Résultats provisoires du référendum – Les chiffres et les sentiments

Date:

Le référendum du 20 mars 2016 a livré ses secrets de façon plus précise. Côté OUI, c’est 1 357 412 voix, soit 62,70%. Côté NON, c’est 807 255 votants, représentant 37,29%. Le taux de participation est de 38,26%. Si les acteurs sont unanimes sur les chiffres, les appréciations diffèrent en fonction des camps. Non-adhésion de la population, selon l’une des parties. Bonne résistance face à l’adversité d’après l’autre.

La Commission nationale de recensement des votes a publié hier les résultats provisoires du référendum du 20 mars. Le président de la Cour d’appel de Dakar Demba Kandji n’a pas eu besoin de plus de 2 mn pour livrer les statistiques, tout en précisant qu’elles restent provisoires, puisque la proclamation définitive revient au Conseil constitutionnel. Ainsi, à l’issue du scrutin de dimanche dernier, il a été relevé que sur les 5 709 090 inscrits sur les listes électorales, 2 184 311 se sont rendus dans les 19 644 bureaux de vote à travers le pays. Ce qui fait un taux de participation de 38,26%. Après dépouillement, le camp du OUI s’en est sorti avec 1 357 412 voix, soit 62,70%. Celui du NON a obtenu 807 255 suffrages, soit 37,29%.

Sagar Diouf Traoré, la représentante du camp du NON, estime que le taux de participation est un indicateur assez parlant du rejet des réformes par la population. ‘’Un référendum, depuis que ça se passe au Sénégal, il y a toujours eu une forte adhésion des populations. C’est toujours 90 à 99%. Si aujourd’hui l’on se retrouve avec un taux de participation de moins de 40%, il y a une lecture à faire. L’enseignement qu’il faut en tirer, c’est que la population n’a pas porté son adhésion au projet du Président Macky Sall’’, déclare-t-elle.

En face, on affiche pourtant un sentiment de satisfaction, en dépit de la mobilisation jugée très faible. ‘’Quand on compare le Sénégal de 1963 au Sénégal de 2016, en matière électorale et de démocratie, on fait des erreurs extrêmement graves. En 1963 et en 1970, au Sénégal comme partout en Afrique, les élections étaient gagnées à 99%. Donc, ce n’est pas pareil’’, rétorque Mbaye Ndiaye, plénipotentiaire de la coalition présidentielle. Pour ce qui est de 2001, il soutient que la mobilisation et le pourcentage du OUI de l’époque s’expliquaient par le fait que le Président Abdoulaye Wade venait d’être élu. Il bénéficiait donc de la confiance populaire. ‘’Après la première alternance démocratique au Sénégal, il n’y avait aucune contestation, même le parti socialiste qui venait d’être battu avait appelé à voter Oui’’, rappelle-t-il.

Quant au scrutin de dimanche dernier, le contexte était tout autre, selon lui. « Pour le référendum de 2016, en réalité, c’est à mi-mandat. Quel que soit le président de la République, à mi-mandat, il y a des contestations et des contestataires qui se retrouvent, non pas autour de son bilan, mais autour de sa personne. On a cristallisé l’opinion vers un faux débat sur la personnalité du président de la République avec le « wax-waxeet ». Mais également sur des sujets très sensibles et qui n’étaient pas inscrits à l’ordre du jour par rapport aux quinze points », regrette-t-il.

« Impossible d’avoir 5 millions d’inscrits sur une population de 14 millions »

Ce n’est pas la seule raison, puisque le responsable de l’APR a également repris les mêmes arguments que le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo pour expliquer le taux de participation. Précisant qu’il parle en connaissance de cause, parce qu’ayant été ministre de l’Intérieur, donc chargé des élections, la victime des « Thiantacounes » affirme que ce n’est pas logique qu’un pays de 14 millions d’habitants puisse avoir 5 millions de personnes inscrites sur les listes électorales. « Il y a un stock mort qu’il faudra traiter », souligne-t-il.

