[Entretien exclusif avec Xalima] « Wade garde toujours un avantage certain dans la bataille d’opinions »

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«En interdisant son projet de « meeting » et de mobilisation, le régime de Macky Sall est tombé dans le jeu de Wade»

Ibrahima Sène n’est pas un adepte de la langue de bois. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, cet économiste de formation, membre de la coalition présidentielle diagnostique sans complaisance la situation économique du Sénégal sous le régime de Macky Sall. Et c’est pour dévoiler que le Sénégal a enregistré en 2013 le plus maux taux de croissance dans la zone UEMOA, à l’exception de la Guinée Bissau. Aussi, M. Sène, membre du comité central du PIT n’a pas aimé la manière dont le pouvoir a géré le retour de Me Wade à Dakar. Selon lui, le régime de Macky Sall s’est fait prendre dans le jeu de Wade.

Par Xalimasn

Que pensez-vous du retour très controversé de Wade et la gestion qui en a été faite par le régime de Macky Sall ?

Il faut d’abord situer le contexte de ce retour controversé. Il intervient, selon Wade lui-même à RFI, au moment où la procédure judiciaire intentée par le pouvoir contre son fils a terminé la phase «d’investigation» pour aborder la phase de « mise en accusation et de tenue du procès ». Il est resté à l’étranger durant la première phase pour tenter d’opposer des obstacles aux « investigations » tout en déclarant partout, que son fils fait l’objet « d’acharnements judiciaires » pour lui faire « un procès politique ». Il estime que les deux ans qu’il est resté à l’étranger a permis de « faire sauter 80% des accusations » portées contre son fils. Donc, il décide de rentrer pour faire sauter les « 20% » qui restent, non pas « devant les magistrats » lors d’un procès, mais en « gagnant la bataille d’opinions ». Pour cela, il se réfère explicitement à sa propre expérience de « procès politiques » dans lesquels la « bataille d’opinions l’a sorti d’affaire, comme ce fut le cas de « l’assassinat de Me SEYE », vice Président du Conseil Constitutionnel du Sénégal en Mai 1993, en pleine procédure de proclamation des résultats définitifs des élections législatives. Mais pour vendre à l’Occident son projet implicite de déstabilisation du régime démocratiquement élu du Président Macky Sall, Wade l’enveloppe avec son objectif stratégique qui consisterait à « réunir sa famille libérale, contre les Marxistes Léninistes, pour porter les libéraux au pouvoir pour 50 ans. »

Ce retour intervient aussi dans un contexte économique, social et politique défavorable pour le régime, et de tensions avec les pays limitrophes.

En effet, après deux ans au pouvoir, le régime de Maky Sall enregistre en 2013 un taux de croissance du PIB de 2,4%, le plus mauvais de l’UEMOA, à l’exception de la Guinée Bissau, contre un objectif de 4%, et un déficit budgétaire supérieur à celui de 5,3% qui était retenu avec le FMI.

Cette situation a engendré une perte de 1,3% des emplois du secteur privé moderne par rapport à 2012, la première année du nouveau pouvoir, dont 1,6% pour le secteur secondaire et 1,2% pour le secteur tertiaire.

Au plan politique, le projet de « massification » du Parti du Président de la République en vue de contrôler l’essentiel des collectivités locales lors des élections du 29 Juin 2014, se décline en termes d’« assauts » sur les collectivités locales contrôlées, depuis 2009, par ses alliés de « Benno Bok Yakaar » (BBY) qui l’ont pourtant porté au pouvoir le 25 mars 2012.

Ce projet, jugé « hégémoniste » du Parti du Président, a créé de vives tensions à la base dans BBY. Ce qui affaiblit grandement la cohésion en son sein, indispensable à la stabilité politique du régime.

A cette situation économique, sociale et politique intérieure difficile, s’ajoutent des tensions avec le Mali, la Gambie et la Mauritanie ayant entraîné des fermetures de frontières, et la tension récente avec la République de Guinée suite à une fermeture unilatérale des frontières par le Sénégal à cause de la fièvre EBOLA, alors que l’Organisation Mondiale de la Santé, présente dans les deux pays, considère cette fermeture « d’inopportune ».

Donc, c’est dans ce contexte défavorable au régime que se situe le « retour controversé » de Wade avec son projet nettement défini de déstabilisation du pays pour rendre impossible la tenue d’un procès contre son fils, quitte à rendre le pays ingouvernable.

