Comment Ousmane Tanor Dieng s’est-il retrouvé dans cette situation ? (par Karfa S. Diallo)

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Haine et ambition. La haine dirigée contre un chef qu’on entend punir. L’ambition contrariée aux moyens illicites.

Mes oreilles n’en croyaient. Mes yeux écarquillés des contorsions qu’il a fallu faire subir à l’écran de mon portable pour m’imprégner des images de la violente réunion du parti socialiste.

L’état de sidération qui nous laissé figés, depuis l’annonce du référendum, nous a conduit, tout le week-end, à regarder l’incident violent de la maison du PS comme une suite logique d’événements.

Il a fallu se secouer pour prendre véritablement conscience de ce qu’il se passait sous nos yeux. Un attentat politique, une scène de guérilla dans le cœur de l’un des partis politiques les plus puissants et les plus organisés d’Afrique, dans cette maison du parti socialiste portée, depuis 1963, sur les fonts baptismaux par feu le président-poète Léopold Sédar Senghor, dans une sorte d’accélération historique dans la vie d’un mouvement presque centenaire.

Il y avait, cependant, tout sauf de la poésie.

Pendant plusieurs centaines de minutes se sont succédé injures, coups de poings, chaises volantes, jets de pierre, empoignades, crachats, bruits de bottes, lacrymogènes et pour atterrir vers deux bolides aux couleurs opposées : 4/4 blanc pour un Khalifa Sall altier et protecteur et Mercedes noire pour Ousmane Tanor Dieng qui quittera la maison du PS poursuivi par le vindicte de militants décidés à en découdre.

Il aura donc fallu cette longue séquence, dans cette matinée du samedi au cœur d’un Colobane qui s’éveillait à peine, pour saisir l’étendue du danger qui menace plus que le parti socialiste. Il existe dans les partis politiques sénégalais, mais surtout au PS, une violence politique, malsaine et périlleuse, de plus en plus indifférente au respect et désireuse de s’affranchir de toute déférence, et qui a rompu définitivement avec les valeurs prônées par les pères fondateurs.

Elle a sa vie. Ses féroces certitudes. Ses impulsions. Sa folie. Et surtout la haine. Une haine dirigée contre des adversaires qu’on entend punir et humilier car incapable d’admettre la contradiction politique et d’user de voies régulières que l’éducation et la démocratie permettent de porter pour réaliser son projet et son ambition. Cette violence, qui avance par métastases, se propage souterrainement, gagne peu à peu tous les partis politiques. Voilà pourquoi la guérilla dirigée contre Ousmane Tanor Dieng, ne concerne plus seulement ce parti socialiste, mais devrait être compris comme un ultime signal pour le pays tout entier.

La souffrance du lion à l’étoile rouge de cinq branches

Ousmane Tanor Dieng n’a pas eu le loisir de caresser l’emblème de son parti. Ni le lion, ni l’étoile rouge à cinq branches n’ont pu recevoir la ration mensuelle que leur procure celui qui préside aux destinées de ce parti depuis le mémorable congrès ordinaire du 30 mars 1996. Réélu à la tête du parti depuis le 5 juin 2014, l’ancien tout puissant directeur de cabinet du président Abdou Diouf est celui par lequel le PS assiste impuissant à sa désagrégation. De scrutins en scrutins, les militants de ce parti assistent médusés à des orientations, des choix stratégiques et des positions tactiques qui plongent leur puissant parti dans le gouffre de la banqueroute politique.

De sa contestée promotion au poste de secrétaire général par l’ancien président Diouf à l’alliance pour le « Oui» au référendum constitutionnel prochain du 20 mars, en passant par les départs fracassants de nombre de figures historiques (Moustapha Niasse, Djibo Ka, etc) et la dégringolade électorale du parti aux dernières élections présidentielles de 2007 et 2012, Ousmane Tanor Dieng n’a jamais vraiment faire corps avec un parti qui doute définitivement de sa capacité à lui faire retrouver les ors du pouvoir.

Bousculé par l’appétit légitime d’Aissata Tall Sall et de Khalifa Sall, par les incohérences d’une alliance qui n’a pas empêché le parti au pouvoir d’investir des candidats contre des maires PS aux dernières élections locales et par la détermination froide d’une jeunesse militante excédée, Ousmane Tanor Dieng vit une fin de carrière politique pour le moins tumultueuse.

« Ousmane Tanor Dieng veut vendre notre parti à Macky Sall et cela nous ne l’accepterons pas »

Pour certains militants, le « Oui » accordé au référendum du président Sall est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Qui pourrait leur donner tort ? Même si les méthodes violentes utilisées sont aux antipodes de l’éducation et des valeurs de débat nécessaires à la démocratie sénégalaise.

