Bruno Derneville, président du Pac : «Le régime de Macky Sall a profondément déçu»

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Bruno Derneville invite le Président Macky Sall à libérer Oumar Sarr pour «pacifier» l’environnement politique. Le leader du Parti pour l’action citoyenne (Pac) constate que le régime actuel a «profondément déçu».

Quelle lecture faites-vous de l’arrestation de Oumar Sarr ?
L’affaire Oumar Sarr est judiciaire dans la mesure où il y a des débats d’ordre juridique. La question est : peut-on l’incarcérer ou non ? Je crois que Oumar Sarr a eu des mots déplacés, il n’en est pas à sa première. Il faut que nos hommes apprennent à avoir le langage mesuré qui doit être celui d’hommes d’Etat. Dès lors qu’on parle de séparation des pouvoirs, on doit accepter que l’autorité judiciaire puisse se saisir d’un tel dossier. On sait que les différents pouvoirs ne sont pas si indépendants que cela. C’est un constat qui est malheureux et on est obligé de faire avec. Cependant, le chef de l’Etat a tout à gagner à pacifier le cadre politique en libérant Oumar Sarr pour pouvoir aborder la ligne droite avant les élections qui, je l’espère, auront lieu en 2017.

Son arrestation relève-t-elle de l’arbitraire, comme le pensent certains ?
Je ne suis pas un homme de droit, mais je suis d’abord respectueux de la loi. D’ailleurs, nous avons déposé une demande de récépissé qui a duré trois ans dans les circuits de l’Etat. Personne n’a jamais eu à nous entendre  faire des manifestations comme certains hommes politiques l’ont fait pour obtenir leur récépissé. Ce qui montre que nous prêchons par l’exemple. Quelles que soient les difficultés que nous vivons, la mauvaise qualité de notre Adminis­tration, on est obligé de supporter la situation. Lorsqu’on dépasse les bornes, on est obligé de sortir dans la rue comme ce fut le cas le 23 juin. Mais nous pensons que nous avons une Adminis­tration qui fonctionne cahin-caha. L’idéal serait que cette Administration soit différente avec des procédures claires connues de tous, transparentes. C’est ce qui pourrait garantir le développement du pays. Malheu­reu­sement, ce n’est pas le cas. Tout le monde sait que notre Administration est politisée. Donc, je ne connais pas le fond du dossier et, par conséquent, je ne pourrais pas dire que cette arrestation a un fondement juridique. Ce que je constate, c’est qu’il semble qu’il y ait des incohérences. On nous parle de flagrant délit et d’une saisine d’un juge d’instruction. Dans un tel cas, on n’a pas besoin de juge d’instruction. Je crois qu’il y a quelque chose à revoir. Ce qui me fait penser plus à une démarche politicienne qu’autre chose.

Que pensez-vous de l’affaire Lamine Diack qui aurait dit avoir financé l’opposition pour combattre Wade à partir de l’argent des Russes ?
Cette question pose le problème de la morale en politique et celui du financement des partis. Si je prends l’exemple de la Côte d’Ivoire, le Président Ouattara a eu la mansuétude de donner un cachet de 100 millions à chacun des candidats à la Présidentielle. Je pense que cela été bien accueilli par l’opposition et a permis plus ou moins à chacun de faire campagne. En revanche, au Sénégal, on n’a non seulement renchéri la caution mais les pouvoirs qui se sont succédé n’ont rien fait pour qu’il y ait une pluralité de candidats. J’espère que les personnes qui auront été clairement indexés en tireront largement des conséquences au bout de l’enquête parce que c’est extrêmement grave. Mais il est grand temps de financer les partis qui ont une certaine représentation et qui, autant que possible, s’évertuent à faire vivre la vie politique de ce pays. Les modalités de ce financement doivent faire l’objet d’une discussion ouverte à toutes les parties prenantes. Je pense que si on arrive à avoir un financement réglementé, on doit pouvoir dépolitiser notre Administration et permettre aux technocrates de participer à la performance économique. Tant que nous aurons une Administration moribonde, nous continuerons d’avoir de la corruption à haut niveau et une mauvaise utilisation des deniers publics. Les références se perdent à vive allure et nous ne savons plus à quel saint se vouer. Il est grand temps qu’il y ait une nouvelle race d’hommes capables d’assumer des responsabilités politiques. Le régime de Macky Sall a profondément déçu. J’ai participé à sa campagne au second tour de la Présidentielle en espérant que le Yoonu yokkuté allait changer le cours des choses, mais  je constate comme tous les autres Sénégalais que la réalité est tout autre.

Dans quel courant politique peut-on situer votre parti qui a obtenu son récépissé à la vieille de la Tabaski ?
Nous ne nous positionnons ni à droite ni à gauche ; ni capitaliste ni socialiste. On peut dire que nous sommes proches du libéralisme parce que nous avons une doctrine citoyenne. Nous incitons les citoyens à avoir un engagement total au service du développement du pays.

Le Quotidien

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