Contribution à destination de l’entraineur, du staff technique et de la fédération Sénégalaise de Football. (Par Y. Mané)

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Tout d’abord, je félicite les joueurs, l’entraineur, le staff et tous les supporters sénégalais qui ont tous tant donnés pour que cette Coupe d’Afrique soit remmenée chez nous. Suite à cette énième élimination, il est important voir nécessaire de faire une analyse en profondeur pour essayer d’identifier les limites de notre équipe nationale de football.
Il est très difficile de prendre en compte l’ensemble des critères d’analyse et de couvrir la totalité des déficits, erreurs, manquements etc.. qui font qu’on n’arrive toujours pas à passer cette petite étape qui nous offrira le sacre final.
Pour ne pas s’éparpiller et afin que cette contribution analytique soit le plus utile possible, nous allons porter notre analyse sur les trois dernières échéances auxquelles on a été éliminé et qui puis est à chaque fois exactement de la même manière.
Les trois échéances identifiées et stipulées ci-dessus sont la CAN 2017, la Coupe du monde 2018 et cette CAN 2019.
Je reste profondément convaincu que les joueurs sélectionnés depuis que Cissé est entraineur sont les meilleurs sénégalais à leur poste et sont tous des joueurs de classe mondiale et titulaire dans leurs clubs. Autrement dit, on n’a absolument pas de problèmes de joueurs en tout cas pour le moment.
Je rajoute aussi que sur aucun des matchs joués depuis que Cissé est coach de l’équipe, je n’ai vu un manque d’investissement personnel flagrant qu’on pourrait reprocher aux joueurs. Ce faisant, si on a les joueurs qu’il faut et qui mouillent le maillot à chaque match, et in-fine le résultat a été toujours décevant, on ne peut pas rester dans l’illusion de croire que c’est uniquement par manque de chance qu’on y arrive pas.
Il est nécessaire de faire un diagnostic de fond et d’essayer d’identifier le mal qui nous cause tant de peines.
Pour savoir ce qui bloque, prenons 4 matchs cruciaux sur les trois échéances citées plus haut à savoir le match contre le Cameroun lors de la CAN 2017, les matchs contre le Japon, et la Colombie lors de la coupe du monde 2018 puis le match de la finale lors de la coupe d’Afrique 2019.
Comme indiqué plus haut, ces 4 matchs couvrent une bonne partie des limites de notre équipe nationale actuelle.
Ces limites sont à mon sens un manque d’état d’esprit et surtout un défaut d’adaptabilité de notre jeu qui est fondamentalement stéréotypé du fait d’un manque considérable de plan tactique de jeu (je mets « plans de jeu » délibérément au pluriel car une équipe doit pouvoir travailler sur 3 ou 4 plans tactiques de jeux différents).
Cette multiplicité de plans tactiques de jeu permet à une équipe de s’adapter rapidement et de trouver des solutions face une équipe adverse qui déroule un système différent de celui initialement prévu.
Ce qui est très important c’est de noter que ces deux manquements identifiés n’incombent pas du tout aux joueurs, ni aux soit disant voyants, ni je ne sais qui ou quoi comme savoir métaphysique mais uniquement et exclusivement au coach et à son staff technique.
Essayons maintenant d’étayer la raison de ces deux limites identifiés (manque d’état d’esprit et manque de plans de jeu tactique) afin d’y apporter une justification cohérent.
1/ Le manque d’état d’esprit de notre équipe
Lors du match contre le japon, on a tous vu que le Sénégal pouvait mettre 3 ou 4 buts et ne pas en encaisser un.On a totalement maitrisé le match de bout en bout avec des espaces, des occasions et largement de quoi finir avec un 4-0.
