Au début très remontés contre le maire de Dakar qui les avait déguerpis du centre-ville et recasés au Champ de courses, les marchands ambulants avaient promis de le sanctionner aux prochaines Locales. Mais, aujourd’hui que les Dakarois ont renouvelé leur confiance en Khalifa Sall, ils voient en lui un homme qui travaille et demandent des mesures d’accompagnement pour leur marché.
A l’ancien Champ de course devenu le lieu de recasement des marchands ambulants, l’ambiance est plutôt morose. Un calme plat y règne, légèrement perturbé par un son de récital de Coran distillé par un portable sous mode haut-parleur. Sur les lieux, un soleil brillant, dardant ses rayons conquérants, a fini d’obliger les vendeurs à se refugier sous les huttes. Il y a environs quatre mois, une bonne partie de cette population encombrait les rues de Dakar.
Ils étaient devenus par la suite de farouches adversaires du maire Khalifa Sall. Ce dernier les avait déguerpis du centre-ville et des Allées du centenaire. Sous le coup de la colère, ils lui avaient promis des représailles aux prochaines élections locales. Pourtant, le résultat sorti des urnes dimanche dernier est diamétralement opposé à la tempête promise. Aujourd’hui, les révoltés d’hier semblent revenir à de meilleurs sentiments, le réalisme ou le constat d’échec l’emportant sur les intérêts.
Assis sur une petite table, écouteurs dans les oreilles et chapelet à la main, Mbaye Ngom, d’une franchise déroutante, reconnait que ce qui jadis ressemblait à une opération contre les ambulants est en réalité un travail pour l’intérêt de tous, ‘’y compris les marchands’’. Il déclare : ‘’la vérité, c’est que nous étions dans l’illégalité. La rue n’est pas faite pour vendre. C’est le marché qui est le lieu indiqué. Il est vrai que le travail de Khalifa Sall fait des heureux et des malheureux, mais les Sénégalais ne sont pas dupes. Ils connaissent celui qui travaille. S’il ne change pas sa façon de faire, il va encore gagner les prochaines élections’’.
Ce discours de Mbaye est pratiquement celui de la quasi-totalité des commerçants interrogés. Sur une quinzaine, il n’y a que deux qui ne partagent pas cette vision. Regroupés autour du jeu de Lido, Khadim Lo et ses camarades abondent dans le même sens. ‘’J’ai été à Centenaire, pourtant j’ai voté pour Khalifa. Il ne suffit pas de me laisser dans la rue pour que je vote pour vous.
Je regarde celui qui travaille. Maintenant, je demande que le marché soit construit (que la partie exposée au soleil soit couverte) et qu’on fasse venir tout le monde ici. Que la marchandise de ceux qui résistent soit saisie’’, a-t-il suggéré. Une dame de teint clair renchérit : ‘’en tant qu’habitant de Centenaire, nous sommes contents, parce qu’avant, on ne pouvait pas organiser des cérémonies chez nous. Il suffit d’effleurer un tablier pour qu’il t’insulte. Il faut demander à Khalifa d’accélérer la cadence. Il a été réélu par les Dakarois et non les marchands ambulants qui n’habitent pas Dakar’’, déclare-t-elle, sourire aux lèvres.
Cars rapides ou clandos
A quelques enjambées, la dame Maty Ndiaye et le vieux Djibril Sène, deux vendeurs qui fréquentent le marché Sandaga depuis des années. La première s’affaire autour de ses légumes, le second somnole presque, devant un étal sans provisions. Tout en saluant le travail du maire qui, ‘’contrairement au préfet de Dakar’’, leur a trouvé un lieu de refuge, il demande tout de même qu’il y ait une diligence dans la reconstruction du marché Sandaga, afin que les commerçants retrouvent leur place.
Quant à ceux qui ne partagent pas la même vision, ils expliquent leur position par le fait qu’ils ont perdu beaucoup d’argent depuis qu’ils ont quitté le marché. Ahmadou Bamba Gningue, étalant sa forte corpulence sur une console, a l’air fatigué. Il se plaint : ‘’depuis quatre mois, je vis de mes économies’’.
Serigne Mbacké Cissé lui emboite le pas : ‘’pendant les mois que j’ai fait ici, j’ai perdu 600 000 FCFA’’. Le vieux Sène ferme la boucle. ‘’Tout ceux que vous voyez ici sont des vendeurs, il n’y a pas d’acheteurs’’. En fait, et c’est une question sur laquelle tout le monde se retrouve, le marché est enclavé. Il n’y a pas de transport en commun pour y conduire les clients.
Plein d’étals restent désespérément vides. Certains d’entre eux sont abandonnés par les propriétaires après quelques jours de commerce infructueux. ‘’On ne peut pas avoir une dépense de 2000 FCFA et vouloir payer un taxi à 1000 francs. mieux vaut s’arrêter au marché le plus proche. A défaut de ‘cars rapides’ ou bus, qu’il y ait au moins des clandos, pour qu’avec 100 F, les gens puissent venir’’, plaident-ils à l’unanimité. Un ensemble d’exigences qui renforceraient davantage l’attractivité du marché que les occupants trouvent déjà meilleur que la rue.
L’Enquête
Article faux. Trop cousu de fils blancs.
Est-ce un hasard si les villes les plus désordonnées, les plus sales, où règne la plus grande insécurité sont son Afrique noire ? Pourquoi les villes des pays du Maghreb : Maroc, Tunisie, Algérie, et celles des pays d’Amérique du Sud et Latine sont aussi ordonnées que celles d’Europe, malgré leurs maigres moyens ? Si on mettait 50.000 Sénégalais, toute classe sociale confondu dans ces villes, leurs comportements ne transformeraient-elles pas ces dernières en villes Sénégalaises avec leurs lots de bordels ? Il n’ y a pas que des pays riches dans le monde, les autres pays sont ordonnés, avec des villes agréables!