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De la maladie chronique des hôpitaux : Le cri de cœur du Professeur Elisabeth Diouf

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XALIMANEWS- La prise en charge du système de santé au Sénégal préoccupe de plus en plus les professionnels. Dans un contexte de pandémie, le Professeur Elisabeth Diouf interpelle le Sames au moment ou certains d’entre eux vont en rangs dispersés dans le combat de plaidoyer d’assistance au personnel médical.

Xalima vous propose son texte intégral partagé sur les réseaux sociaux.

Bonjour chers collègues

Et de grâce, que l’on ne vienne pas me dire que le linge sale se lave en famille, parce qu’ici, au SAMES nous sommes bien en famille. Pour la grande famille par contre, le chef de famille a démissionné, il a abandonné ses enfants qui se débrouillent et les uns tirent sur les autres, donc…, c’est grave.

C’est tout simplement écœurant, mais, pouvez-vous me dire, quelqu’un a-t-il déjà entendu un médecin perdre un patient à l’hôpital et dire que « Yalla moko dogal?

Mais contre qui le patient, contre qui, la famille qui a perdu son être cher va porter plainte pour défaut de prise en charge? Contre le médecin? Ce médecin qui n’a que ses yeux, ses mains, son stéthoscope, pour inspecter, palper, percuter, ausculter, et ensuite pleurer, impuissant devant ce patient qui lui file entre les mains parce qu’il lui est impossible d’avoir les examens complémentaires qui lui permettent d’asseoir un diagnostic? Et je ne vous parle pas des examens spécialisés, genre gazométrie artérielle, fibroscopie bronchique…., juste des exemples (la liste est longue) qui constituent un luxe pour nos pauvres hôpitaux (Le patient doit payer pour qu’un privé vienne le réaliser dans l’hôpital et il faut attendre longtemps pour avoir le résultat), mais je vous parle des examens les plus élémentaires mais combien indispensables comme la NFS, l’ionogramme sanguin, les test d’hémostase, la radiographie pulmonaire, même le scanner et j’en passe; pour ces examens, dans certains hôpitaux, (s’ils ne sont pas indisponibles parce que les appareils sont tout simplement en panne ou par manque de réactifs), la famille doit payer et nous devons attendre qu’elle aille chercher l’argent, qu’elle trouve mais arrive le soir alors que l’examen devait être réalisé le matin ou qu’elle ne revienne pas du tout parce que n’ayant pas pu trouver ou rassembler le montant qu’il faut. Et parfois pour ne pas dire souvent, le patient décède sans que nous ayons pu disposer des examens ou des résultats.

Combien de fois, le médecin, combien de médecins ont déboursé de leur poche pour payer un examen ou une ordonnance de médicaments non disponibles à l’hôpital? Presque tous, tous les jours que Dieu fait, par générosité, parce que nous ne pouvons pas regarder les malades et ne rien faire! Et on veut faire croire aux populations, que nous avons oublié notre Serment d’Hippocrate »?

Je m’en arrête là parce que je pourrais écrire un livre (des collègues l’ont déjà fait) sur ces manquements qui nous empêchent d’exercer notre art et qu’en plus on nous reproche d’être les responsables.

La question: comment, en quoi le médecin (pharmacien, chirurgien dentiste est-il responsable?

Notre responsabilité? C’est d’accepter de travailler dans de telles conditions! Alors, nous devons refuser, nous devions le faire depuis longtemps, mais comme dit l’adage « Mieux vaut tard que jamais »!

Eh bien, camarades, réveillons nous avant qu’il ne soit trop tard! C’est le moment ou jamais!

On parle de post-Covid19, mais on n’en est pas encore là, moi je dis pendant COVID, au fait qui s’occupe de nos hôpitaux en ce moment? Qui pense à nous? personne, alors faisons le nous-même.

Avant Covid, nos hôpitaux étaient malades (la maladie chronique est devenue), et on se plaisait à dire, parlant de la prise en charge des urgences (Véritable catastrophe) que « la tutelle n’est pas satisfaite, les professionnels ne sont pas satisfaits et les populations ne sont pas satisfaites ». Et qu’est-ce qui a été fait? Aujourd’hui, les hôpitaux sont à terre, agonisants. On ne ‘occupe que des CTE et encore, avec un traitement inégal selon les hôpitaux? Tout va dans les CTE et les Réa COVID. équipement, c’est pour les CTE et les autres services de l’hôpital? Les directeurs d’hôpital se débrouillent?…….

ET LE PLAN D’INVESTISSEMENT DES HOPITAUX POUR LA RESILIENCE DU SYSTEME?

Vous en avez-entendu parler? Ça a commencé et c’est le moment, chers camarades de s’y intéresser, de savoir ce qui se fait et de donner, avis, recommandations et s’i le faut aller plus loin (Le SAMES est interpellé); il n’est pas question que chacun essaie de régler le problème de son hôpital ou de son son service, le SAMES doit s’en charger afin qu’ à la fin, les Infrastructures Hospitalières soient aux Normes, que les Plateaux Techniques de Tous les Hôpitaux du SENEGAL soient Relevés. N’oubliez pas les Ressources Humaines de Qualité, le Tout accompagné d’une Gestion Saine et Rigoureuse et d’une Organisation sans Faille

SAMES, il y a du travail!!!!

Professeur Elisabeth DIOUF

Chef du service d’Anesthésie-Réanimation

CHU Le Dantec, Dakar

Tel: 221 33 889 38 00 Postes 3433 / 3854

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