Qu’elle a été nos limites lors de ce match
Lors de ce match, on a eu l’impression qu’on avait mis 11 joueurs de foot sur le terrain et on les a laissé jouer pendant 95 min comme bon leur semble.
Un entraineur de foot possède en soit trois leviers d’analyses.
Le niveau technique, physique, mental de ces propres joueurs ainsi que les différents plans de jeu qu’il a travaillé avec ces dits joueurs.
Le niveau technique, physique, mental de l’équipe adverse du fait des retours que lui font les superviseurs de l’équipe chargés de cela.
Le déroulement du match qui doit lui donner les éléments complémentaires et effectifs pour faire les bons choix au besoin et ceci pendant le match.
Lors du match contre le Japon, tous les indicateurs d’avant match ainsi que ceux observés pendant le match nous conforte à l’idée qu’on est meilleur que cette équipe Japonaise. Le Sénégal avait la capacité de mettre un but à chaque accélération sur ce match.
Ce qui nous a manqué n’est autre à mon sen qu’un état d’esprit.
En effet, on n’a eu aucun problème de plan de jeu sur ce match mais juste un manque d’état d’esprit de la part du coach.
Le ballon est gardé derrière, on joue facile et on ne multiplie pas les accélérations dans la surface adverse.
Rappelons qu’un état d’esprit ne signifie pas donner des coups de pieds irréguliers de toutes parts et/ou de courir dans tous les sens.
Un état d’esprit footballistique, c’est comprendre les enjeux d’un match de coupe, être concentré pendant 95 min et savoir qu’on est dans une compétition où les détails comptent et surtout les détails relatifs aux nombres de but marqués ou encaissés.
Cet état d’esprit n’est pas inné chez les joueurs et c’est le devoir du coach de le rappeler avant et pendant le match. Le coach et le staff technique ont le devoir d’insuffler aux joueurs cet état d’esprit de conquérant qui permet de faire la différence face à une équipe adverse plus faible techniquement et physiquement.
Il suffit juste de rester concentrer et de multiplier les accélérations à la récupération du ballon et surtout dans la surface adverse.
Ce constat est aussi valable lors du match contre la Colombie ou on vient avec un mauvais état d’esprit alors que tous les indicateurs nous étaient favorables.
On vient pour chercher un match nul alors qu’on a vu les deux premiers matchs de la Colombie et on sait que sur le papier qu’on est meilleur. On n’avait aucune raison de ne pas venir pour imposer un jeu qui nous permettra de gagner le match.
On n’avait même pas besoin de plan de jeu différent, car la Colombie devait absolument jouer donc était obligée de libérer des espaces .
Sur ce match il fallait juste venir avec un état d’esprit de conquérant et gagner ce match.
On constate donc que, sur ces deux matchs, on a joué face à des équipes qui ne défendent pas à 8 derrières et qui sont joueuses. Et face à ces deux équipes, on n’a pas eu le résultat escompté car il y’a eu un manque considérable d’état d’esprit et non de déficits de joueurs ou de plan de jeu car, même avec le seul et uniquement plan de jeu qu’on a actuellement (on y reviendra sur la deuxième partie de cet article) on pouvait gagner largement ces deux matchs.
En somme et pour conclure il faut que Alioune Cissé et son staff technique travaillent sur un état d’esprit de conquérant face aux équipes qui sont à notre porté ou plus faible que nous.
Cela ne tombera pas du ciel, il faut en être conscient et travailler réellement dessus.

