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La candidate à la présidentielle face à la réalité sociale nigérienne

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Première femme candidate à une élection présidentielle au Niger, Madame Bayard Mariama Gamatié a posé un acte de bravoure jamais égalé par l’intelligentsia féminine de notre pays. En vérité, dans son programme d’action et dans ses messages et discours de campagne, la dame candidate n’a pas explicitement fait sortir des indices visant à conquérir

exclusivement l’électorat des femmes nigériennes qui représentent plus de 52% de la population. Mais, le citoyen lambda s’est fait une idée sur les visées de Madame la candidate qui, sans le faire savoir ouvertement, devait a priori se fonder sur les nombreux tapages qui sont distillés autour du genre pour réaliser un score inimaginable. Dans une société fortement islamisée et où la majorité de la population (dont les femmes) est analphabète et vit en milieu rural, le sacre d’une femme pour se créer une place au plus haut sommet de l’Etat n’est pas une chose aisée. En effet, au Niger, le fossé qui existe entre la femme citadine, notamment celle intellectuelle et la femme rurale est trop grand. Tandis que la femme citadine est trop poussée à imiter, de manière exagérée, le mode de vie de sa sœur lointaine de l’Occident, la femme rurale tient mordicus aux mœurs sociales et religieuses de notre propre société. Au même moment où la femme citadine acquiert de nouveaux droits, la femme rurale fait face à d’énormes souffrances dans sa tâche quotidienne. La diversité des droits conquis par les femmes intellos a extraverti nos us et coutumes. Pourtant, dans les villes comme dans les campagnes, la femme est sous l’autorité directe de son mari, en tout cas, dans la quasi-totalité des foyers où les mariages sont célébrés sous les témoignages des ulémas, des marabouts et des parents et proches. Cela n’est pas seulement lié à la dépendance économique dont les ardents défenseurs de l’égalité de sexe font toujours allusion. C’est une question de foi et du respect des normes sociales. Même fonctionnaire, la charge de la femme nigérienne est assurée à 100% par son mari. Combien sont-elles, les femmes salariées qui paient le loyer à la fin du mois ? Ne fatiguez pas vos méninges, leur pourcentage est infinitésimal. Bref revenons aux élections pour signaler que la seule candidate parmi les dix prétendants au fauteuil présidentiel est arrivée au bas du peloton avec un score de zéro virgule et poussière (0,38%). Ce qui confirme l’idée selon laquelle, les femmes épousent mieux les aspirations de leurs époux (permettez la redondance) que celles de leurs coépouses –pardon- de leurs sœurs « évoluées ». D’ailleurs c’est un paradoxe, le taux de participation aux élections du 31 janvier dernier est plus élevé dans les milieux ruraux que dans les centres urbains. Au vu du résultat récolté par Madame Bayard, on est en droit de se poser la question de savoir où sont passées toutes ces femmes qui piaillent à longueur de journées pour le combat dans l’autodétermination, le quota pour les postes électifs et dans l’administration, l’égalité de ceci ou de cela ? Ne fouillez pas encore très loin, elles sont soit derrière leurs intérêts à elles-seules, soit derrière leurs maris pour opérer les mêmes choix qu’eux. C’est cela la réalité de la société nigérienne. La candidate Madame Bayard Mariama Gamatié a certes perdu, mais elle eu au moins le mérite d’avoir brisé un tabou. Ce qui est un acte de bravoure à travers lequel son nom restera éternellement gravé dans les annales de l’histoire de notre pays.

La Griffe

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