La guerre en Casamance prend désormais des proportions internationales. Selon la radio internationale (française) RFI, sur son site Internet, une délégation du gouvernement sénégalais est en train de négocier, non loin du Saint-Siège à Rome (Italie) avec des membres du mouvement rebelle, le Mfdc.
L’internationalisation du conflit casamançais a longtemps été évoquée. Aujourd’hui, cette démarche tant réclamée par Mamadou Nkrumah Sané, patron de l’aile extérieur du Mouvement des Forces démocratique de Casamance (Mfdc), qui vit à Paris, est effective. Selon RFI, «une délégation du gouvernement sénégalais et plusieurs personnes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) se sont assises à la même table pour des discussions à Rome». La rencontre, précise la source, a été organisée discrètement les 13 et 14 octobre 2012».
Naturellement, le médiateur n’est autre la communauté de Sant’Egidio, qui avait déclaré être en mesure d’arracher aux deux parties un accord de paix sur la Casamance. Mais les discussions sont complexes. Les deux délégations ont décidé de se revoir dans la capitale italienne pour poursuivre leurs discussions. Cette idée avait pourtant été agitée, la semaine dernière, par le maire de Ziguinchor, capitale de la région sud de la Casamance naturelle, qui indiquait avoir «conseillé au président Macky Sall de répondre favorablement à la main tendue de Salif Sadio» (chef de guerre du Mfdc). Qui composait les deux délégations ? Aucune précision de RFI.
La source indique, toute fois, que Mario Giro, porte-parole de Sant’Egidio, a déclaré que «le climat était bon, positif, constructif. (…)». Et d’indiquer qu’après une crise si longue, «il faudra du temps, de la patience, un esprit constructif; beaucoup de choses pour arriver à une solution définitive».
Dans un entretien avec le journal « Le Pays au quotidien » reprise par le site « lesenegalais.net », Seydi Gassama, président de la section sénégalaise d’Amnesty International, saluait le choix de la communauté de Sant’ Egidio, comme facilitateur dans la crise casamançaise, qui a fait ses preuves dans d’autres parties du monde. Cependant, Seydi Gassama estime que la communauté Sant Egidio ‘doit se donner le temps de bien comprendre la crise casamançaise et les acteurs, dans le but de les amener à se retrouver face-à-face pour discuter, en écartant systématiquement tous les intermédiaires. «Ces intermédiaires n’ont fait que profiter, depuis 30 ans, de ce conflit pour se faire un nom sur la scène nationale et internationale. Ces acteurs doivent être écartés et le président Macky Sall doit s’engager résolument dans une approche de discussion en face-à-face avec les leaders politiques et militaires du MFDC», a-t-il plaidé.
D’autres spécialistes des questions politiques comme le journaliste Babacar Justin Ndiaye doutent cependant de la crédibilité, du désintérêt et de la pertinence d’une médiation de cette communauté, se référant à d’autres conflits africains auxquels Sant’ Egidio avait apporté son concours, «rien que pour récupérer les dividendes, les parties en conflits étant contrainte à cesser la guerre, pour des raisons objectives», faisait-il de marquer dans un débat à « Walf TV».
SERIGNE MOUR DIOP
