Le dialogue national a donc été ouvert puis fermé samedi. Sans mauvais jeu de mots, malignité ou intention malveillante. Vraiment ! Il convient donc d’en féliciter l’initiateur, le concepteur : à savoir le Président Macky Sall. C’est que c’était rien moins qu’évident que de faire se rencontrer et s’interpeller tant de gens différents, de destins singuliers, d’ambitions rentrées ou affichées, de projets souterrains et d’agendas cachés sans que cela ne finisse en foire d’empoigne ou en « laambi golo », comme l’on dit ici. Mais, grâce à Dieu, pour ce qu’il m’a été donné de voir, cela a pu nous être évité.
C’est qu’il n’est pas facile, en fait, de déférer à une invitation du Président et, se rendant ainsi au palais de la République, manquer à la plus élémentaire politesse pour ne pas parler de courtoisie et de déférence qui seules, en cet endroit siéent !
La question était que d’y aller, revêtu des habits du renard, afin d’y rouler tout le monde dans la farine, était une idée des plus séduisantes aux yeux de quelques-uns dont les moyens, à cet égard, sont connus de nous tous. Si toutefois vous suivez bien mon regard.
Ainsi, sans esclandre, querelle ou tapage mais, au contraire, avec son meilleur sourire, peut-on parvenir à ses fins et renverser la table, sans avoir l’air d’y toucher. C’est ce rôle auquel, peut-être, était préposé, samedi dernier, M. Oumar Sarr. Il l’aura tenu avec un extraordinaire brio. Avec son air-faux, peut-être-bonhomme, sa rondeur de bon aloi, il faisait penser à ce bon vieux Raminagrobis de nos fables guettant sous son air matois les imprudentes et sottes souris batifolant alentour !
Pour dire le vrai, Oumar Sarr n’a que le physique de l’emploi et ses talents d’acteur pour « incarner » Raminagrobis : il l’interprète seulement ! Il n’est pas l’auteur de la pièce où il joue et il n’en est même pas l’interprète principal ! Le ’’Jeune Homme’’ du film comme l’on disait, de mon temps, à propos des productions hollywoodiennes !
C’est, bien sûr, d’Abdoulaye Wade que je veux parler ici. Il a enjoint à ses troupes – à une partie tout au moins – de déférer à l’invitation du président de la République et même de déclarer qu’elles le reconnaissaient (enfin !) pour ce qu’il était, c’est-à-dire chef de l’Etat ! C’est une énorme concession n’est-ce pas ? L’autre partie du Pds emmenée par Farba Senghor notamment, a été autorisée, semble-t-il, à traîner les pieds et peut-être même à ruer dans les brancards.
Mais qui peut croire, un seul instant, dans ce pays que Farba Senghor puisse, seulement, remuer un cil ou cligner des yeux sans l’aval exprès de monsieur Wade-père ou de madame ? Absolument personne ! C’est une chose qu’il faut mettre à son crédit et même à son honneur, peut-être !
C’est que notre ancien président est un politicien accompli et même « il n’a pas son Deux ! » comme on à le dire en Côte d’Ivoire. Ce serait comme un génie dans sa partie et même un génie avéré, véritable ! Heureusement pour nous et pour notre pays qu’il reste quand même un homme et donc accessible à certaines faiblesses qui sont inhérentes à notre humaine condition. Sinon les dégâts que son habileté diabolique nous auraient causés seraient irréparables parce qu’incommensurables !
Wade qui dit « oui » et Wade qui dit « non » et le tout au même moment et à la fois, c’est toujours le même Wade ! Avec toujours le même but et toujours le même rêve : amener son fils au pouvoir ! Voir ce nonagénaire qui s’obstine, en dépit de tous les déboires, tous les mécomptes qu’il a déjà connus et subis ainsi que de toute logique et morale politiques, à vouloir, coûte que coûte, faire de son fils un Président pour nous et un successeur pour lui, cela questionne et interpelle ! Car, pour parvenir à ses fins, il mobilise l’ensemble de ses facultés qui ne sont pas petites et de ses moyens qui ne sont pas minces non plus !
C’est bien pourquoi, dans la séquence actuelle, celle dont nous parlons et du « Dialogue national », a-t-il mis, comme il sait si bien le faire, deux fers à son feu ! Oumar Sarr d’un côté, Farba Senghor et Babacar Gaye de l’autre !
Dans la vie en général, et en politique en particulier, il faut absolument refuser, à quiconque, d’avoir à se vanter, à se flatter d’être plus fin, malin, rusé, futé ou intelligent que soi ! Absolument ! Mais comment faire ?
Encore que le pire ne soit jamais certain, cela est connu, il faut se mettre en situation et se convaincre, au contraire, qu’il l’est bel et bien ! Et se mettre ainsi, d’ores et déjà en avant, en mesure afin que, le cas échéant, vous vous y soyiez déjà préparé et aptes à réagir et à contre-attaquer. Victorieusement toujours.
C’est comme ça et cela s’appelle l’organisation et la méthode ! Et j’espère bien que c’est ce que le Président Macky Sall avait à l’esprit dans la nuit de samedi à dimanche quand il citait Senghor en conclusion de son si long après-midi.
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