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DAKAR Il y a le Sénégal des pauvres, il y a le Sénégal des hooligans qui caillassent et s’étripent pour un petit match de « leumpeulois » de la cité comme celui de samedi au stade Demba Diop entre Khandalou de Rebeuss et Grand Médine, il y a le Sénégal des riches, celui de la caste dorée qui se la coule douce, déployant et déroulant à la face d’un peuple fatigué ses lambris et parures sous les projecteurs d’une télévision nationale, en présence de ministres de la République dont le Premier d’entre eux, Abdoul Mbaye, s’exerçait non sans casse mercredi dernier à expliquer aux Sénégalais les raisons de la très difficile situation de leur pays lors d’une conférence de presse kamikaze .

Un véhicule KIA Torento acheté à 42 millions de francs CFA par l’industriel Jean Claude Mimeran pour la fondation de sa dame à l’occasion de la vente aux enchères organisée dans le cadre d’une soirée privée pour des oeuvres de bienfaisance, quoi de plus normal dans un pays souverain, civilisé, démocrate et libre !

Il est heureux que dans ce Sénégal, de telles manifestations puissent être organisées pour répondre à des question sociales ponctuelles, comme ce fut le cas par exemple pour la solidarité aux sinistrés des dernières inondations. Il faut s’en féliciter, au contraire. L’on dira alors : « mais où est le problème ? »

Le problème est justement ce fossé séparant une certaine tranche socialement intégrée de la population d’une autre composée d’exclus montrée crûment par la RTS, quelques heures après de chaudes empoignades ensanglantées au stade Demba Diop, entre bras jeunes et armés de colère et de folie des quartiers défavorisés de la capitale. La fracture sociale !

Quelques jours seulement après les explications du Premier Ministre sur l’héritage alambiqué de la gestion des affaires étatiques du précédent régime, et juste après les reportages informant sur les graves blessures d’une cinquantaine de personnes et sur les dégâts matériels causés par les damnés de la fracture sociale, les Sénégalais ont découvert sur leur télévision cet autre Sénégal si éloigné d’eux.

Un Sénégal si riche, si insouciant et si courtisé par les ministres de la République qui ne ratent aucune des soirées mondaines, trébuchantes et sonnantes, oubliant au demeurant qu’ils peuvent quitter les lieux une fois l’ouverture officielle prononcées comme ils savent si bien le faire lors des travaux qu’ils président les matinées.

Mais enfin !

Il y a eu le pouvoir de Wade dans lequel l’argent (sale ?) a circulé à gogo, il y a celui de Macky Sall où l’on découvre tous que les 2300 milliards de budget ne sont qu’une vue d’esprit libéral, un attrape nigaud.

Il y a la réalité d’un Sénégal d’en bas qui vivote et s’étripe pour prouver son existence et sa soif d’en découdre, il y a le Sénégal d’en haut de plus en plus riche.

Il y a une nouvelle race d’individus enrichis par les détournements et coffres-forts élargis à coup de grues et d’enterrement dans les champs et autres abris au lendemain de la défaite libérale, il y a une RTS qui doit apprendre à céder la place aux chaîne privées quand il s’agit d’argent qui coule à flot entre les mains des riches.

C’est une question de morale. Putain !

Par Charles FAYE
asi24.info

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