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La Collectivité Léboue s’oppose à toute tentative de «Rwandisation» de la société!

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«A Touba, ce sont les « Mbacké-Mbacké » qui assument la fonction de Khalife, à Tivaouane ce sont les « Sy », chez les Layénes ce sont les « Thiaw »… Donc à Dakar le Serigne Ndakaru doit être un « Diop« »! Comment est-il imaginable, en plein 21e siècle, de tenir ce discours d’un autre âge, étayé surtout par un amalgame indigeste entre confréries religieuses et communautés coutumières? C’est pourtant à ce périlleux exercice exclusiviste que se sont allégrement livrés certains animateurs de la réunion publique, initiée la semaine dernière à Yoff par des notables lébous, devant un auditoire ébahi !

Le plus hilarant, est que les organisateurs prétendent que cette rencontre coutumières se serait tenue avec la caution des dignitaires du village traditionnel lébou de Yoff. L’on est alors en droit de se demander où étaient les incontournables grandes figures de la Collectivité Léboue, réputés avoir pour fief coutumier, Yoff! Auront en effet brillé par leur absence le Ndéye Jiréw El Hadji Maguette Samb ; le Jaraaf Seyni Guèye ; le Jaraaf Modou Bâ Seck ; le Jaraaf Doudou Mbengue ; le Saltigué Sana Diéne ; le Saltigué Ndofane Diop… Et surtout pas l’ombre du Grand Ndéye Jiréw de Yoff, le doyen El Hadji Babacar Mbengue (fils du défunt grand notable El Hadji Baïda Mbengue, titulaire historique de cette charge).

Les Freys de Yoff, dans le démenti qu’ils publieront incessamment, démontreront qu’ils ne sont ni de près ni de loin impliqués dans cette plateforme politico-coutumière, qui a encore, séance tenante, eu l’outrecuidance de «sommer» une énième fois le Président Macky Sall de leur donner «leur» décret ! Faut-il le rappeler, ce prétendu «décret» qu’on voudrait obliger l’actuel chef de l’Etat à signer (dans le but inavoué de pouvoir faire main basse sur notre patrimoine foncier commun), tout le monde sait qu’il fut ponctuellement utilisé par le Président Senghor, comme instrument politique de liquidation d’un prétendant au «Serignat», El Hadji Doudou Diop Moussé – qui avait comme chalenger El Hadji Momar Marieme Diop, après le rappel à Dieu de El Hadji Ibrahima Diop. Senghor, qui ne supportait pas les accointances du postulant déchu avec l’opposition clandestine d’alors, le PRA-Sénégal, devait user de ce subterfuge politique pour le mettre hors-course. Non sans avoir engendré des dommages collatéraux, que sont ces clivages dont la Collectivité Léboue peine toujours à s’affranchir.

Et, ironie de l’histoire, ce sont les mêmes, qui dénonçaient à cor et à cri ce fait du Prince, qui «invitent» aujourd’hui le Président Macky Sall à commettre la même inadmissible ingérence! Avec, pour tout argument, la prétendue préséance d’un certain patronyme ! Et si les descendants de Léopold Sedar Senghor, à leur tour, se levaient un beau jour pour prétendre que quiconque voudrait briguer la magistrature suprême du Sénégal, devrait forcément avoir comme nom de famille « Senghor« , sous prétexte que c’était le patronyme du premier président du Sénégal indépendant ! Ça nous mènerait où ? Cette thèse exclusiviste est dangereuse pour la stabilité et la cohésion de la Collectivité Léboue, où certains discours irresponsables rappellent – qu’à Dieu ne plaise – le douloureux syndrome rwandais, entre Hutus et Tutsis. Il n’y a en effet rien de plus périlleux que de vouloir transposer une mentalité seigneuriale d’un âge éculé, à celle du 21e siècle, marquée par le modernisme, la lutte contre les inégalités sociales, les préjugés sociaux et les castes. La transmission héréditaire du pouvoir est révolue !

C’est le lieu d’ailleurs de saluer la vision unificatrice de l’honorable Seydina Limamou Laye – qui repose justement dans ce village traditionnel lébou de Yoff, où des tenants du clanisme sont venus tenir leur discours sectaire. Le fondateur de la confrérie Layéne a eu, très tôt, la clairvoyance de prévenir toutes formes de stigmatisations sociales basées sur le patronyme, en reléguant, avant l’heure, à l’arrière-plan tous les noms de familles des disciples de sa confrérie, au profit de l’unique patronyme béni, « Laye« . Que s’échangent mutuellement, dans la bonne humeur, lors de leurs salutations d’usage, nos coreligionnaires Layénes, démystifiant ainsi tout label ethnicisant.

Les Lébous ont signé beaucoup de protocoles avec la puissance coloniale ; conclu pas mal de pactes et d’accords avec les différents Damels, qui se sont succédés sur le Trône cayorien. Mais où ont-ils consigné que pour diriger la Collectivité il fallait impérativement être un « Diakhoumpa » ou un « Diop » ? Ce n’est écrit nulle part – qu’on en produise les preuves ! C’est une mystification de l’histoire, sciemment entretenue, qui a du faire prospérer un tel postulat. Le plus inculte des Lébous sait que la fonction coutumière de Grand Serigne de Dakar «ap ndinkaané la», comme aime dire les anciens. C’est une charge traditionnelle que les Lébous, réputés démocrates et contestataires dans l’âme, confient à qui ils veulent, par consensus. La Collectivité Léboue n’étant dotée ni de Constitution ou de Règlement intérieur, à l’instar de la plupart des communautés traditionnelles qui privilégient la tradition orale.

