Les Sénégalais seront obligés de limiter leurs déplacements dès le 27 janvier. Le gouvernement envisage de décréter un couvre-feu à partir de cette date, à 48 heures de la publication de la liste des candidats à la Présidentielle. Celle du Président sortant fait l’objet de toutes les controverses et installe la tension.
Le ciel sénégalais s’assombrit de jour en jour. L’incertitude règne sur l’issue du verdict du Conseil constitutionnel sur la candidature du Président Wade. Le Quotidien a appris que le ministère de l’Intérieur envisage d’instaurer un couvre-feu nocturne à partir du 27 janvier prochain, soit à 48 heures de la publication de la liste des candidats retenus pour la Présidentielle. Des informations provenant des services de sécurité font état de réunions tenues à la salle Ops (Salle des opérations) pour «prévenir tout débordement», mais surtout pour «dissuader les éventuels fauteurs de troubles». Des sources concordantes indiquent que tout est «fin prêt» pour ne pas subir une «mauvaise surprise». Le jeudi chaud du 23 juin pour faire ravaler le ticket Président-Vice président est passé par là. A la Place Sowéto, l’on conjure ce sort et tous les moyens sont bons pour casser du manifestant.
A maintes reprises, le président de la République qui, n’a jamais digéré la «défaite» du 23 juin, a martelé qu’il ne sera plus jamais pris au dépourvu. C’est ainsi que dans un entretien accordé à La Croix le 21 juillet 2011, il avait déclaré : «Le 23, l’opposition a profité d’une double erreur de ma part.» Il l’a réitéré récemment sur Rfi et France 24.
«Mesure extrême»
Mais ce durcissement de ton et cette détermination à mâter les manifestants ne sont pas pour autant du goût de certains proches du département de Me Ousmane Ngom. Dans les couloirs du ministère, l’on qualifie ce couvre-feu, de «mesure extrême» qui, au lieu «d’étouffer tout rassemblement ou toute manifestation publique», comme l’espèrent les autorités, risque de mettre le feu (qui couvait déjà) aux poudres. L’Observateur, dans son édition du 19 janvier dernier, faisait état de la mise en place de chars de combat et d’unités d’intervention pour empêcher des manifestations. L’on craint, d’ailleurs, que cette tactique de la… manifestation étouffée radicalise les mouvements de protestation qui découleront de la validation ou de l’invalidation de la candidature du chef de l’Etat. Le M23 a promis d’organiser à partir du 23 janvier sa manifestation mensuelle dans la banlieue, mais aussi de parcourir en caravane les différentes artères de la capitale. Et cela, jusqu’à la publication de la liste des candidats. La majorité, quant à elle, a décidé de contre-manifester le même jour, au même endroit, à Guédiawaye.
Dans tous les cas, les signes et gestes de part et d’autre du M23 et du pouvoir sapent «l’apaisement» prôné depuis quelques jours, marqué par la grâce présidentielle accordée au jeune Socialiste, Malick Noël Seck. Ils sont plutôt de nature à cristalliser la tension. De leur côté, les chancelleries occidentales renforcent de plus en plus la sécurité de leurs ressortissants. La France a demandé à ses compatriotes de «réduire le maximum possible» leurs déplacements durant la semaine du 23 au 29.