Incapable de se départir de cette sorte de morgue caractéristique, Tanor comme l’appellent ses partisans, n’a pas seulement décidé de soutenir le référendum proposé par le président Macky Sall et son parti, il a aussi semblé mépriser la position des partisans du « Non ». Ainsi, devant le chef de l’Etat, venu présider la dernière réunion des leaders de l’alliance Bennon Bokk Yaakar, celui- ci, qui fréquente le palais et est de tous les voyages présidentiels sans aucun statut officiel, tempêtait « Nos adversaires font dans le crypto-personnel, dans l’amalgame en évoquant l’homosexualité. Ils utilisent ces arguments parce qu’ils n’en n’ont pas du tout…Le Président Macky Sall a fait tout ce qu’il pouvait faire pour respecter sa parole. Il ne faut donc pas continuer à nous culpabiliser…C’est irrationnel de voir ceux qui ont élaboré les réformes constitutionnelles de la CNRI dire qu’ils vont voter Non».

Incapable de passer la main, avalant couleuvre après couleuvre, celui qui, soutenait au lendemain de sa réélection comme secrétaire général « il ne me semble pas bon qu’on puisse laisser la possibilité à la transhumance de s’installer dans le cœur politique. Il faut réfléchir à ce que sur le plan institutionnel les gens ne puissent plus vaguer ou divaguer d’un régime à un autre, d’un parti à un autre. », est soupçonné de vouloir entraîner le parti socialiste et ses jeunes leaders dans une défaite aux allures d’alliance inacceptable pour ces derniers qui viennent de sonner l’hallali.

KSD

senenews.com

5 Commentaires

  1. Belle analyse.;

    Mais il y a aussi de l ‘agitation puérile dans certains agissements et manipulations de la masse .

    L’héritage du PS après Senghor et Diouf.!!!???
    Qui aurait fait mieux entre 2000 et aujourd’hui , Djibo Ka, Niasse, A. Makhtar DIop, Mamadou Diop le maire !!?
    Non. Certains de ceux là auraient fait pire. Ne soyons pas naifs.

    Avec tout le mérite qu’on doit lui reconnaître, Tanor est plus proche du point d’inflexion et n’a rien à perdre.
    Par contre, tous les jeunes responsables demain peuvent se retrouver avec un parti affaibli..

    Cela n’est pAs souhaitabe pour la démocratiE sénégalaisE.

    Vive L’AFRIQUE

  2. L’entêtement même de Tanor à vouloir obtenir un OUI officiel à présenter à Macky est révélateur de bien des choses cachées. Le PS n’a pas procédé à des élections primaires pour pouvoir que la majorité a voté OUI, et donc le PS est pour le OUI; ou la majorité a voté NON, et donc le PS est pour le NON. Il est donc évident que dire que le PS est pour le OUI, ou que le PS est pour le NON, serait un mensonge. Toute annonce d’une position du PS pour le OUI ou pour le NON serait un mensonge. Et pourquoi tenait-il à avoir un mensonge à présenter à Macky ?
    D’autre part, avant même l’annonce de Macky, Tanor lui avait dit de ne pas respecter sa promesse de faire 5 ans. Lorsque Macky a annoncé son parjure, Tanor a déclaré officiellement qu’il le soutient. Avant, pendant et après le rafistolage pour produire un texte pour le référendum, Tanor a toujours répété un gros OUI à Macky. Ignorons exprès certaines vérités, pour supposer qu’il est secrétaire général du PS parce qu’il y détient la majorité. Mais alors, dés lors pourquoi cet état des choses ne suffit pas à Tanor ? Pourquoi cela ne suffit à Macky ? Pourquoi Tanor a t il besoin d’un officiel faux OUI du PS, avec tous les risques ? Surtout pourquoi, pour le OUI, Tanor a t il besoin du PS ce que Macky n’a pas eu de l’APR (selon des journaux de la place, des responsables d’APR voteront NON, sans que l’APR ne convoque un bureau politique pour leur imposer un OUI) ?
    Deux raisons justifient ce besoin de Tanor:
    – Pour des intérêts personnels et non ceux du PS, Tanor a besoin d’un OUI officiel du PS (même faux) à vendre à Macky.
    – Macky Sall, face au référendum et à toutes les prochaines élections à venir, se comporte comme un gamin à qui les parents ont annoncé qu’il ira demain à l’hôpital pour recevoir une piqûre. Le gamin, dans ces conditions, et à cause de sa peur, veut que tout le monde le rassure en répétant que cela ne fera pas mal. Comme si cette répétition pouvait anesthésier la prochaine douleur. Pour cette raison, et pour les titres de la presse des 100, Macky se contenterait mieux d’un OUI officiel, même faux.
    Et c’est la prise de risque de Tanor pour obtenir ce faux OUI officiel, qu’ils ont, Macky et lui, bousillé toutes leurs chances de pouvoir duper le Sénégal par un OUI du PS.

  3. Mais Karfa Diallo, c’est un …, tout le monde le sait. Alors, toi, vraiment, tu es mal placé pour parler ou critiquer. Militant de REWMI connu, ceux qui ne me croient pas peuvent saisir ton nom sur google et voir. Merci

  4. Mais Karfa Diallo, c’est un homosexuel, tout le monde le sait. Alors, toi, vraiment, tu es mal placé pour parler ou critiquer. Militant de REWMI connu, ceux qui ne me croient pas peuvent saisir ton nom sur google et voir. Merci

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