Le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, a déclaré mardi n’avoir exercé aucune pression sur le procureur du tribunal régional de Matam (Nord), lequel accuse sa hiérarchie de vouloir influencer une enquête qu’il mène sur des actes de violence présumés avoir été commis par des politiciens proches du régime. « Lorsqu’on parle de hiérarchie dans le secteur judiciaire, le garde des Sceaux n’a rien à voir avec cela. Je n’ai pas de contact avec le procureur de [Matam]. Je n’ai pas été saisi des [pressions] dont la presse fait état », s’est défendu M. Kaba.
Il s’entretenait avec des journalistes, en marge d’une cérémonie de signature d’un accord de coopération liant l’Etat du Sénégal à l’Union européenne.
« Aucune correspondance ne m’a été adressée par le procureur de [Matam]. Et je n’ai pas non plus reçu, pour le moment, une lettre du procureur général me faisant état de la situation à Matam », a dit le ministre, un avocat de profession.
Selon des journalistes basés à Matam, le procureur du tribunal régional, Cheikh Diakhoumpa, a déclaré que sa hiérarchie tentait d’exercer sur lui une « pression » pour l’empêcher d’enquêter sur des actes de violence mis sur le dos de responsables de l’Alliance pour la République (APR), le parti au pouvoir.
Farba Ngom, un député élu de l’APR, a tiré des coups de feu en l’air lors d’une bagarre de militants de ce parti. Le mis en cause doit répondre jeudi à une convocation du procureur de Matam.
Mamadou Mory Diaw, maire de cette ville et membre également de l’APR, a été entendu lundi par le procureur, pour les heurts en question.
« La justice, ça ne se fait pas dans la rue. […] Le procureur de Matam a comme hiérarchie directe le procureur général. Mais la justice est une institution, avec un mode de fonctionnement, des règles et de la déontologie. Lorsqu’il y a une infraction, le procureur de la République doit en informer sa hiérarchie », a commenté Sidiki Kaba, en présence de responsables de la délégation de l’Union européenne au Sénégal.
« Qui que vous soyez, lorsque vous êtes convoqués par la justice, si vous n’y répondez pas, vous y serez contraint […]. Le mis en cause, le député Farba Ngom, répondra devant la justice. Une immunité [parlementaire], ce n’est pas l’impunité. Il répondra. Sinon, il y sera contraint », a soutenu M. Kaba.
« C’est une certitude absolue. Mais lui-même (Farba Ngom) a déjà dit qu’il répondrait. Donc, il répondra à la convocation du procureur », a ajouté le ministre de la Justice.
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