Silence, on s’amuse !

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– Le climat médiatique est assurément à la gaudriole. A considérer les « Unes » de nos quotidiens et les écrans vides de sens de nos télévisions nationales comme privées, on a du mal à croire aux vertus éducatives de la presse et aux missions d’éveil des populations des entreprises de presse et de télévisions. Un embouteillage sur la corniche ouest avait été créé par la présence au niveau du rond-point de l’Université du lutteur Zoss au volant de son 4×4, aux portes du temple du savoir, ce qui déjà était en soi navrant. On se demandait si Souleymane Bachir Diagne sortant de la fac aurait suscité un tel embouteillage. Assurément non !!! C’est ainsi que va le Sénégal.

Mais on se souvient aussi du même coup qu’il n’y a guère de temps, notre ministre de l’éducation nationale, depuis lors remercié d’ailleurs, avait fait la tournée des écoles, le jour de la rentrée des classes en compagnie du lutteur Modou Lô, pour le montrer en exemple aux jeunes élèves. Un comble !!! On a imaginé alors les jeunes élèves prenant au mot cet insouciant ministre et saluant la maîtresse à la récréation pour aller à la plage de Diamalaye commencer à faire des exercices de musculation, puisque c’était, hélas, le modèle de réussite qu’on proposait à leur réflexion.

Et si on reste les yeux rivés sur nos écrans de télévision, on s’apercevra très vite qu’il y a actuellement à peu près une soixantaine d’heures de télé hebdomadaires consacrées à la lutte et à ses nouveaux héros sur nos chaînes et bien sûr aux séances de tam-tam télévisées mais pas une seule heure annuelle consacrée à l’éducation et au civisme. De qui se moque-t-on ? Et on nous serine à longueur de journées qu’on veut ériger un « nouveau type de citoyen » ? Avec un muscle dans la tête et deux cerveaux dans les biceps peut-être ? Passées les bornes de la bêtise, il n’y a plus de limites.

La maldonne se confirme lorsque nos quotidiens s’y mettent, ne relatant que ce qui fait le buzz, à savoir la lutte, les intronisations loufoques de deux « Serigne Dakar », les soupirs des épouses de Balla Gaye, les manœuvres politiciennes des uns et des autres qui nous plongent, les tribunes de Sidy lamine Niasse que tous les Sénégalais auront d’ailleurs remarquées, les résurrections d’hommes politiques à qui on tend une perche, alors que rien n’a été fait de tangible depuis plus d’un an en pleine campagne électorale anticipée.

Amuser la galerie sert aujourd’hui de programme politique. C’est ainsi. Niasse pour un an au perchoir ou cinq ans ? Cela pèse quoi dans notre état de sous développement ? Idy 4° ou 5° président de la République, quelle importance en ce jour ? Mais bien sûr nous dira t-on, il faut vendre des journaux !!! Mais il faut continuer à faire saliver nos « titrologues », ceux qui lisent nos journaux accrochés sur une corde à linge dans la rue.

Et pendant ce temps, les patrons de presse attendent avec impatience une aide à la presse qui tarde à tomber ; on se demande d’ailleurs si continuer à la distribuer directement dans sa forme actuelle, est opérant. Le débat est en effet soulevé de savoir s’il ne faudrait pas plutôt une aide indirecte. D’autres questions fusent. Qui doit être journaliste, patron de presse ? Quel niveau faut-il avoir ? Faut-il continuer à embastiller les journalistes ou simplement taper là où ça fait le plus mal, le portefeuille ? Autant de bonnes questions qui ont été posées.

Tenez et si on décidait que ceux qui vont désormais bénéficier de l’aide à la presse, seront désormais ces média qui consacreront plus de temps au traitement de l’info d’utilité publique : éducation, santé, environnement, etc… Ce sera sans doute un bon début puisque certains quotidiens ou chaînes de télé se sentiront très vite à l’étroit et abandonneront d’eux-mêmes, la partie.

Bref passons, mais avouons que 20 quotidiens pour un tel vide sidéral d’informations, c’est beaucoup trop. On comprend Alassane Ouattara qui a réduit de 44 à 9 le nombre d’entreprises de presse, du fait qu’elles ne répondaient pas du tout aux besoins du débat démocratique qui sied à une société qui se remet en questions.

Il a fait le ménage, de façon drastique allant avec sa serpillière nettoyer le contenu et surtout la gestion de ces quotidiens dont seuls quelques uns respectaient la convention collective des journalistes et surtout exigeaient d’eux la compétence et le niveau. Il semble que notre nouveau code de la presse s’y attèle aujourd’hui et que bientôt une salvatrice éclaircie viendra illuminer les pages noircies de turpitudes de nos journaux gavés d’aides à la presse pour la plupart imméritées. Pour une nouvelle démocratie, nous devons avoir le courage de faire nôtre cette maxime : « On efface tout et on recommence » !!!!

Le seul hic est qu’on a les lecteurs qu’on mérite, et ceux-ci ont été biberonnés à coup de lutteurs de viols et de voleurs à la une. Pour les intéresser à de saines et productives problématiques, il faudra faire preuve de beaucoup de talent. Et il n’y a pas besoin de 20 quotidiens pour ça. Mais juste d’un ndeup collectif.
Nettali

2 Commentaires

  1. Très bel article de Nettali, Bravo! Il était temps que quelqu’un en parle. De la lutte, encore de la lutte et toujours de la lutte, c’est vraiment dommage! C’est seulement au Sénégal que l’on voit trois chaines de TV voire 4 montrer le même événement à la même heure et en direct, svp!

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