XALIMA NEWS – Le feuilleton Karim Wade à la Crei va-t-il redémarrer sur les chapeaux de roues, en ce lundi 23 décembre 2014 ? Plus d’une quarantaine de jours après la suspension du procès, à cause du limogeage, le 11 novembre dernier, du procureur spécial de la Crei, Alioune Ndao, les audiences reprennent, ce jour, avec la levée des principales chapes qui plombaient l’envol des débats à la Cour. Ibrahim Khalil Bourgi dit Bibo, accusé d’être le principal complice de Karim Wade, est de retour à Dakar, après son séjour en France pour raisons médicales…Un nouveau procureur spécial près la Crei, en l’occurrence le magistrat Cheikh Tidiane Mara, a remplacé celui qui était contesté, dans ses méthodes, par tout le clan libéral et la défense de Karim Wade…Un accusé qui refusait de parler tant que Bibo n’était pas évacué en France et qui a été enfin confronté, vendredi, aux commissions rogatoires envoyées en Hexagone.
Après moult contraintes et facteurs de blocage, le procès de Karim Wade à la Crei reprend ce jour, lundi 23 décembre, après plus de quarante jours de suspension des audiences. Et apparemment, note-t-on, les conditions semblent enfin réunies pour qu’il démarre pour de bon dans cette affaire de traque des biens dits mal acquis qui commence à tirer à longueur. Ibrahim Khalil Bourgi dit Bibo, accusé par la justice sénégalaise de complicité d’enrichissement illicite avec l’ancien ministre sénégalais Karim Wade, est ainsi rentré à Dakar, samedi soir, après un séjour en France pour des raisons médicales. Celui-ci qui comparaissait devant la Crei, couché sur une civière, avait reçu en septembre l’autorisation du Président de la Cour Henri Grégoire Diop pour aller se soigner en France.
L’état de santé du présumé complice de Karim avait en vérité impacté le déroulement du procès, certains des prévenus ayant refusé, en août, de répondre aux questions de la Crei et des avocats de la partie civile, l’Etat du Sénégal. Ils exigeaient la présence de M. Bourgi à toutes les audiences du procès, sans quoi ils n’allaient plus se prononcer. Karim Wade lui-même, accusé de s’être enrichi de manière illicite avec l’argent de l’Etat, à hauteur de 117 milliards de francs CFA, avait choisi de ne pas répondre aux questions de la Cour et de la partie civile, à moins que Bibo Bourgi ne reçoive l’autorisation d’aller se soigner en France. Après avoir reçu une autorisation de 45 jours de la Crei, Bibo Bourgi est revenu pour comparaître ce lundi, à la réouverture du procès Karim Wade, selon les assurances données par son avocat Baboucar Cissé.
L’autre chape de plomb dont la levée pourrait lancer de manière dynamique si défense et partie civile jouent le jeu, au cours de la réouverture du procès, est que désormais, c’est un nouveau procureur près la Crei qui prend en charge l’accusation contre Karim Wade et cie. Le magistrat Alioune Ndao qui avait été le principal accusateur dans cette affaire de traque des biens mal acquis, et dont les méthodes étaient contestées par les Libéraux et la défense, a été remplacé à la hussarde par Cheikh Tidiane Mara. En pleine déclaration de politique générale, l’Etat avait limogé Alioune Ndao que beaucoup qualifiaient d’ennemi numéro 1 des Libéraux dont il avait emprisonné pas mal de leaders dans le cadre de la reddition des comptes. Suffisant alors pour que certaines personnes indexent la volonté secrète du pouvoir en place de donner des gages pour un déroulé plus paisible et moins passionné du procès contre Karim et cie. Cheikh Tidiane Mara, parquetier chevronné capitalisant une expérience professionnelle nationale et internationale, ancien enquêteur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), de mai 1996 à février 2013, est chargé à ce niveau de désamorcer le bras de fer qui plombe le procès à la Crei.
