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DIVISION DES INVESTIGATIONS CRIMINELLES Enquêteuse ou politicienne ?

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La Division des investigations criminelles, (Dic) de la Direction de la police judiciaire (Dpj) a été considérée comme une police politique ces douze dernières années, faisant plus dans l’inquisition que dans l’investigation. Elle a joué ce rôle pour le compte du régime des Wade défait le 25 mars dernier. C’est du moins le sentiment de l’opposition d’alors et d’une frange importante de la société civile outrées par ses agissements aux relents politiciens et inquisitoires. Une police, selon plusieurs observateurs, qui est aujourd’hui à réadapter par une réforme en profondeur.

La Division des investigations criminelles, (Dic) de la Direction de la police judiciaire (Dpj) a été considérée comme une police politique ces douze dernières années, faisant plus dans l’inquisition que dans l’investigation. Elle a joué ce rôle pour le compte du régime des Wade défait le 25 mars dernier. C’est du moins le sentiment de l’opposition d’alors et d’une frange importante de la société civile outrées par ses agissements aux relents politiciens et inquisitoires. Une police, selon plusieurs observateurs, qui est aujourd’hui à réadapter par une réforme en profondeur.

Avant 2000, très peu de Sénégalais connaissaient la Division des investigations criminelles (Dic) de la Direction de la police judiciaire (Dpj) du ministère de l’Intérieur. Une « unité » d’enquêteurs qui hantaient le sommeil des malfaiteurs, truands de toutes sortes, délinquants à col blanc, ou bandits de grands chemins. Une unité d’élite qui faisait la fierté de la police judiciaire et qui était peu connue du grand public. Cultivant même le mystère en vivifiant le mythe autour d’elle, la Dic était considérée jusque là comme un instrument de premier plan de répression de la délinquance grandissante.
En effet, entre le moment où un crime et/ou une infraction est commis et le moment où celui qui en est l’auteur est jugé, la Police judiciaire dont l’organisation et les attributions sont fixées par les articles 12 et S. du code de procédure pénale (loi n° 65 – 61 du 21juillet 1965), joue un rôle important de constatation et d’information, ainsi que de recherche en vue de l’arrestation des auteurs réels ou présumés des forfaits.

Il convient d’observer à cet égard que les agents chargés d’exécuter la mission de police judiciaire étaient perçus avant 2000 comme les défenseurs de la veuve et de l’orphelin, les redresseurs de torts, ceux là qui traquaient et mettaient hors d’état de nuire les criminels. On pouvait constater que la Division des investigations criminelles, (Dic) était la crème de la Dpj, tant ses exploits étaient relatés par la presse qui peinait cependant à mettre un visage sur l’un quelconque de ses enquêteurs. Plusieurs crimes, ont été ainsi élucidés par ses soins et bon nombre de délinquants ont été appréhendés et conduits devant les juges grâce à la ténacité, la perspicacité des officiers de police judiciaires et commissaires de la Dpj, notamment de sa Dic. Cela c’était avant 2000.
Le dictat de la hiérarchie

Les membres de la Dic sont avant tout des fonctionnaires; en tant que tels ils reçoivent des instructions de leurs supérieurs hiérarchiques. Or, avec le régime autoritaire des Wade, les instructions de nature à les conduire à accomplir un acte contre la volonté du Procureur de la République ou à refuser d’accomplir un acte souhaité par celui-ci ont été données à profusion. Chaque jour quasiment, les honnêtes gens dont les vues, positions ou dits n’agréaient point le pouvoir en place ont été obligés de déférer à la Dic. Depuis l’an 2000, on ne compte plus le nombre d’opposants politiques, de journalistes et de défenseurs des Droits de l’Homme qui ont passé des heures et des heures dans les locaux de cette police devenue ainsi une véritable police politique et/ou d’inquisition contre tous les adversaires du régime libéral défait. Les dernières années du pouvoir des Wade auront été celles des convocations incessantes de responsables de l’opposition et d’éminents membres de la société civile à la Dic et au commissariat central de Dakar. Ces convocations, n’ont pas épargné le bouillant Barthélemy Dias du Parti socialiste (Ps), aujourd’hui sous les liens de la détention, Malick Noël Seck du même parti, Idrissa Seck de Rewmi, l’ex-jardinier des rêves de Wade, devenu son pire cauchemar, Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), ou des acteurs de mouvements citoyens « Y’en a marre » comme le rappeur «Thiat» de Keur gui. Et même le nouveau élu, Macky Sall. Le président Macky Sall avait été en effet, convoqué au commissariat central sur la base d’accusations de blanchiment d’argent formulées par ses anciens frères de parti, plusieurs mois après la création de sa propre formation, l’Alliance pour la république (Apr) postérieurement à sa défénestration de l’Assemblée nationale. On peut citer plusieurs autres exemples qui ont jalonné la gouvernance des Wade. Tous ont été convoqués à la Dic et ont dénoncé tout autant des tentatives d’«intimidation». Un comportement et des agissements qui ont conforté l’idée d’une police politique au sein de l’opposition et de plusieurs membres de la société civile qui n’hésitent pas de taxer la Dic de «police politique».
Le rapt d’Alioune Tine

Derniers exploits en date de cette police: Le 29 janvier 2012, « Invité » au commissariat central de Dakar aux environs d’une heure du matin, et “confié” au commissaire central Arona Sy, comme nous l’apprennent nos confrères de l’EnQuête dans leur édition du lundi 30 janvier 2012, le leader de la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho) a été “jeté”, comme un vulgaire délinquant, dans une cellule d’une trentaine de prévenus.

Evoquant son séjour à la Dic après la mort du policier suite aux manifestations du Mouvement du 23 juin (M23) à la Place de l’Obélisque, Alioune Tine raconte : « La Division des investigations criminelles (Dic) m’a gardé pendant 48 h dans des conditions qui peuvent être assimilées à un enlèvement. On m’a arrêté sans mandat du procureur de la République. On a envoyé des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip), qui est quand même une brigade qui s’occupe du terrorisme et de la lutte antigang. Ils étaient très nombreux, de véritables malabars qui ne ressemblaient même pas à des policiers. Mais, nous avons pu, avec la complicité de notre avocat, filer entre leurs mains et nous rendre tranquillement à la direction de la police judiciaire, pour subir tous les interrogatoires ».

Ce récit plusieurs de ses compatriotes avant lui pouvait le faire à l’identique, voire plus poignant. De nos confrères Thierno Talla, Sidi Diop, les premiers à explorer la rudesse des questions des enquêteurs de la Dic à l’avènement du régime dit de l’alternance de 2000, aux journalistes du groupe Sud communication ainsi qu’une bonne partie du personnel « civil » amenée manu militari au commissariat central, puis à la Dic pour la diffusion d’une interview de Salif Sadio, le chef de guerre du maquis casamançais, plusieurs autres confrères, hommes politiques, membres de la société civile ont éprouvé « la Question » à la Dic.

En vérité, pendant ces douze ans plus que dans le passé, dès qu’un citoyen critique le président ou sa famille, la Dic est entrée en action. On a fini même par oublier qu’elle a d’autres missions autrement plus importantes qui visent à sécuriser le territoire national en traquant jour et nuit, les délinquants. Aujourd’hui, cette police est trop chargée. Son image est ternie. Sa réputation atteinte. Elle fait partie assurément des reliques de l’ordre ancien.

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