2/ Le manque de plan de jeu face à des équipes qui défendent en bloc
La deuxième limite identifiée et qui n’est pas des moindres est le manque considérable de plan tactique de jeu face aux équipes qui défendent à plusieurs derrière, comme ce fut le cas lors du match contre le Cameroun ou la finale contre l’Algérie.
Lors de ces deux matchs et d’ailleurs lors de la plus part des matchs du Sénégal sur ces 5 dernières années, on rencontre des équipes qui ne jouent pas et qui défendent tout le match.
L’équipe du Sénégal domine outrageusement ces types de matchs, mais ne finit jamais par trouver la solution.
Le coach fait exactement la même chose à savoir changer un ou des joueurs par d’autres en espérant que cela puisse apporter une solution.
Parfois c’est Ismaïla Sarr qui cède sa place de Dia Baldé , ou c’est Niang qui sort pour je ne sais qui, qui rentre à sa place. Ces changements sont tout le temps effectués et pourtant le résultat reste le même.
Comme disait un grand penseur de notre époque, ce n’est pas en augmentant la durée de la cuisson qu’on s’attend à un plat meilleur, il faut changer les ingrédients.
Autrement dit, il faudra pas s’attendre à un meilleur résultat si face à ces mêmes types de matchs, on refait exactement la même chose. Encore une fois, un meilleur résultat ne tombera pas du ciel, il faudra un diagnostic en profondeur pour identifier le problème et y apporter des solutions idoines.
Diagnostic de nos limites face aux équipes qui défendent en bloc
Ce que l’on constate lors de ce type de match ,notamment face au Cameroun et/ou face à l’Algérie est qu’on a aucun plan de jeu et que pendant 95 min, on fait exactement la même chose à savoir , soit on joue sur les côtés pour essayer de trouver des centres qui aboutissent tout le temps sur un joueur adverse , soit on balance devant ,ce qui fatigue nos attaquants notamment Mané et Niang qui courent pour rien car ,même s’ils arrivent à récupérer le ballon , l’équipe adverse reste à 7 ou 8 derrières ,ce qui fait qu’aucun surnombre ne peut être crée dans la surface adverse pour marquer un but dans ces conditions.
En fait, peu importe les changements qu’on fera et peu importe le niveau d’implication des joueurs, si on joue comme cela face à une équipe qui défend à 7 ou 8 derrières, on pourra jouer pendant 1000 min sans marquer le moindre but car :
Premièrement (aucun centre n’aboutira sur un pied ou sur la tête de nos joueurs, tout simplement parce qu’il y’a deux fois plus de chance que le ballon arrive sur les joueurs adverses qui sont deux fois plus nombreux que nous dans leur surface .
Deuxièmement(aucun ballon balancé par notre défense ne sera bonifié par nos attaquants tout simplement parce que l’équipe adverse est en surnombre dans leur surface et est capable de réagir à deux ou trois contre un, à la réception de ces longs ballons.
( Quelle est la solution face à ce type de match
Face à ce type de match, il faut absolument changer de plan tactique de jeu.
Il faut jouer le moins possible sur les côtés et balancer le moins possible car ces deux types de jeux sont favorables quand l’équipe adverse est pris de court et donc n’est pas en surnombre derrière et ceci notamment à la récupération du ballon , ce qui permet aux attaquants de faire valoir leur explosivité et de créer les décalages nécessaires pour marquer des buts.
C’est exactement ce qui se passe à Renne avec SARR et NIANG ou à Liverpool avec MANE /FIRMINO/SALAH.
Face à une équipe qui défend à 8 derrière, il faut, contrairement à notre plan de jeu stéréotypé actuel, jouer au ballon et surtout jouer dans la verticalité, entre les lignes et dans la surface adverse.
Prenons l’exemple de l’équipe de Barcelone (je sais pertinemment que nous ne sommes pas le Barcelone, mais force est de constater que les équipes adverses ne sont pas aussi le Réal de Madrid ou l’Atlético.)
90% des matchs de championnat sont dominés par le Barcelone et pourtant les équipes adverses défendent généralement à 7 ou 8 derrière. Néanmoins, ils finissent toujours par trouver la solution en jouant exactement de la même manière face à ce type d’équipes qui défendent en bloc. On nous dira qu’il y’a Messi qui n’est pas n’importe qui mais restons uniquement dans l’aspect tactique de leur plan de jeu afin d’établir une analogie d’avec les mêmes types de difficultés rencontrées par notre équipe nationale.
Le Barcelone a toujours la possession et joue toujours dans la surface adverse avec les trois attaquants qui demandent le ballon toujours dans la surface.
Le jeu est fait de passes courtes, de dribles et de passes entre les lignes, mais toujours dans la surface et rarement des centres depuis les côtés ou des ballons balancés par les défenseurs aux attaquants.
Revenons maintenant à notre équipe du Sénégal. En effet sur ce type de match, le ballon doit forcément passer par le milieu, soit par Ghana ou Alioune Ndiaye puis par un relais si possible (Seivet) ou directement sur Niang, Mané ou Sarr.
A la réception d’un bon ballon dans les pieds par un des trois attaquants , il sera possible de faire un drible court, un « une-deux» dans la surface ou une petite passe entre les lignes pour un des deux autres attaquants ou pour un des milieux qui forcément doit accompagner l’attaque en l’occurrence Seivet ou Ghana sans oublier que nos deux latéraux seront sur les côtés aux besoins.
Même à 11 derrières, le rideau défensif de n’importe quelle équipe peut être percé avec ce jeu vertical entre les lignes et animé par les milieux et l’attaque.
Nos joueurs ont la qualité technique et physique pour faire ce type de jeu et sont capables avec du jeu court dans la surface de faire la différence à n’importe quel moment. Ce fut d’ailleurs le cas lors du match contre le Bénin, où le but libérateur de Ghana Gueye a été réalisé exactement de la même manière et sur un « une-deux » dans la surface avec MANE
Il faut cependant que le coach soit conscient de la nécessité de trouver d’autres tactiques de jeu, le travailler et l’exécuter face aux équipes qui ne font que défendre car la chance n’est pas la meilleur des options, il faut des plans d’actions (plans tactiques de jeux) en toutes circonstances.

