- LA MORT DE GEORGES FLOYD –
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
Nous sommes tous en colère !
L’Amérique, les USA s’entend, est une nation que nous respectons car
nous n’oublierons jamais qu’elle nous a fait marcher sur la lune. Pourquoi alors
une telle nation qui a tant donné au monde, nous fait marcher depuis longtemps
et toujours dans les larmes, le deuil, le sang, la violence ? Cette Amérique qui
nous a fait tant rêvé a des enfants qui, chaque jour, touchent de la tête les étoiles
par la force de leur esprit créatif, inventif et prodigieux. Comment peut-on
monter ainsi au ciel et y descendre si vite dans la boue, la mort, l’injustice ?
Georges Floyd était un fils Noir de cette Amérique ! Il ne voulait que
vivre dans un pays où la liberté est un drapeau. Ce drapeau est tombé. Il y a
longtemps qu’il est tombé. Il y a longtemps qu’il est en haillon. En Amérique la
sécurité publique tue. Oui, la police assassine et elle assassine devant les
caméras, comme si elle narguait la justice, les lois. Il y a longtemps qu’elle le
fait et elle le fait sans peur, presque avec délectation, avec un appétit effrayant.
Et le silence suit, rien que le silence, les longues nuits, les longs jours, les
longues années de silence et d’impunité. Et des pères, des mamans, des familles
marqués à jamais moins par l’assassinat de leur enfant que par le mépris de la
justice qui a suivi et qui acquitte les meurtriers. Les émeutes n’y changent rien.
Le ciel finit toujours par devenir devient bleu.
L’Amérique est infidèle à ses rêves. Infidèle à l’idéal d’humanité.
Infidèle au siècle qui l’accueille. Ce pays n’est pas un pays. C’est la mort. C’est
une tragédie. Obama n’y a rien changé. Il a subi et il est parti. Obama était un
leurre. Obama était un accident. Obama était une étoile filante. Obama était un
miracle et les miracles se répètent peu. Le cercle s’est vite refermé. Le cycle
attend d’autres siècles. La Maison blanche reste blanche.
Aussi loin que l’on puisse se souvenir, l’Amérique a porté son colt,
monté fougueusement son cheval, exterminé ceux qui, les premiers, l’ont
fondée. La voiture a remplacé le cheval mais le pistolet est resté. L’Amérique
n’est pas belle. L’Amérique est un malheur. L’Amérique c’est la misère des
laissés-pour-compte. L’Amérique c’est la dictature des riches et des Blancs.
L’amour semble y être toujours intéressé. Les “usines du rêve” y vendent une
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fausse vie, des utopies dévastatrices. Dieu n’y met jamais les pieds. On lui
mettrait très vite une balle dans la tête.
Les Noirs comme hier les Indiens autochtones n’y sont vraiment libres que
quand ils sont dans un cercueil. L’Amérique est une impunité déraisonnable.
L’Amérique est marchande. Elle monnaye tout. Jusqu’à la fraternité.
L’Amérique n’est pas un pays. C’est une arène glaciale. L’Amérique c’est la
maladie de l’argent, du profit, de la vanité, de la quête aveugle de puissance.
Certes, elle a eu des Chefs d’États admirables et légendaires, mais ils sont
souvent passés sous les balles des tueurs. L’Amérique est libre, mais cette
liberté sait être mortelle. Le visage du genoux de l’Amérique sur le cou de
Georges Floyd est sauvage, gluant, sec, cruel, injuste et laid. Cette Amérique-là
ne rebroussera pas chemin de sitôt. Le Diable y a élu demeure.
L’Amérique est dans l’Amérique. Elle n’en sort pas. Elle ne se voit pas.
Elle ne voit pas les graines de la mort et de la haine qu’elle sème. Et les hautes
herbes sont arrivées qui lui ferment l’horizon. Le seul horizon de l’Amérique
c’est l’Amérique. Silence, on tue ! Ce n’est pas cela l’Amérique que nous
aimons et dont on dit qu’elle est fille de la liberté. Cette fille est horrible. Cette
liberté est empoisonnée et lépreuse. Elle ne sert que le mal !
Que personne ne vienne douter de notre respect et de notre admiration pour
une nation que nous n’aurions jamais imaginé tribale et meurtrière. Mais il y a
trop de sang dans le fossé. Ce n’est pas cette Amérique-là que nous aimons. Elle
doit revenir à ce qui faisait d’elle une noble et belle nation : la justice. La liberté
y est devenue une impunité. Entre la justice et la liberté, nous choisissons la
justice. La mort de Georges Floyd est un assassinat en direct. Il est insultant et
immoral de qualifier cet acte d’homicide. Plus insultant et révoltant encore
quand on classe un tel acte au 3 ème degré. Il est temps de déconstruire le système
mental raciste américain. L’Amérique doit cesser de captiver le regard du monde
sur une Amérique rien que funéraire. Elle vaut plus. Elle le peut. Do it !
L’Amérique a réussi à être tristement singulière, alors qu’elle est née
plurielle, c’est à dire accueillante et fraternelle et métisse. La violence y a donné
hélas trop d’enfants. La société industrielle y a produit de grands accidentés de
la vie. Revenons à l’amour et au respect de la vie humaine. La paix née d’abord
de la paix en soi. Que puis-je espérer de l’Amérique si après m’avoir tout donné,
une balle m’attend au coin d’une rue à toute heure, car l’entêtement de tuer est
plus fort que le désir d’humanité ? Il s’y ajoute une police d’État qui assassine
en sonnant la trompette pour que nul ne manque la scène de crime !
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La mort de George Floyd n’est que la continuité durable et effrayante
d’une impunité dans une Amérique où la liberté de tuer est ouverte.
L’Amérique doit venir au secours de l’Amérique avant qu’il ne soit trop tard !
Comme tout cela est désespérant et bien triste !