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Banda Diop, maire de la Patte d’Oie : «Cissé Lô ne peut affaiblir le Ps dans notre commune»

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«C’est un non-évènement.» C’est la réponse ironique du maire de la Patte d’Oie, Banda Diop, à Moustapha Cissé Lô qui milite désormais dans cette commune. Ce proche de Khalifa Sall minimise la force du responsable apériste : «Il a été défait à plusieurs reprises dans sa localité d’origine.» Dans cet entretien, l’édile socialiste évoque le scandale immobilier près du Stade Senghor, la marche de la mairie et le référendum.

Quelle lecture faites-vous du référendum avec la victoire du «Oui», après que vous avez voté «Non» ?
Le premier enseignement que je tire du référendum est le fort taux d’abstention. Pour moi, c’est un grand signal envoyé aux politiques. Je maintiens ma position qui était d’appeler à voter «Non». Si c’était à refaire, j’aurais la même attitude. Ma position d’antan avait été motivée par une succession de faits, comme le principe du reniement du président de la République. Je n’ai pas compris pourquoi Macky Sall a fait autant d’années pour utiliser une procédure qu’il aurait pu faire dès son accession à la magistrature suprême.

Aujourd’hui, dans votre commune, est-ce que vous ne souffrez pas d’un problème de légitimité après la victoire du «Oui» ?
Le référendum n’est pas une élection locale, présidentielle ou législative.

Pouvez-vous nous expliquer ce signal ?
Ce signal, c’est le dépit et le mépris que les populations ont manifestés aux politiques que nous sommes. Le premier enseignement devrait même être tiré par les initiateurs de ce projet. Je ne suis pas sûr qu’on ait atteint les 40% de taux de participation. Je pense qu’on est aux alentours de 35%. En tant qu’homme politique, cela me laisse perplexe et m’inspire une introspection.

Pour vous, quel enseignement le pouvoir devrait tirer de ce référendum ?
Ecoutez, si vous êtes élu par 65 ou 70% des électeurs en 2012, quatre années après, vous faites un projet de réformes constitutionnelles et obtenez 35% de taux de participation, il faut se demander pourquoi les gens sont restés chez eux. En ce qui me concerne, je n’ai pas la réponse à cette question. Mais j’ai tiré des conclusions : c’est de rester au service exclusif de mes populations, d’être à leurs côtés et de répondre à la forte demande sociale.

Beaucoup de chantres du «Non» comme Khalifa Sall, Barthélemy Dias et autres ont perdu leur fief. Quelle lecture en faites-vous ?
Je ne partage pas votre avis. Un référendum ne peut pas faire perdre un fief à un homme politique. C’est impossible. C’est une question qu’on pose et il faut répondre par «Oui» ou «Non». Dire que nous avons perdu nos fiefs est très évasif et très précipité. Si je me présentais aux Locales de 2019 pour le fauteuil de maire et que les résultats soient comme ceux du référendum, ce serait ma personnalité qui serait en jeu. Au référendum, ce n’était pas la personnalité du maire de Dakar qui était en jeu ni celle de Barthélemy Dias…

Le député Cheikh Seck demande la démission des maires socialistes battus durant le référendum…
Il est très mal placé pour dire de tels propos. D’abord, Cheikh Seck n’est pas une référence pour moi. Je suis désolé de le dire, mais je ne porte aucune caution sur les propos qu’il est en train de servir aux citoyens. Je pense que le parti gagnerait à avoir des canevas de communication assez standard qui donnent les positions du parti.

On vous considère comme un pro-Khalifa. Est-ce le cas ?
Je ne sais pas quelle signification donne-t-on à ce mot «proche». En tout cas, si c’est parce que c’est le maire de Dakar et que je suis dans le Conseil municipal de Dakar ou si c’est parce que c’est lui le secrétaire général des Socialistes du département de Dakar, je conforte cette thèse. L’un dans l’autre, je sais que c’est quelqu’un avec qui j’ai les meilleurs rapports de travail. Pour moi, Khalifa est un grand frère qui est en train de faire d’excellentes choses à la Ville de Dakar.

C’est quelqu’un que vous allez appuyer par exemple pour qu’il soit le candidat du Ps à la Présidentielle ?
On n’en est pas encore là. Au Ps, on a l’habitude de passer par des Primaires pour choisir un candidat. C’est le cas avec Ousmane Tanor Dieng à deux reprises. On va utiliser le même procédé pour désigner un autre candidat.

Vous semblez exclure Tanor de la course pour 2019…
Non, je ne sais pas s’il sera candidat ou pas. Mais si les militants le désignent, on sera tous derrière lui. Mais 2019 est encore loin.

Dans votre parti, il y a deux camps qui se dégagent : L’un pour un candidat issu des rangs du Ps et l’autre pour que ce soit Macky Sall dans le cadre de Bby. De quel camp êtes-vous ?  
Je me fie à ce que le Comité central a dit, c’est-à-dire que le parti aura un candidat. Maintenant, que d’autres pensent que ce sera une candidature dans le cadre de Benno bokk yaakaar, c’est leur opinion. Mais nous étions dans le cadre d’un Comité central du Ps et non de Benno bokk yaakaar.

