En politique, l’occasion fait le larron. La décision qu’a prise la Direction, ou une partie de la Direction du PS, d’aller aux Législatives en 2017 avec la coalition Benno Bokk Yakaar ne fait point l’unanimité à la Maison du Parti. Ceux qui ne s’accommodent pas de cette résolution, ont même décidé d’ester en justice pour faux et usage de faux.
Mais cette décision prise maladroitement à la suite de la publication du décret portant nomination controversée d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du HCCT, est pour Khalifa Sall et ceux qui relèvent de son obédience, une belle occasion à saisir pour légitimer la présentation d’une liste parallèle au nom d’un ordre socialiste authentique. Naturellement, un discours de diabolisation incendiaire sera servi avec, pour finalité, le discrédit de Ousmane Tanor Dieng et la lutte contre la majorité présidentielle présentement mal en point.
Objectif : Groupe parlementaire
L’agenda de Khalifa Sall et de ses proches est clair : premièrement, œuvrer à conserver la force de la coalition Taxawu Ndakaru qui s’est confirmée aux élections territoriales, deuxièmement, gagner Dakar et troisièmement miser en même temps sur un consistant pourcentage à l’échelle nationale avec au moins deux à cinq députés. Ainsi, une victoire à Dakar et un bon pourcentage national permettraient à Khalifa Sall de disposer d’un Groupe parlementaire à l’Assemblée nationale et de se mettre sur une bonne orbite pour la Présidentielle de 2019.
Khalifa Sall est un acteur politique précautionneux et planificateur. Son silence est une stratégie très circonspecte qui fait qu’il maintient volontairement le suspens tout en alimentant la foi des militants en sa candidature probable et pas encore déclarée. Son principal atout est la situation controversée dans laquelle Ousmane Tanor Dieng et le reste de la Tanorie ont mis le Parti.
Le Professeur de Droit Ousmane Khouma a d’ailleurs donné une lecture pertinente de la situation de décadence dans laquelle se trouve le Parti socialiste qui a totalement abandonné sa vocation de conquérir le pouvoir et l’exercer. En devant un parti suiviste, le PS déraille de sa voie congénitale et historique pour des raisons que les Sénégalais considèrent en majorité comme une volonté d’un clan de jouir de sinécures.
Etant un parti structuré, ancré historiquement dans le sol sénégalais et ayant été pendant quarante ans au pouvoir et pendant douze ans dans l’opposition, se laisser embarquer en allié complice d’un autre parti au pouvoir, est une option indubitablement agréée par certains responsables et militants socialistes, mais impopulaire auprès d’autres responsables socialistes et auprès de l’opinion publique.
Les scandales comme arguments de campagne
L’impopularité de la conduite d’Ousmane Tanor Dieng peut largement jouer en faveur de Khalifa Sall. D’abord, le sens du refus est toujours accueilli au Sénégal à l’applaudimètre. Les Sénégalais aiment ceux qui résistent et refusent de se soumettre à un ordre qui les assujettit. C’est cette valeur culturelle qui a conduit Macky Sall au pouvoir.
Ensuite, un ancrage du PS dans Benno Bokk Yakaar efface le parti dans la conscience publique. Les nombreux scandales et l’image négative de l’Assemblée nationale, avec ses députés polémistes, somnambules, cumulards et absentéistes, peuvent négativement peser sur le pourcentage de Benno Bokk Yakaar qui risque soit de subir un châtiment électoral, soit de voir sa force politique diminuer.
Khalifa Sall mise sur l’impopularité du groupe majoritaire au Parlement, sur le désenchantement de beaucoup de Socialistes et sur la sympathie d’une certaine population de Dakar pour présenter aux Législatives une liste qui ne lui permet certes pas d’être majoritaire à l’Assemblée nationale, mais d’y disposer une force institutionnelle à travers un Groupe parlementaire. Et si cet agenda arrivait à terme, le Groupe parlementaire lui permettrait de s’ériger à l’Assemblée nationale en bouclier du peuple dont il défendrait ardemment les intérêts et conquérir une confiance populaire.
Le Piroguier
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