Il s’y ajoute que ces manœuvres malsaines de préséance entre patronymes sont une insulte à la mémoire des précédents Serigne Ndakaaru, dotés de noms de famille différents. A l’instar du 3e Grand Serigne de Dakar, Elimane Diol (1831-1855), de filiation matrilinéaire léboue mais d’ascendance paternelle toucouleur. Ou de son fils, Alpha Diol, qui régna près de 50 ans (1896-1942) sur tous les lébous de la Presqu’île du Cap-Vert, et d’ailleurs ! Sans oublier bien sûr le Grand Serigne de Dakar Matar Sylla, intronisé par une frange dissidente de la Collectivité Léboue, après que celle-ci eut contesté l’autoritarisme du fils-héritier de Dial, en 1831. Et le 18e Serigne Ndakaru El Hadji Bassirou Diagne, qui aura hautement tenu ce magistère pendant 27 ans !

Ainsi, l’histoire démontre à suffisance que le flambeau du «Serignat», incarnation par excellence des valeurs coutumières et culturelles léboues, n’a jamais été la propriété d’une famille, encore moins d’un quelconque patronyme. Ce sont les Lébous (et non l’Etat du Sénégal) qui l’ont toujours souverainement confié à un des leurs, dès lors que celui-ci se montre digne de confiance, à la hauteur de ses responsabilités, et apte à défendre les intérêts matériels et moraux de la communauté. Ce qui témoigne, encore une fois, de la spécificité de cette communauté traditionnelle ancestrale, dont la vitalité démocratique lui aura permis de résister à l’usure du temps, aux vicissitudes de l’histoire et aux manipulations politiciennes de tous bords. Qu’on arrête donc, de grâce, de ternir l’image de notre vaillante communauté, en appelant systématiquement l’Etat «Au secours», pour la résolution d’un problème d’organigramme, qui est du ressort exclusif de la Collectivité Léboue !

PS : Ces principes fondateurs seront rappelés, à l’occasion de l’intronisation du Jaraaf Mor Diop Ndoye, ce dimanche 24 Avril 2016, à Ndiar Tijane, dans la commune de Diender, par le Grand Serigne de Dakar, Chef Supérieur de la Collectivité Léboue et Ambassadeur Itinérant auprès du Chef de l’Etat, Pape Ibrahima Diagne.

Dakar, le 23 Avril 2016

Le Conseil Supérieur

des Grands Dignitaires

de la Collectivité L’éboue

5 Commentaires

  1. Et à la principauté de Monaco ? Au royaume d’Espagne, en Angleterre, au Danemark, sans oublier au Maroc tout proche ? Les Lébous n’ont pas de Royaume, mais on doit quand même les laisser mener leur affaires ! Ceux qui s’offusquent de voir le grand serigne A Mactar Diop et l’ ensemble de cette communauté défendre leur statut n’ont qu’à aller d’où ils viennent pour organiser leur chefferie traditionnelle ! Partout en Afrique de l’Ouest, les chefs coutumiers sont organisés et reconnus par leur état! Ne faisons pas comme s’il n’ y avait qu’au Sénégal où les traditions sont fortes !

    • C’est plutôt ton « Laye Foureul Diop » qui doit retourner d’où il vient: du Cayor, d’où ses ancêtres sont originaires. Les lébous authentiques, dans leur hospitalité légendaire, les ont accueillis (comme ils l’avaient d’ailleurs fait pour les missionnaires catholiques). Ils ont même généreusement donné aux anciens Cayoriens, que sont les « Diop », des épouses (comme la digne kheury Mbengue). Et voilà que ces « dokhandém » veulent aujourd’hui être plus royalistes que le roi en prétendant que « kou santoul Diop dou touss ». Ils sont devenus fous ou quoi!

  2. L’analyse et la problématique sont sont bien posées.Est ce que ceci ne serait pas le problème crucial et majeur :posé `que celui-ci se montre digne de confiance, à la hauteur de ses responsabilités…?La solution ne serait ce pas alors un dialogue ouvert pour trouver une personne commune responsable qui fasse de part et6b d’autre CONSENSUS?Les choses ne devraient rester en l’état plus longtemps

  3. (A « Maïmoune ») C’est plutôt ton « Laye Foureul Diop » qui doit retourner d’où il vient: du Cayor, d’où ses ancêtres sont originaires. Les lébous authentiques, dans leur hospitalité légendaire, les ont accueillis (comme ils l’avaient fait pour les missionnaires catholiques). Ils ont même généreusement donné aux anciens cayoriens, que sont les « Diop », des épouses (comme la digne kheury Mbengue). Et voilà que ces « dokhandém » veulent aujourd’hui être plus royalistes que le roi en prétendant que « kou santoul Diop dou touss ». Ils sont devenus fous ou quoi!

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