C’est pour cela qu’il a décidé de rentrer exactement à la veille du dépôt des candidatures pour les Locales, et un jour avant la plénière de l’Assemblée nationale pour élire les membres de la Haute Cours, chargée de juger les inculpés dont son fils.

Il lui faillait, ce jour là, créer une situation de tension telle qui devrait déboucher sur des affrontements sanglants entre ses militants et les forces de l’ordre, pour lui permettre de rentrer en « sauveur de la paix et de la stabilité du pays », créant ainsi de nouveaux rapports de force en faveur de son projet de libérer son fils.

Malheureusement, le pouvoir, en interdisant son projet de « meeting », et mobilisant massivement les forces de sécurité dans les rues, est tombé dans le jeu de Wade, qui n’ a pas hésité, de Casablanca où il se trouvait en escale, d’attiser le feu en accusant le pouvoir de le « bloquer au Maroc », et en rassurant ses militants en les faisant croire, publiquement, que le Président Macky Sall ne « contrôle pas les forces armées de sécurité et de police » !

Dans ce contexte, il ne manquait qu’au Coordinateur du PDS de « sonner la révolte contre la confiscation de leurs droits démocratiques », pour mettre Dakar à feu et à sang.

Il a dû refuser d’assumer une pareille responsabilité en demandant aux militants sur excités, de reporter leurs manifestations au lendemain pour mieux accueillir leur « Président ». Cette attitude honore le Coordinateur du PDS, pour avoir permis le retour au calme et la tenue sans encombre de la plénière de l’Assemblée nationale le lendemain.

Wade a donc perdu cette première manche, mais à cause de l’interdiction inopportune de la tenue de son meeting, qui a permis à cet adepte du « Despotisme éclairé » ou du « Césarisme démocratique », de se présenter en « défenseur des libertés démocratiques confisquées ».

Le pouvoir devrait donc tout faire pour ne plus tomber dans la provocation de Wade, en évitant d’interdire ses manifestations publiques pacifiques, pourvu qu’elles se conforment à la réglementation en vigueur, d’autant plus, que son « jeu » est, aujourd’hui, devenu clair aux yeux des Sénégalais et de l’opinion internationale.

– Le président Macky Sall a passé deux ans au pouvoir. Pensez-vous que son bilan peut l’aider à résister aux pressions de l’opposition et des mécontents qui ne sont pas forcément des politiques ?

Son bilan économique et social lui est défavorable, mais cela n’a pas entraîné des pressions insoutenables, d’autant plus que les Sénégalais ont conscience du legs catastrophique que Wade lui a laissé en héritage.

Par exemple, le chômage des jeunes diplômés d’Enseignement Supérieur est passé, de 16% en 2005 à 31%en 2011, selon l’ « Etude Diagnostique sur l’Emploi des Jeunes au Sénégal » (BIT, UA, CEA,BAD) 2005 -2011.

De même, « l’Etude de Suivi de la Pauvreté au Sénégal » (ESPS) 2011 de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie » (ANSD) montre que le taux de pauvreté est de 46,7% des ménages du Sénégal, dont 23,2% des ménages dirigés par des salariés du secteur public contre 18,9% en 2004 ; 34,2% des ménages dirigés par des salariés du secteur privé contre 31,5% en 2004; 59,8% des exploitations agricoles familiales contre 56,7% en 2004, et 30,9% des ménages dirigés par des indépendants non agricoles.

C’est ce lourd legs social fait de chômage accru, notamment en milieu de Diplômés du Supérieur, et de paupérisation accrue des salariés et des ruraux, notamment chez les salariés du secteur public, justifie les mesures prises de baisse de la fiscalité sur les revenus et sur les loyers, qui ont largement contribué à amortir la demande sociale, qui attend encore de mesures plus vigoureuses pour juguler le chômage et sortir les exploitations agricoles familiales de la pauvreté.

Les élections approchent à grands pas. Croyez-vous que toutes les conditions soient réunies pour qu’elles se tiennent dans le calme ?

Le consensus qui devrait prévaloir pour la tenue d’élections apaisées n’a pas été obtenu du fait des désaccords persistants sur le nouveau Code des Collectivités Locales et sur le Code électoral.

De même, le maintien d’un Ministre politique relevant du Parti du Président à la conquête des collectivités locales , y compris celles détenues par ses alliés, est non seulement une régression par rapport aux acquis démocratiques en la matière, mais, aussi, rend suspect tout le processus électoral qu’il organise.

Son implication directe dans les investitures de son Parti dans sa Commune, à Pété, dans le Département de Podor, lui vaut déjà d’être accusé de « partisan » par des responsables de sa formation politique, dans le choix des listes de candidatures.

