À l’âge de deux ans, Mario Barwuah, est adopté par les Balotelli, une famille italienne de Brescia. Dix-neuf ans plus tard, Balotelli est devenu Super Mario, un joueur fantasque et énigmatique qui fascine en Italie. Auteur du doublé victorieux face à l’Allemagne, en demi-finale de l’Euro jeudi, l’attaquant est au centre de toutes les discussions ce jeudi. Mais pourquoi toujours lui ?
« Why always me ? »
Italie-Allemagne, demi-finale de championnat d’Europe, 19e minute de jeu. Antonio Cassano envoie un centre sur la tête de Mario Balotelli qui propulse la gonfle au fond des filets (1-0 pour l’Italie). Tout à sa joie, « super Mario » exulte et court dans tous les sens.
Vingt minutes plus tard, l’attaquant de Manchester City double la mise (2-0 pour l’Italie) et assomme la Mannschaft. La célébration n’est plus la même. Balotelli retire son maillot, bombe le torse et toise la foule d’un air hautain, semblant clamer Moi c’est Mario, toi t’es qui ?
Voilà deux scènes qui résument parfaitement le personnage Balotelli. Qui est vraiment le joueur italien d’origine ghanéenne ? Est-ce que quelqu’un le sait seulement ? Balotelli est une énigme. Comme lors de ce match face à Manchester United où il avait laissé apparaître ce message sur un tee-shirt, sous son maillot : « Why always me ? ». On cherche encore l’explication…
Mario Balotelli c’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde. À la fois capable de marquer les buts les plus incroyables et de commettre les pires frasques.
Le complexe de Peter Pan ?
Avant le début de l’Euro, son agent avait tenté d’avancer un début d’explication, expliquant que Mario Balotelli était un peu comme Peter Pan. Des propos que n’avait pas vraiment goûté le joueur. « Je pense que c’est une métaphore pour la personne Mario, pas pour Mario le footballeur. Je pense que je suis un homme – je ne crois pas avoir besoin de le dire, mais je le suis ».
Mouais. On serait plutôt de l’avis de son agent. Car à 21 ans, Balotelli est clairement encore un grand gamin.
Deux exemples :
– Mars 2011, Mario Balotelli tourne en rond dans les couloirs du centre d’entraînement de Manchester City. Il ne sait pas quoi faire. Soudain, il aperçoit, par la fenêtre, des jeunes du centre de formation qui se dirigent vers un terrain d’entraînement. Ni une ni deux, l’ami Mario décide de les viser avec des fléchettes pour s’amuser. Interrogé par la commission de discipline du club, il expliquera, rétrospectivement, qu’il « s’ennuyait » !
– Octobre 2011, Mario Balotelli et ses amis s’ennuient, encore. Ce qui n’est jamais bon signe. Ils décident alors d’allumer des feux d’artifice dans la salle de bain de la toute nouvelle maison du joueur. Résultat, le premier étage prend feu et les pompiers sont appelés en catastrophe… par les voisins.
On pourrait continuer encore pendant longtemps, la liste des « ballotelades » est longue comme les bras de LeBron James… On vous glisse, quand même, la mythique scène de la chasuble.
mario balotelli a un probleme avec son chasuble par lebordeauxlais
Ingérable Mario ?
Le problème avec Mario Balotelli, c’est qu’il est aussi fantasque sur le terrain qu’en dehors. L’attaquant de Manchester City respecte rarement les consignes de ses entraîneurs, est parfois d’une nonchalance confondante et est bien connu pour ses « sautes d’humeur » qui en font l’attaquant qui a reçu le plus de cartons du championnat d’Angleterre.
Le 10 avril dernier, il avait été suspendu trois matches par la Fédération britannique de football pour une affreuse semelle sur Alex Song, un joueur d’Arsenal. Roberto Mancini avait alors déclaré que son joueur était « indéfendable ». On croyait alors Balotelli définitivement perdu pour la cause. Mancini déclarant, notamment, que son attaquant ne jouerait plus de la saison et qu’il était sur la liste des joueurs « transférables » à la fin de la saison…
Et puis, les circonstances ont un peu changé les choses. Encore mené à quelques minutes de la fin par Queens Park Rangers, lors de la dernière journée du championnat d’Angleterre, Manchester City était sur le point de perdre son titre de champion. Pragmatique, Mancini relance Balotelli. C’est ce dernier qui va subtilement glisser le ballon à Aguero pour le but de la victoire, celui du titre.
C’est aussi ça Mario. Un joueur au talent tout aussi grand que son ego. Une combinaison rare de puissance, technique et vitesse. Auteur de 13 buts en seulement quatorze titularisations cette saison. Auteur de trois buts dans cet Euro, il est non seulement le meilleur buteur de la compétition (avec Ronaldo et Muller) mais il égale aussi le record de buts pour un joueur italien dans une phase finale d’un Euro.
Mario la victime
Seul joueur d’origine africaine de la sélection italienne, Mario Balotelli a été très rapidement confronté au racisme. Pour certains cela peut, en partie, expliquer les écarts du joueur. À l’époque où il jouait encore à l’Inter Milan Balotelli était fréquemment la cible de cris de singes dans les stades. Il l’a aussi été en Europa League, au Portugal, cette année.
Pendant l’Euro, Balotelli a de nouveau été victime d’attaques racistes. Lors du match face à la Croatie, les supporters adverses ont lancé des cris de singes et même une banane à l’attaquant de la Squadre Azzura. Des attaques qui sont mêmes venues de son pays. Le grand quotidien sportif italien La Gazzetta dello Sport a représenté, dans une caricature, Mario Balotelli en King Kong.
La caricature en question représente Mario Balotelli tel King Kong ayant conquis l’Angleterre, accroché à Big Ben, entrain de frapper dans des ballons de football. Le journal s’est depuis excusé auprès du joueur.
Une star ordinaire malgré tout ?
Cette question peut faire sourire. Mais Balotelli est très populaire en Italie et en Angleterre auprès des enfants. À Manchester, surtout. Contrairement aux autres joueurs, il va manger et boire des bières dans des pubs de quartiers populaires et va à la messe, toutes les semaines, dans une église de quartier.
Une anecdote résume assez bien cette facette du personnage. En mai 2011, Balotelli signe des autographes à des fans. Il remarque un enfant dans le lot et lui demande pourquoi il n’est pas à l’école. L’enfant lui explique qu’il ne va plus à l’école parce qu’une brute l’y maltraite. Balotelli décide alors d’embarquer le gamin et de foncer à son école. Il demande à voir le directeur et le garnement en question. Il joue les médiateurs entre les deux enfants et fait promettre à la brute de ne plus recommencer.
Mario, c’est aussi un enfant qui va célébrer la victoire de l’Italie, jeudi, en allant directement « claquer » deux bises à sa maman adoptive. Un peu comme tout le monde en fait.
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