé ses risques en ne mettant dans l’opération que 2 milliards de francs Cfa. Le gouvernement du Sénégal se résout en définitive à chercher à lever sur le marché financier les 200 millions d’euros. A quelles conditions ? Le Président Sall pèche par ailleurs par un manque de rationalisation de certaines dépenses publiques. On se demande bien quel est l’intérêt de faire un saut à Boston le 8 mars, pour prononcer une conférence à l’Université de Harvard et retourner à Washington dans le même mois pour y rencontrer le Président Barack Obama.
Des problèmes de perspective de gouvernance se posent au Sénégal. Le gouvernement s’avère incapable de formuler une politique qui rassure les partenaires au développement. Un an après son accession au pouvoir, le Président Macky Sall n’arrive pas encore à donner corps aux réformes institutionnelles qu’il avait annoncées. Aussi, les grands travaux laissés par son prédécesseur souffrent-ils dans leur exécution sans compter que lui-même n’arrive pas encore à en initier de nouveaux. Il devient clair qu’à moins de trois mois de l’échéance prévue, les 2 000 logements sociaux promis ne pourront être livrés d’autant que les modalités de leur réalisation ne sont pas encore fixées pour qu’une première pierre ne soit même posée. De nombreux partenaires au développement se demandent si le Président Macky Sall est véritablement entré dans son costume de chef d’Etat. Toutes les instructions qu’il a données à son gouvernement sont restées lettre morte. Ce sont notamment le recensement des entreprises en difficulté qu’il avait demandé à son Premier ministre le 27 décembre 2012 en lui fixant un deadline au 28 février 2013. Il en est de même de la demande de faire procéder à l’inventaire exhaustif du patrimoine bâti de l’Etat et à faire la lumière sur les opérations de cessions immobilières ainsi que sur les conditions de déclassement de certains actifs immobiliers. Le Président Macky Sall a aussi relevé les manquements notés dans la gestion des parcs automobiles de l’Etat, avec la persistance de la violation de la réglementation sur l’utilisation des véhicules administratifs, les négligences dans l’entretien des engins ainsi que leur usage à des fins autres qu’administratives. La rationalisation des dotations de carburant a été aussi préconisée. Pour l’heure, on constate qu’en Conseil des ministres, le chef de l’Etat continue de parler à des malentendants.

Madiambal Diagne

lequotidien.sn

7 Commentaires

  1. Madiambal a raison sur toute la ligne. C’est un régime d’autistes. Plus grave, c’est le gaspillage de nos maigres ressources qui outre le plus avec les voyages incessants et inutiles de Macky. la rationalisation de la carte diplomatique n’est qu’un vaste leurre. On fera le point de tout celà bientôt et tout le monde s’apercevra que le compte n’y est pas du tout. Macky est nul et doit dégager. Il ne fera qu’aggraver la difficile situation laissée par le vieux président.

  2. Que le Président Macky Sall dont la culture générale laisse à désirer ignore lesd conditions dans lesquelles se débat le Gouvernement Français pour régler ses problèmes budgetaire peut aisément être compris. Le plus granve dans ces déboires subits lors de cette visite, c’est la légèreté avec laquelle le Premier Ministre et le Ministre des Finances ont fait montre en espérant que cette france dont l’économie est en berne depuis quelques années serait en mesure de p^rter des milliards à un pays tiers! Le Président A

  3. Que le Président Macky Sall dont la culture générale laisse à désirer ignore les conditions dans lesquelles se débat le Gouvernement Français pour régler ses problèmes budgétaire peut aisément être compris.
    Le plus grave dans ces déboires subits lors de cette visite, c’est la légèreté avec laquelle le Premier Ministre et le Ministre des Finances ont fait montre en espérant que cette France dont l’économie est en berne depuis quelques années serait en mesure de prêter des milliards à un pays tiers!
    Le Président Abdoulaye Wade l’avait si bien compris qu’il avait opté pour une coopération plus accentuée avec quelques pays émergents et ceux du Golf, ce qui lui permit ci n’est que diplomatique et la demande sera sans suite !
    Pourquoi diantre aller quémander cent cinquante milliards de FCFA, quand on espère récupérer les 2000, voire 4000 milliards que les anciens compagnons de Wade Abdoulaye auraient thésaurisés quelque part dans les paradis fiscaux ?
    Les Sénégalais sont très intelligents, on ne le leur fait pas, comme on dit en Navarre !

  4. La france n’a pas d’argent à gaspiller
    Votre ancien président à volé de l’argent public lui son fils et ses ministres, n’est ce pas?
    Allez chercher cet argent au lieu de venir quemander ici.
    L’argent public français ne se distribue pas comme ça et les gens nommés ici travaillent, tandis qu’au sénégal les gens sont nommés pour distribuer l’argent quemandé.
    Allez assez
    Travaillez et économisez et arrétez de gaspiller

  5. Savez-vous combien de milliards les Ivoiriens ont réussi à avoir auprès des institutions financières il y a moins de trois mois ? – Trois Mille (3000) de FCFA ! On se demande pourquoi le gouvernement de Macky Sall ne ferait-il pas comme faisait l’ancien Président Abdoulaye Wade, avec « l’aide » de Karim et d’Abdoulaye Diop ? Un pays normal sait où se trouve l’argent qui ne demande qu’à être prêté à ceux qui savent rembourser !

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