La dernière nouveauté qui pourrait mettre sur les rails le procès de Karim Wade et cie semble enfin, selon des observateurs, le retour des commissions rogatoires envoyées en France. Vendredi dernier, l’ancien ministre d’Etat libéral a déféré à une convocation de la Crei en rapport avec le résultat des dites commissions rogatoires. Selon des informations concordantes, il a été présenté à Karim Wade le résultat de ses fameuses commissions en provenance du Doyen des juges du Tribunal de Grande instance de Paris qui venait d’échoir entre les mains du Président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Henry Grégoire Diop, et ses assesseurs. Une nouvelle donne qui pourrait vraisemblablement donner un coup de fouet à un procès qui tarde à sortir des ses limbes.
Sud Quotidien
Dans ce procès, on est bien dans le fond du dossier, non ? Jules Diop nous disait que la CREI détient des preuves irréfutables. On comprend que c’est parce que les gens se disaient que la CREI n’a aucune preuve. Jules Diop nous disait donc qu’au procès, « attendez-vous à voir et entendre autre chose que ce que vous avez lu jusque là dans la presse ». Autrement dit si votre conviction est bâtie sur ce que vous avez lu jusque là dans la presse, sachez qu’il y a autre chose. Or, à la date d’aujourd’hui, qu’avez-vous vu ou entendu de nouveau dans le procès et que vous n’auriez pas lu dans la presse ?
En 2002, Latif Coulibaly disait: » Karim a volé des milliards » avec comme seules preuves sa plume, sa haine et ses objectifs politiques. Et Karim répondait: » Ce sont des accusations mensongères, sans fondement ». Et le peuple, arbitre, se disait qu’il n’est pas possible de se faire une certitude, parce que c’est son père qui est au pouvoir.
De 2002 à 2012, les Jules Diop, Madiambal, Yakham, Dansokho, Bathily ont continué de répéter « Karim a volé des milliards » et Karim a continué de répéter » ce sont des accusations mensongères ».
De 2012 à 2014, le travail médiatique a été fortement renforcé par un procureur qui est allé en conférence de presse crier « Karim a volé des milliards » et Karim de répéter « Accusations mensongères ».
Si dans ces conditions on arrive à un procès, que doit on attendre de ce procès ? Les mêmes sempiternelles « Karim a volé des milliards » et « accusations mensongères » ? Vous conviendrez avec moi qu’on doit attendre de ce procès ce que Jules Diop nous avez promis. Ce qui, dans tous les pays du monde, est appelé « pièces à conviction ». On attendait du procureur spécial, on attendait des avocats de l’état, après « Karim a volé des milliards » et « accusations mensongères » qu’ils nous disent « voici le document qui met fin à vos dénégations », « voici l’objet qui prouve que vous êtes des complices », « voici le matériel qui affirme que vous avez volé », « Voici la pièce qui atteste que vous possédez telle chose ».
On attend d’un tribunal des éléments, des objets, du matériel, qui nous fait passer de la phase affirmative et subjective à la phase scientifique et objective. On attend d’un procès la matérialité qui met fin au narratif. Le procès ne peut être un prolongement, dans le Palais de Justice, des tournures de phrases de politiciens en campagne électorale.
Et pourtant entre 2002-2012 et 2014, l’état a dépensé pas moins de 10 milliards en honoraires, frais de mission, émoluments d’experts, et commissions rogatoires. Vous conviendrez avec moi, qu’on ne se déplace pas du Sénégal à Monaco pour aller chercher une belle phrase. On y va pour chercher des éléments matériels. On se déplace à Singapour pour avoir du matériel et non pour y chercher un beau parleur. L’état a donc payé 10 milliards pour réunir du matériel pour un procès. Au procès, ce devait donc être du matériel.
Malheureusement, à la date d’aujourd’hui, au Tribunal, le procureur remplace un Dansokho politique, un avocat remplace un Latif, un autre avocat remplace un Jules Diop; et avec les mêmes moyens: la belle langue, la haine bien affichée (même si c’est du théâtre) et leurs objectifs politiques. Alors qu’on est en procès (en 2014), la situation est la même qu’en 2002. Les politiciens affirmaient que Karim a volé (eux, on les comprend), la CREI continue à affirmer que Karim a volé, alors que l’état a dépensé 10 milliards pour qu’on dépasse l’étape des affirmations.