La tension au sein du processus électoral se déroule dans un contexte politique explosif avec la tenue du procès du fils de Wade prévu en Juin 2014, et dans une situation économique et sociale défavorable au pouvoir.

Donc, tous les ingrédients sont réunis pour vicier l’atmosphère de la tenue des Locales le 29 Juin 2014.

C’est pour cette raison, que de plus en plus, des voix s’élèvent pour demander le report afin de trouver un minimum de consensus.

Quelle lecture faites-vous de la fermeture de la frontière gambienne par le président Jammeh ?

La fermeture des frontières par la Gambie est une arme à double tranchant.

En effet, elle est dommageable pour l’économie gambienne qui est une économie de ré exportation vers le Sénégal et la Guinée Bissau.

Mais, elle est aussi facteur d’accentuation de l’isolement économique de la Casamance, qui voit brusquement augmenter ses frais de transports des marchandises et des personnes, sans que le Gouvernement du Sénégal ne les atténue par une baisse compensatoire du carburant pour leur transport. Une telle compensation aurait des conséquences au plan budgétaire que le gouvernement rechigne à supporter pour ne pas outrer le FMI.

Cette fermeture n’est donc pas tenable, autant pour la Gambie que pour le Sénégal. D’où la nécessité de régler nos différends avec ce pays par la voie diplomatique, plutôt que par des mesures de réciprocité. Surtout le Gouvernement du Sénégal e devrait plus permettre à nos chauffeurs de bloquer les frontières avec nos voisins comme mesures de rétorsions contre le comportement de leurs homologues originaires de ces pays, ou, encore, contre des mesures économiques prises souverainement par ces Etats dont ils ne sont pas contents. La fermeture ou l’ouverture de nos frontières relève exclusivement des prérogatives des Etats, et non des Droits des citoyens.

Par quel bout peut-on régler ce problème de la Gambie qui exacerbe, pour la plupart du temps, le conflit casamançais ?

Le seul « bout » profitable pour nos deux peuples, est la voie diplomatique. Notre pays devrait user de sa Diplomatie pour faire prévaloir son « droit de poursuite » en territoire gambien et de Bissau, contre les groupes armés qui usent de leurs territoires comme « bases arrières » pour mener des exactions en Casamance.

Ces pays limitrophes devront être mis devant leurs responsabilités, en négociant avec eux la « transformation de nos frontières en zone de paix libre de toute arme », ou, en cas d’impossibilité d’accord avec eux sur cette question, saisir le « Comité de Paix et de Sécurité » de la CEDEAO, et même saisir l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour faire prévaloir notre « Droit de poursuite ». Notre Diplomatie est suffisamment réputée par son efficacité, pour pouvoir prendre intégralement ce volet de la crise en Casamance.

La conjugaison de la pression diplomatique et de la pression militaire devraient rendre plus raisonnables nos voisins de Gambie et de Bissau, quand à la nécessité d’une paix et d’une stabilité à la frontière de nos pays.

La coalition Benno bokk yaakaar semble ne pas respirer la forme notamment en cette période de confection des listes électorales. Pensez-vous que c’est de bon augure pour la suite du compagnonnage ?

La confection des listes est l’occasion de voir au grand jour, les contradictions au sein de BBY, du seul fait de l’étroitesse d’esprit de Macky 2012 qui n’ a eu de cesse d’exiger le départ des alliés du gouvernement pour leur céder la place, et de la volonté hégémonique de l’APR, qui l’amène à « arracher » des mains de ses coalisés, les collectivités locales qu’ils contrôlent. Mais ces contradictions ne devraient pas mener à scier la branche sur laquelle repose le régime actuel qui est BBY.

Les Locales vont donc occasionner une reconfiguration des rapports de force au sein de BBY, mais pas sa dislocation.

Si l’APR gagne son pari, elle verra son influence dans BBY plus renforcée. Mais s’il perd, elle sera contrainte de revoir à la baisse ses prétentions hégémoniques au sein de la coalition.

Sans vous comparez à un prophète, comment imaginez-vous le Sénégal dans les 30 prochaines années ?

Je ne vois pas à cet horizon, un Sénégal émergent avec le PSE.

En effet, c’est un plan qui se base sur l’apport d’investissements supplémentaires, dans des conditions d’ajustement structurel de notre Economie. C’est ce qui a été fait dans les années 90 sans que le Sénégal ne soit sorti des difficultés. Au contraire la pauvreté et la dépense extérieure se sont accrues.

