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Togo : Tikpi Atchadam, l’homme qui rêvait de faire tomber le président Gnassingbé

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Tikpi Salifou Atchadam, leader du Parti national panafricain (PNP), n’a pas de mandat politique mais il fait trembler les responsables togolais depuis plusieurs semaines. Portrait d’un opposant redouté.

La simple évocation de son nom suffit à rassembler les foules. Encore inconnu sur la scène internationale il y a quelques semaines, Tikpi Atchadam est devenu la figure de proue de la fronde togolaise depuis la violente manifestation du 19 août 2017, au cours de laquelle il a appelé la population à défier le régime. À 50 ans, ce juriste et anthropologue de formation a bouleversé l’échiquier politique togolais, paralysé par une opposition divisée, enlisée dans un dialogue stérile avec le pouvoir.

C’est aussi lui qui a appelé les Togolais à rester chez eux vendredi 25 août dernier pour protester contre le régime du président Faure Gnassingbé, six jours après que des manifestations ont violemment été réprimées. Depuis, il ne désarme pas. Le parti qu’il a fondé, le Parti national panafricain (PNP) et d’autres forces d’opposition du pays, appellent désormais à observer une journée « Togo mort », le 29 septembre, en mémoire des personnes tuées lors des manifestations des 20 et 21 septembre 2017.

Un objectif : faire tomber Gnassingbé

L’opposant togolais n’est pas non plus arrivé là par hasard. « Quand on a été, comme lui, un leader estudiantin à l’université de Lomé, on a tous les atouts pour percer en politique », confie l’un de ses proches dans les colonnes de Jeune Afrique. Avant de créer le PNP en 2014, le jeune homme est séduit par les discours de l’opposant Tavio Amorin. Mais l’assassinat de son modèle politique en 1992 ne lui laisse pas le temps de se rallier à sa cause. Après un court passage au Parti démocratique pour le renouveau (PDR) qui s’allie à la majorité présidentielle, Tikpi Atchadam quitte un temps la politique pour découvrir l’Europe. De retour au Togo, il revient avec une obsession chevillée au corps : mettre fin à la dynastie Gnassingbé qui règne sans partage sur le pays depuis 1967.

Ses détracteurs reprochent à l’homme au visage lardé de scarifications de la communauté tem, des propos agressifs emprunts de revendications ethniques. « Quand je remplis un stade, ceux qui viennent m’écouter ne sont pas tous des Tem de Sokodé », récuse l’intéressé. Le tribun n’a qu’un seul dessein : voir le retour à la Constitution de 1992. Le gouvernement a en effet mis le feu aux poudres dans son projet de révision de la Constitution. Le texte, qui prévoit de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, n’est pas rétroactif, comme le réclame l’opposition. Car cela permettrait à Faure Gnassingbé, à la tête du pays depuis 2005, de se représenter en 2020 ainsi qu’en 2025.

« Son pouvoir vient de la rue »

L’impétueux homme politique, qui sait haranguer les foules, est originaire du Nord. Un détail qui n’en est pas un au Togo. Aux côtés de l’opposant politique historique, Jean-Pierre Fabre, l’ »infatigable » homme du Sud, les deux responsables politiques peuvent désormais à eux seuls réconcilier toutes les parties du pays pour mettre à bas le régime.

Unis contre le pouvoir, les deux hommes font front commun, même si Jean-Pierre Fabre, qui tient sa légitimité des urnes, reste l’opposant officiel. Son parti, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), est le parti d’opposition qui détient le plus de députés à l’Assemblée. Le PNP d’Atchadam ne dispose, lui, d’aucun élu. « Son pouvoir vient de la rue », explique Francis Kpatnindé, professeur à SciencePo Paris, interrogé par France 24.

Cette alliance de circonstance reste fragile. « Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces deux chefs d’opposition ne s’entendent pas, poursuit l’enseignant. Ils défendent chacun leur chapelle, c’est un penchant universel ». Porté par le succès populaire, Tikpi Atchadam n’a pas d’ailleurs l‘intention de mener toute sa carrière dans l’opposition. « Au fur et à mesure des entretiens que j’ai pu avoir avec lui, j’ai senti naître en lui des velléités présidentielles », rapporte la journaliste de France 24, Emmanuelle Sodji.

Une situation qu’il paye au prix fort : craignant pour sa sécurité, l’opposant ne se déplace jamais sans sa horde de gardes du corps. Une dizaine d’hommes en uniforme noir et rouge veille sur lui nuit et jour. « Quand on veut, comme moi, balayer un régime qui régente le Togo depuis 1963, on doit s’attendre à tout », a-t-il déclaré à Jeune Afrique début août.

« C’est véritablement la première fois que le pouvoir togolais est en alerte », abonde Francis Kpatindé. En attendant, l’homme continue sans relâche de mettre le pouvoir en difficulté.

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