[Dossier] Exploitation d’algues par l’Association «éducation-santé» : Spiruline, le business nébuleux de Viviane wade

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La Première Dame du Sénégal entretient la culture de spiruline, à Bambey, dans la région de Diourbel, loin des regards indiscrets. Ce produit commercialisé à prix d’or à l’international est censé appartenir à l’Association Education-Santé au nom de qui, l’Isra a cédé à Viviane Wade, la ferme et un personnel, pour la culture. Le Sénégal est-il devenu un des plus grands exportateurs de spiruline au monde ? Jusque-là présentée comme un produit nutritif de luxe importé de la Chine et d’autres pays qui ont une longue et ancienne tradition de la culture de plantes médicinales, la spiruline est maintenant nourrie par le sol sénégalais. Depuis 2001, en effet, le département de Bambey, dans la région de Diourbel, entretient ce produit équivalent à de l’or curatif, pour les hommes et femmes, à la santé défaillante.

Connu pour ses vertus miraculeuses et à la limite surréalistes, la spiruline d’origine sénégalaise, indi­que-t-on, est prisée à l’international et est réservée à une portion congrue de privilégiés aux comptes bancaires bien fournis. Puisque le kilogramme de cette algue nutritive, est commercialisé entre 150 et 200 000 francs Cfa, dans des pays comme la Suisse.

Mais, toute cette fortune est récoltée, au nom de l’Association Educa­tion-Santé de la Première Dame du Sénégal, Viviane Wade. L’épouse du chef de l’Etat est en effet, propriétaire de la ferme de spiruline, logée à l’intérieur de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) de Bambey, sur un périmètre de près de 200 mètres carrés et aux petits soins d’un personnel qualifié de l’institution de recherche.
Cependant, dans ce centre, nombreux sont les habitués qui disent n’avoir aucune connaissance des activités qui sont menées à l’intérieur de leur domaine. «Nous savons seulement que Mme Viviane Wade a un projet à l’intérieur, parce qu’elle vient souvent ici», répètent nos interlocuteurs.
Même les employés qui travaillent dans la ferme, pour le compte de Mme Wade, ignorent ou feignent d’ignorer, à quoi le produit qu’ils entretiennent nuit et jour, est destiné. Apparemment réduits au silence, ils n’ont pas été très bavards à propos de leurs activités lucratives, quand Le Quotidien les a interrogés sur la question. Tout ce qu’ils disent savoir, c’est que le produit est très prisé et se vend bien à l’extérieur. Ils fondent leurs convictions sur le fait que, des visiteurs étrangers viennent investir la ferme et ne tarissent pas d’éloges, pour ce produit made in Sénégal.

150 MILLIONS A LA CHARGE DE L’ETAT ?
Seulement, ce dont il est question, c’est moins la culture ou encore la commercialisation de la spiruline, à l’étranger. Mais plutôt, le bénéficiaire des millions de francs Cfa générés par ce commerce, avec des moyens de l’Etat et ce, depuis 10 ans maintenant. Toutes les pistes du journal Le Quotidien mènent vers un réseau bien entretenu, par des proches de Viviane Wade, au nom de son Association pourtant, censée avoir un but non-lucratif. Les suspicions sont d’autant plus fondées, au regard du mystère qui entoure cette culture.

Le Quotidien qui a réussi à s’introduire dans la ferme de la Pre­mière Dame à Bambey, a pu constater tout l’arsenal technique qui est mis à contribution, pour développer la spiruline. Une vingtaine de bassins sont aménagés et bien protégés avec des couvercles en verre. Un laboratoire Hi-tec est également installé à l’intérieur de la ferme, en plus d’un transformateur de plusieurs tonnes, le tout estimé à près de 150 millions de francs Cfa, d’investissement. A la charge de qui ? Aucune réponse !
Cette technicité permet, en tout cas, aux éleveurs de la spiruline de récolter entre 2 et 3 kg brut par jour, avant d’acheminer la production sur Dakar, où se trouve la direction. Une direction basée à Yarakh, mais dont les activités principales demeurent un mystère. Sert-elle de lieu de transit pour la commercialisation de la spiruline vers l’étranger, après l’avoir recomposée avec d’autres produits ? Approvisionne-t-elle des points de vente à Dakar ? Là aussi, aucune réponse ne nous a été fournie !
Les nombreux appels téléphoniques pour s’informer auprès du responsable, sont restés sans suite. Et ici, une seule personne est habilitée à parler avec les personnes inconnues de la direction : un certain Sébastien Couasnet qui, par l’intermédiaire de son assistante, a plusieurs fois rejeté nos demandes d’informations. Ce qui laisse fortement croire à un commerce nébuleux de la spiruline, par sa productrice exclusive au Sénégal.