Le Sénégal a des blocages structurels d’ordre macro économique, que le PSE ne prend pas en charge.

C’est ainsi que notre Economie est structurée d’une manière qui rend notre politique économique irrationnelle.

En effet, le poids des entreprises françaises et de l’appartenance à la zone Franc, dans notre Economie, fait que le Sénégal exporte plus dans la zone hors EURO, et importe plus dans la Zone EURO. Ce faisant, il perd, de façon structurelle, les avantages que lui confère la Zone Franc dans ses exportations qui devraient rationnellement être orientées vers l’UE, et dans ses importations, qui devraient rationnellement venir des Zones hors UE, pour profiter du fort pouvoir d’achat de notre monnaie rattachée à l’EURO.

Mais le Sénégal importe là où il devait exporter du fait que sa monnaie n’y est pas sur évaluée, mais il exporte là où sa monnaie est sur évaluée et se trouve ainsi confronter à une perte de compétitivité de ses produits.

Ce comportement irrationnel du point de vue économique, résulte du fait, que les Entreprises Françaises au Sénégal qui ne sont que des filiales ou succursales d’Entreprises mères en France, importent plus de l’UE, et exportent plus en Zone hors UE, maintenant ainsi, de par leur poids dans notre Economie, notre Balance commerciale déficitaire de façon structurelle.

Et cette situation va s’aggraver avec la signature éventuelle des « Accords de Partenariat Economique » avec l’UE qui va accentuer la propension des Entreprises Françaises au Sénégal à importer ses besoins dans la Zone EURO.

Ce blocage macroéconomique est ignoré par le PSE qui continue à le perpétuer.

La seule issue à ce blocage, c’est le recouvrement de notre souveraineté économique et monétaire, en concertation avec les pays des deux zones Franc en Afrique de l’Ouest et du Centre « UEMOA et CEMAC), pour bâtir une monnaie commune, une Banque Centrale Commune, une Banque de Développement et un Fonds monétaire Communs, afin de créer de meilleurs conditions de réalisation de l’intégration économique et politique de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

C’est de ce Sénégal là dont je rêve, et pour lequel je milite politiquement.

– Aujourd’hui, la peine de mort risque d’être infligée à Sanogo, au Mali ; vous saviez qu’il risque cela ?

D’abord qui est SANOGO et pour quoi est il poursuivi par la justice de son pays ?

C’est un jeune Capitaine de l’Armée Malienne qui fut scandalisé par le traitement humiliant de leur armée nationale par le régime d’ Amadou Toumani Touré, qui, devant la débâcle de ses forces de sécurité face aux « Jahadistes », et le massacre atroce de ses soldats à Aguel Hock, dans la région de Kidal, a préféré se consacrer au parachèvement du processus électoral en vue de l’organisation de la tenue des présidentielles pour son retrait en beauté de la scène politique, au lieu de mobiliser le peuple malien autour de son armée nationale pour organiser la riposte.

C’est face à cette forfaiture, que SANOGO, à la tête d’une partie de l’armée (les Bérets verts) ont renversé le régime du Président Toumani pour mettre fin au processus électoral et mobiliser le peuple malien contre les « Jihadistes ».

Les militaires, fidèles au Président déchus (les Bérets verts), ont organisé, dans un premier temps la résistance, puis, dans un deuxième temps, ont intenté un contre coup d’Etat.

C’est dans ces circonstances que des massacres ont eu lieu de part et d’autre, mais surtout du côté des vaincus, les Bérets verts.

C’est dans ce contexte que, SANOGO dût, en outre, faire face à la France, sous Sarkozy qui avait permis la rentrée des « Jihadistes » au Mali avec armes et bagages en provenance de la Lybie, et qui encourageait le Président Toumani à privilégier le processus électoral, au détriment de la libération du Nord.

C’est ainsi que le Mali dût subir un blocage de ses avoirs extérieurs par la BCEAO, et un embargo économique et sur les armes, par l’UEMOA et la CEDEAO, pour affaiblir le nouveau régime et le renverser par une intervention militaire, pour restaurer la « légalité républicaine » et le « processus électoral ». La libération du Mali des groupes « Jihadistes » était le cadet des soucis de la France, de l’UEMOA, de la CEDEAO et des partisans du Président Toumani, regroupés dans un front anti putschiste. Leur crédo était d’abord, la « restauration de la légalité », « l’achèvement du processus électoral », pour, ensuite, s’atteler à libérer le Nord Mali.

