C’est donc Jacques Habib Sy, Directeur exécutif de « Aid Transparency« , une organisation non-gouvernementale qui se bat pour la bonne gouvernance et l’éthique dans la gestion publique, qui vient d’être nommé Délégué général à l’Organisation du Sommet de la Francophonie.
Ce docteur en communication, qui a joué un rôle remarquable dans les Assises nationales, aura la lourde tâche d’accueillir, en 2014, le prochain sommet de la Francophonie. Un hommage juste et légitime pour un pays qui, en plus de faire briller la langue française sur la scène internationale à travers ses diplomates, ses hommes de culture et de lettres, est aujourd’hui l’une des plus solides démocraties du continent africain.
Ce choix est également une fine fleur à Léopold Sédar Senghor, l’un des pères de la Francophonie et surtout à Abdou Diouf son successeur à la président de la République du Sénégal et qui achèvera justement en 2014 son troisième et dernier mandat de Secrétaire général de la Francophonie. Malgré tout, Senghor va certainement grincer des dents, lui dont le principal adversaire n’était autre que le professeur Cheikh Anta Diop, mentor de Jacques Habib Sy, qui tenait d’ailleurs « Taxaw« , le journal de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), alors dans la clandestinité.
Disciple de Cheikh Anta Diop
Dans son blog, sus la rubrique «Quelques repères dans la pensée politique». M. Sy écrivait, à propos de son défunt leader les lignes qui suivent : «Cheikh Anta Diop peut être considéré comme l’antihéros du monde politique de l’Afrique contemporaine. Pendant quarante ans, cette forte figure du terroir Bawol Bawol a ramé parfois seul à contre-courant de la formidable machine de destruction de l’impérialisme culturel occidental. Malgré la grande classe qui caractérise sa pensée et son action politiques et l’impact considérable qu’ils ont eu sur la scène politique africaine et africaine-américaine des trente dernières années, l’héritage politique considérable légué par ce grand homme d’Etat à la postérité reste largement méconnu d’une grande partie du public. C’est à lui de restituer le formidable potentiel qu’il présente pour l’action immédiate et la bataille stratégique pour la construction des Etats-Unis d’Afrique en un ensemble fédéré réellement indépendant, démocratique, prospère et non-aligné que s’emploient modestement et très imparfaitement les pages qui suivent…».
A Dakar dans deux ans, parlera-t-on enfin de la langue française? Car à Kinshasa, où s’est déroulé du 12 au 14 octobre dernier, le 14ème sommet de la Francophonie, les dossiers politiques ont accaparé les 26 chefs d’Etat et de gouvernement. Il est vrai que la partition du Nord-Mali et la rébellion dans l’Est de la République démocratique du Congo, qui menacent la stabilité des deux régions concernées, étaient dans tous les esprits et sur toutes les langues.
Pour la réussite du quinzième sommet de la Francophonie, Jacques Habib Sy, homme à poigne, intellectuel exigeant et théoricien rigoureux est appelé à la barre des enjeux et des résultats. Assurément, à côté du ministre de la Culture, Abdoul Aziz Mbaye, il va jouer le rôle le plus concret de sa vie professionnelle: la réussite de cette messe linguistique et politique aussi bien au niveau de l’accueil, de l’organisation que de la participation.
SERIGNE MOUR DIOP