lequotidien.sn

MBAYE DIOUF, CHARGé DE COMMUNICATION DE MME VIVIANE WADE : «Je ne saurai vraiment dire si le produit est vendu ou pas»


Le chargé de communication de Mme Viviane Wade affirme ignorer si la spiruline est commercialisée ou pas. Mbaye Diouf indique tout simplement que «ce produit était en phase d’expérimentation sur un échantillon de 1 000 élèves». Sur le site Internet de l’Association Education-Santé, Viviane Wade avoue avoir obtenu du député Ndiack Dieng, 10 puis 300 hectares de terres à mettre en valeur. «Nous nous sommes donc lancés dans la culture de bissap (oseilles) dont la rentabilité est certaine, si l’on se donne les moyens d’élever le standard de qualité et d’hygiène attendu à l’exportation», lit-on dans la partie réservée aux activités de l’Association. Prenant ainsi le soin de ne pas parler de l’existence d’une ferme de spiruline.

Pourtant, celle-ci a un objectif mercantiliste, même si l’on indique que, maintenant, le produit n’est plus destiné à la vente. Un employé de l’Association Education-Santé avec qui Le Quotidien s’est entretenu reconnaît que la structure a eu à vendre dans le passé, le produit en France. Seulement, depuis quelque temps, assure-t-il, toutes les ventes ont été suspendues. Pour quelles raisons ? Point de réponse.
Joint par téléphone, Mbaye Diouf, lui, dit n’avoir connaissance d’aucune activité commerciale de la spiruline. Le chargé de communication de Mme Viviane Wade dit : «Ce que j’en sais, c’est que ce produit était en phase d’expérimentation sur un échantillon de 1 000 élèves. Main­tenant est-il destiné à la vente ou pas ? Je ne saurai vraiment m’avancer là-dessus», répond-il. Avant d’ajouter : «Cela m’étonnerait que le produit soit vendu.»

Aujourd’hui, même s’il y a suspension de la vente de la spiruline, l’on se demande si elle est liée ou non, aux «malversations» effectuées dans les comptes de l’Asso­ciation ? Tout récemment en effet, une enquête de la Division des investigations criminelles (Dic) sur ces malversations a abouti à l’inculpation de l’Administrateur-directeur général de l’Association. Sébastien Couasnet est accusé d’avoir opéré un détournement de 360 millions de francs Cfa au niveau de la structure de Mme Viviane Wade.

De sources sûres, certaines de ces activités tournaient autour de la commercialisation de la spiruline vers des pays étrangers. Aussi, nos interlocuteurs rappellent-ils les agissements d’un nommé Pape Faye qui avait fini par être condamné à une peine de prison avec sursis par le Tribunal de Paris à la suite d’une plainte de Viviane Wade. M. Faye était reconnu coupable d’avoir empoché des milliers d’euros d’Areva, au nom de l’Association Education-Santé.
lequotidien.sn

RELOOKAGE DE LA PAGE DE GARDE DU SITE INTERNET D’EDUCATION SANTE : Mystère autour d’une retouche


Il y a quelques jours encore, le site de l’Association Education-Santé n’avait pas mentionné les activités qui entourent la culture de la spiruline. Mais bizarrement, c’est après les appels incessants du journal Le Quotidien à propos du mystère qui entoure cette culture que l’Asso­ciation a jugé nécessaire de mettre ceci à la page d’accueil : «La spiruline est une petite algue d’eau douce très riche en protéines, d’où son efficacité contre la malnutrition protéino-calorique si fréquente dans notre pays. La culture de cette algue a été expérimentée avec succès par l’Association Education-Santé à Bambey, ville située à 100 km de Dakar. Cette expérience est pilotée par Sébastien Couasnet, ingénieur environnementaliste (Ndlr : celui-là même qui est aujourd’hui mis au gnouf). La production test s’est avérée être une réussite. Cette exploitation, sur une superficie de 200m², a permis d’obtenir une production de plus de vingt (20) kilogrammes de spiruline de qualité reconnue par les services compétents, après analyses nutritionnelles et bactériologiques en laboratoire.»
Seulement, ils n’ont pas précisé à quoi sont destinés les 20 kg qui auraient été déjà récoltés.

lequotidien.sn

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