Du mandat à tout prix au mandat de la débandade. (Par Balla Moussa Fofana).

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Les dirigeants africains ont le mal de briguer la magistrature suprême pour de mauvaises raisons
et le pouvoir devient alors le miroir reflétant les profondeurs abyssales de leurs faiblesses
humaines. En 2012, Il fallait bien être cupide pour jubiler et gérer avec arrogance et légèreté.
Témoin oculaire débauché de la diaspora, j’assista impuissant à une succession de choix faciles.
Ainsi, Ils entamèrent par l’irresponsabilité d’une instrumentalisation de la justice à la place
d’une réforme courageuse pour son indépendance. Ensuite, les rampes de lancement de
l’émergence que sont : le foncier, la décentralisation, la territorialité, l’aménagement du
territoire et l’urbanisme seront sabordés au profit des conseils des ministres décentralisés dans
un seul but électoral. Enfin, la pire des erreurs de gestion a été de s’adonner au crédit facile
pour le financement d’un plan d’émergence importé. Plus de 4 000 milliards de FCFA ont été
contractés en 4 ans et aussitôt siphonnés par une mauvaise planification des grands projets.
Nous avons également assisté à une surévaluation des offres spontanées, à de fausses factures
dans les dépenses de fonctionnement (carburant, téléphone, voiture, mobilier de bureau), au
recrutement de personnels politiciens et enfin au stratagème des créances rachetées et
surévaluées par des courtiers et leurs complices.
Ainsi, le service de la dette passa de 347 milliards de FCFA en 2012 à 863 milliards de FCFA lors
de LFR 2019, soit 516 milliards de dettes supplémentaires. Le Lion-Revanchard réalisa
tardivement que cette hausse de 148 % représente une ponction progressive sur nos recettes
fiscales en contre-performance depuis 2012. Et en 2019 les prévisions de recettes ont été
réduites à la baisse de 100 milliards de FCFA (2534 milliards de FCFA LF 2019 baissées à 2434
milliards de FCFA LFR 2019). Le Lion-Revanchard réalisa également que depuis 2015 et
particulièrement pour l’exercice de 2019, que le fonctionnement (911 milliards de FCFA), le
personnel (743 milliards de FCFA) et le coût annuel de la dette (863 milliards de FCFA)
représentent 98% des recettes soit un total de 2517 milliards sur des recettes à 2557 milliards.
Et si nous le rapportons aux recettes fiscales abaissées à 2434 milliards nous avons un négatif de
moins 83 milliards.
Dès 2015, notre Lion-Revanchard se réveilla, les pattes dans la boue de l’émergence sans
planification. Mais pour obtenir un mandat à tout prix, il ne sanctionna personne. Il se renia,
maquilla la situation de tension de trésorerie et concocta un cocktail Molotov qui a failli
imploser la cohésion sociale et après avoir écrasé le consensus démocratique. Il égorgea sans
cligner des yeux le processus électoral et dépeça une justice qui n’avait que la peau sous les os.
Et là, seul, il rampa vers un combat sans adversaire, pour une victoire sans gloire et avec sa
troupe sans honneur.
Aujourd’hui, après son « mandat à tout prix » vient le « mandat de la débandade ». Amadou Ba
est exilé à cause de son inconscience en finance et pour avoir bien abusé de sa confiance et de
son ignorance en finance. Boun abdallah Dione est puni pour être devenu soudainement trop
mou et dans un «beurèt » théâtrale, le Lion-revanchard souhaita prendre le taureau par les
cornes et gérer directement ses ministres. Mais rapidement, il réalisa que « xamxam du péxé »
et que mbirmi du xadar :
• les dossiers s’amoncèlent à la présidence,

• la dette intérieure gonfle,
• les créanciers giflent et tapotent à la fois,
• le bouclier social est menaçant,
• les charognards lorgnent sa place.
C’est en ce moment que son frère l’aspergea de gaz et de pétrole. La signature de ce deal
enclenché depuis 2011, pour le profit d’un courtier acolyte fut comme un retour de boomrang
et le mis dans une situation de vulnérabilité !
Et subitement, on assiste à l’éclosion d’un instinct de survie dû à l’effet d’une pilule de sagesse.
Le Lion-Revanchard reconnait ses limites et ses options ultimes limitées. Les dividendes du
pétrole ne seront là que dans 2 ou 3 ans et risquent juste de rétablir les soldes négatifs.
L’ajustement structurel prendra du temps et une politique économique est impossible sans
levier financier et sans liquidité pour payer l’emprunt. Vous ne saviez donc pas que cela n’allait
servir à rien de truquer la base de calcul de l’endettement et ramener votre endettement à
50%, car votre capacité de remboursement restera au point mort ?! Hé oui! les vaches à lait de
l’économie sénégalaise oubliée depuis 7 ans ne génèrent pas assez de liquidité pour une
capacité de remboursement de cette nouvelle dette ! Xamxam du péxé encore une fois.
Le Lion-Revanchard se dit dès lors qu’il faut préparer la sortie! Le désastre financier et
économique est au-dessus de ses forces! Ku xamul fo djem ? delu sa ker bay, waxtan ak say
mbok ! En attendant, Il ne reste plus qu’à réparer les tords, libérer les prisonniers, écouter les
sages religieux enfin! Et se réconcilier avec le père et les frères dans l’espérance que le soutien
du président sortant lui garantira sa survie, celle de sa famille et ses partisans.
Mais le Lion-Revanchard gardera des pions dans l’échiquier de Machiavel. Il gardera son
héritage comme une assurance, un levier à monnayer avant, durant et après les présidentielles
de 2024. Il a analysé sa situation et compris qu’il a intérêt à garder son appareil, ses moyens
financiers et ses pions. En faisant le vide autour le lui et a compris qu’il n’y a pas dans son camp
un présidentiable capable de battre le cadet de ses adversaires.
Pour nous peuple sénégalais, nous devons en 2024 mettre un terme à ce jeu d’échec
machiavélique dont nous sommes l’unique perdant. Nous devons enfin comprendre que le
gouvernement est un ouvrage de raison et d’intelligence alimenté par l’usage de la science dans
la mise en œuvre des politiques publiques. Le culte du savoir doit donc guider l’action publique
pour le développement. L’homme d’état digne de ce nom doit s’éloigner de la facilité de la ruse
pour embrasser la complexité du savoir à travers un entourage compétent et franc. Ma
conviction est que le savoir des territoires, le savoir des organisations humaines, le savoir de
l’action stratégique pour le développement et enfin le savoir de l’usage efficient des ressources
financières, naturelles et humaines sont les mamelles nourricières d’un état planificateur et
entrepreneur dont je rêve pour ma nation.
Moussa Bala Fofana  
Ancien conseiller technique du Gouvernement du Sénégal 
Banquier / Développement des Entreprises au Canada 

https://www.facebook.com/moussabala.fofana

1 COMMENTAIRE

  1. XAMXAM DU PEXE, XAMXAM DU PEXE, XAMXAM DU PEXE. Que cette phrase soit repetee mille et une fois dans tous les palais presidentiels africains. Nos dirigeants se rendront enfin compte de l’etendue de leur echecs politiques qui ont de fini de larguer tout un continent. Niaba Niale yorul rew, Passez le baton aux sachants pour que l’Afrique se libere de la misere dans laquelle vous l’avez maintenue depuis des decennies.

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