C’est dans ce contexte de paralysie de l’économie et de l’armée malienne, que les « Jihadistes » ont transformé toutes les régions du Nord en sanctuaires, où ils faisaient régner la « charia » sur le peuple malien.

C’est avec l’avènement de François Hollande et les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies décidant d’une intervention militaire contre les « Jihadistes après la tenue de l’élection d’un nouveau Président de la République, que ces derniers y ont vu un signal encourageant pour reprendre l’offensive vers Bamako, afin de consolider leurs avantages militaires en vue de négociations éventuelles avec le nouveau Président du Mali.

C’est cette reprise des offensives jihadistes qui a motivé la France de changer de tactique, en décidant d’une intervention armée dans le cadre de « l’Opération Servale », pour les stopper et les chasser du nord Mali avant la tenue des élections présidentielles, comme le souhaitait SANOGO et ses compagnons, et à la surprise générale de nos Chefs d’Etat et des USA.

SANOGO avait ainsi raison de l’UEMOA et de la CEDEAO, et des Autorités Françaises qui voulaient les chasser du pouvoir avant de s’occuper des « Jihadistes ».

Mais très vite, l’enthousiasme de SANOGO et des patriotes maliens se transformait en désillusion, en voyant l’armée Française ramener à Kidal les indépendantistes Touaregs regroupés dans le Mouvement de Libération de l’AZAWAD, nom qu’ils ont donné au Nord Mali qu’ils avaient proclamé « République indépendante ». Pis encore, l’armée Française avait pris la décision d’exclure l’armée malienne des forces qui devaient libérer Kidal des « Jihadistes », laissant ainsi cette région sous le contrôle du MNLA.

Les intentions de la France de voir le Nord Mali échapper à l’Etat central du Mali étaient ainsi devenues une évidence pour SANOGO et ses compagnons.

C’est la raison pour laquelle, ils ont mis tous leurs moyens pour soutenir, dès le premier tour de l’élection présidentielle, le Candidat IBK, dont le programme est accès sur le recouvrement intégral la souveraineté de l’Etat sur Nord Mali.

Avec le plébiscite de ce dernier au second tour de l’élection présidentielle, suivi de la promotion, par le Gouvernement de Transition du Mali, du Capitaine SANOGO au rang de Général pour services rendus à la Nation, tous les patriotes maliens rêvaient d’un renforcement de l’alliance des militaires et du nouveau pouvoir politique, pour exiger de la France le départ du MNLA de Kidal pour céder la région à l’armée malienne.

Mais, c’est à l’inculpation et à l’arrestation du Général SANOGO, d’abord pour « complicité d’enlèvement de Bérets rouges », puis de « complicité d’assassinat » de ces derniers, que l’on a assisté, en lui faisant courir ainsi la peine de mort !

Le voilà donc sacrifié à l’autel de la France, pour tuer tout symbole de résistance à sa politique de partition du Mali, au cas où, IBK refuse de lui concéder la base aérienne stratégique de TESSALIT dans la région de Kidal.

SANOGO libre n’aurait pas accepté pareil chantage sur l’Etat souverain du Mali, et serait devenu ainsi un homme dangereux pour le nouveau pouvoir d’IBK.

Le neutraliser, puis le liquider sous prétexte de « massacres de bérets rouges » qu’il a dû affronter militairement pour faire tomber le Président Toumani, est la trouvaille peu honorable du Président IBK.

En temps que militaire patriote, SANOGO ne pouvait pas ignorer ce que les hommes de main de Paris lui réserveraient, s’il lui arrivait à cesser de contrôler le pouvoir. Mais, il ne devrait pas l’attendre de la part du Président IBK.

Moi aussi, je ne doutais pas, qu’avec son engagement patriotique contre les visées de la France sur son pays, il risquait la mort, comme Thomas Sankara.

Mais, comme Sankara ne l’Attendait pas de Blaise Compaoré, SANOGO, comme moi, ne pouvait pas l’attendre du Président IBK.

Il est donc programmé à être un martyr de plus dans le tragique chemin de la libération de nos peuples d’Afrique sous contrôle de la France, dans l’indifférence quasi généralisée des patriotes Africains de la sous région.

Il risque, comme SANKARA, de n’être reconnu par les patriotes Africains qu’à titre posthume !

Il est donc temps, pour les patriotes Africains, de réagir pour libérer SANOGO, afin d’éviter que le triste sort de SANKARA, ne devienne une fatalité pour tout patriote Africain, confronté avec les intérêts économiques et stratégiques de la France dans notre sous région.

R,daction xalima

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