3/ Conclusion
En somme, je pense que tous les sénégalais ainsi que Alioune Cissé et tout le staff technique ont envi que cette équipe gagne un trophée et ceci avec le coach actuel qui est sénégalais comme nous et qui est notre fierté.
Cependant, il est nécessaire qu’il ( Alioune Cissé) se remette en question et qu’il prenne en compte nos limites actuelles afin d’améliorer fondamentalement le jeu de notre équipe.
Je pense que le Sénégal dispose du grenier footballistique actuel africain et cela sera le cas dans les 10 ans à venir .On aura pour les 10 ans à venir les meilleurs footballeurs du monde.
Il faudra cependant nécessairement un staff technique à la hauteur et cela n’est pas inatteignable. Il suffit d’une remise en question profonde, d’un travail continue sur nos manquements et un état d’esprit de gagneur.
Quand on fait des erreurs suite à des plans d’actions ou stratégies de jeu bien définis et travaillés en amont, on peut facilement s’améliorer, par contre, quand on tâtonne, on ne peut s’améliorer car tout tâtonnement est voué à l’échec.
PS : Ceci est une contribution basée uniquement sur un diagnostic par rapport à des types de matchs bien précis et ne couvre absolument pas tous les manquements de notre équipe.
Cette contribution même peut présenter des limites qu’il faudra aussi analyser s’il le faut.

Mané.Y

2 Commentaires

  1. Des appels de changements techniques et tactiques à l’attention de coach et du staff technique Il y a deux ans contre l’Algérie et contre le Cameroun. Au mondial contre la Colombie et le japon Cette années par deux fois face à l’Algérie. Les mêmes scénarios qui reproduisent les mémés effets. Et on continue de faire des appels encore et encore Sans aucun doute, avec réalisme, se rendre à la nette évidence d’une incontournable et concrète réalité

  2. « Je pense que le Sénégal dispose du grenier footballistique actuel africain et cela sera le cas dans les 10 ans à venir .On aura pour les 10 ans à venir les meilleurs footballeurs du monde. »
    C’est faux, et assez léger. N’est pas spécialiste qui veut.

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