Donc pour vous le candidat doit être un Socialiste ?
Le candidat du Ps sera choisi par les militants socialistes.

Après ce référendum, Moustapha Cissé Lô, qui a perdu à Touba, a décidé de militer à la Patte d’Oie. Son arrivée n’inquiète-t-elle pas le Ps communal ?
Moustapha Cissé Lô m’a fait l’amabilité de demander à me rencontrer. Malheureusement, cela n’a pu avoir lieu parce que j’avais un agenda très chargé. J’ai énormément de respect pour tous les hommes politiques. Il y a beaucoup de réalités dans notre commune. Je me félicite qu’il ait choisi de militer à la Patte d’Oie. Mais pour moi, sa venue est un non-évènement.

Sur le plan politique, on sait qu’entre le Ps et l’Apr, ce n’est la bonne entente au niveau de la base…
Le Ps et l’Apr sont dans le cadre d’un partenariat. Je pense de l’arrivée de Cissé Lô ne peut pas affaiblir le Ps qui a une histoire dans cette commune. Même si j’ai beaucoup de respect pour lui, je rappelle qu’il a été défait à plusieurs reprises dans sa localité d’origine. Pourquoi il a décidé de militer à la Patte d’Oie ? Lui seul peut donner ses raisons, mais il faut savoir que la Patte d’Oie est une commune qui compte des hommes de valeurs.

Dans votre commune, il y a quelques mois, des conseillers se sont rebellés pour dénoncer l’«opacité» de votre gestion. Quelles réponses servez-vous par rapport à ces accusations ?
Je réponds par les actes. J’ai une formation qui ne m’autorise pas à avoir certaines considérations. L’institution que j’ai l’insigne honneur de diriger est basée sur des textes. C’est un code qui organise nos conditions d’être au niveau de la commune. Nous sommes gérés par le principe de l’unicité des caisses. Autrement dit, nous sommes sous la tutelle de l’Administration centrale. Aujourd’hui, le silence a fini par donner la bonne version. On ne peut pas diriger une institution et avoir une gestion opaque qui échappe à la justice et aux décideurs de ce pays.

Mais le ministre de la Gouvernance locale, Abdoulaye Diouf Sarr, vous aviez servi une mise en demeure…
Ce n’était pas très élégant. Je pense qu’en tant que collègue maire, on pouvait discuter. Servir une mise en demeure à une autorité municipale, je ne pense pas que cela soit dans les prérogatives du ministre de Gouvernance locale.

Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter des travaux situés aux alentours du Stade Léopold Senghor ?  
A un moment donné, les gens étaient venus construire sans autorisation de construire et j’avais arrêté les chantiers. Cet arrêt ne remettait pas en cause leur position de propriétaires. Les dossiers sont actuellement en instruction. Si ces instructions sont régulières et que toutes les prescriptions d’urbanisme sont respectées, nous ferons notre devoir.

Donc, les travaux vont reprendre ?
Je ne peux pas dire qu’ils vont reprendre parce qu’aucune autorisation de construire n’a été signée. Ce que je peux dire, c’est qu’à un moment, les travaux se sont déroulés avec des autorisations de construire caduques. En tant que maire, j’ai fait une sommation d’arrêt. Aujourd’hui, il faut reprendre les procédures. Si elles ont été régulières, nous prendrons nos responsabilités.

Mais ces chantiers ne compromettent-ils pas la sécurité du stade ?
La sécurité du stade est gérée par le ministère des Sports. Nous avons un stade de dimension nationale. Je ne peux pas me prononcer parce que cela ne relève pas des charges de la commune. C’est au gouvernement d’apprécier et de se prononcer sur cette question. Il faut poser la question au ministre des Sports, Matar Bâ.

Est-ce que vous collaborez avec les autorités du Stade Léopold Senghor dans la gestion de cette infrastructure sportive ?   
La collaboration pourrait être approfondie. Les responsables du stade sont des autorités déconcentrées tandis que nous, nous sommes des autorités décentralisées. Il y a des normes qui organisent les compétitions nationales et internationales. Mais je peux dire qu’en termes de retombées financières, nous n’avons aucune recette du stade Senghor. Quand il y a des matchs internationaux, c’est souvent exonéré. Depuis un moment, le stade n’abrite plus de combat de lutte ou d’autres activités qui ne sont pas organisées par la Fédération sénégalaise de football.

Quels sont vos projets pour améliorer la cadre de vie du quartier de Grand Médine qualifié aujourd’hui de «poudrière» ?
Je n’aime pas le terme «poudrière». Grand Médine est un quartier déterminant pour la commune de Patte d’Oie. Nous avons des projets identifiés pour la restructuration du quartier. Nous collaborons dans ce sens avec le ministère de Renouveau urbain, du cadre de vie et de l’habitat et la Ville de Dakar. Nous-mêmes, en tant que commune, nous allons apporter notre contribution aux travaux. C’est un projet où on sent l’implication de la Patte d’Oie. Mais c’est un projet sur lequel le gouvernement doit donner des explications. Je ne pense pas qu’une commune qui peine à payer des salaires puisse avoir les coudées franches pour conduire un projet de cette envergure.

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