Mbaye Ndiaye a en outre appelé à un dialogue entre la majorité présidentielle et l’opposition. D’après lui, il y a des points qui sont inscrits dans le référendum et dont l’application nécessite une discussion entre pouvoir et opposition. « Les hommes politiques doivent faire preuve de responsabilité pour décrisper la tension. Il faut un dialogue dans la mise en œuvre », a-t-il laissé entendre.

Mbaye Ndiaye tacle Abdoulaye Daouda Diallo

« Je n’ai pas compris cette sortie du ministre de l’Intérieur »

Le ministre de l’intérieur Abdoulaye Daouda Diallo a surpris avant-hier plus d’un en proclamant les résultats provisoires du scrutin. Hier, à l’occasion de la proclamation de ces mêmes résultats par la Commission nationale de recensement des votes, les représentants des deux camps ont réagi à ce sujet. Paradoxalement, c’est Sagar Diouf Traoré du camp du NON qui s’est montrée moins critique à l’égard de l’organisateur du vote. « Nous lui laissons la responsabilité. C’est la Commission nationale de recensement des votes qui doit donner les résultats provisoires dans un délai inscrit dans la loi. Si le ministre de l’Intérieur anticipe pour donner les résultats, cela n’engage que lui », lance-t-elle laconique.

Par contre, Mbaye Ndiaye lui, s’est complètement défaussé sur son camarade de parti et successeur au ministère de l’Intérieur. « Il faut continuer à respecter les normes républicaines en la matière. Il y a les commissions départementales qui doivent donner des chiffres, il y a la commission nationale et il y a le Conseil constitutionnel. Je n’ai pas compris pourquoi il y a eu cette sortie du ministre de l’Intérieur pour donner des chiffres. En tout état de cause, je pense que les chiffres sont connus de tous depuis le soir du 20 mars. A partir de ce moment, je crois sincèrement que ce n’était pas utile de le faire, parce que je ne vois pas la nécessité ni pour le pouvoir, ni pour l’opinion », charge-t-il.

EnQuête

1 COMMENTAIRE

  1. Les sénégalais et leurs guides religieux ont aussi été abusés.

    Macky a fait le tour des Sénégal en répétant « 15 points », il a rencontré des guides religieux en répétant « 15 points ». En réalité, aucun des « 15 points » n’a été votés. Ce sont 26 points totalement différents, et qui ont été tus durant toute la campagne, qui ont été votés.

    http://www.jo.gouv.sn/spip.php?article10657

    – Il y a le titre « Annexe Exposé des motifs » (Toute la campagne de duperie du peuple et des chefs religieux est basée sur ce titre. C’est là qu’on trouve les 15 points d’exposé des motifs)

    – Et il y a le titre « Article premier ». C’est là que commencent les choses qui seront votées (et qui l’ont été). On modifie une constitution, donc on vote des articles, et non des « exposés de motifs », ce devait être élémentaire, mais hélas. Et l’article premier liste 18 articles de la constitution qui seront modifiés. On est loin des 15.

    – Puis, il y a le titre Article 2. Il liste 2 titres dans la constitution qui seront modifiés. Cela fait 20 points.

    – Puis il y a le titre Article 3 qui annonce 3 nouvelles lois (25-1, 25-2, 25-3). Cela fait 23 points.

    – Puis il y a Article 4 qui ajoute une loi 66-1 qui crée le HCCT. Cela fait 24 points.

    – Puis il y a Article 5 qui annonce la suppression de 2 articles. Cela fait 26 points. Et ce sont ces 26 points là qui ont été votés, et non les 15 points que Macky est allé expliquer au guides religieux.

    J’ai donc bien des raisons de toujours répéter que le peuple et les chefs religieux ont été dupés. Il y a eu tromperie. Ils ont caché des choses (celles qui seront votées) ils ont expliqué celles qui ne seront jamais votées. Ils ont fait voter le peuple sénégalais ce que ce peuple ignore. Et ils ont travaillé pour que le peuple ne sache jamais ce qu’il allait voter.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

[Images] Rond-point Hann : Un bus tata se renverse, 1 mort et plusieurs blessés notés 

XALIMANEWS-Ces derniers jours, les cas d'accidents de la circulation...

Tragédie à Koungheul : 13 morts dans un accident de la route

XALIMANES-Un accident tragique de la route survenu à Koungheul...