La France et ses musulmans : le laboratoire d’intégration du monde nouveau

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Ce qui se passe en France dans le but de préserver une identité féerique ou de contrer le modèle arabo-musulman tentaculaire, c’est exactement ce que les africains font, à chaque fois qu’au nom des valeurs traditionnelles, les mouvements progressistes sont accusés de larbins au service des forces étrangères. Il est exagéré de parler de choc des civilisations, c’est un processus normal de confrontation et de dialogue qui est en marche. Le burkini, la prière dans la rue et l’interdiction du  hijab dans les lieux publics en sont les prétextes et les catalyseurs.

C’est compréhensible que les français, par souci de conservation, se braquent. Nous aussi, africains, n’avons jamais cessé d’afficher fièrement cette position de repli, de l’époque coloniale à aujourd’hui. Ils ont tort d’envisager la France telle qu’elle a déjà été : autoritaire et dompteuse à tout-va. Liberté et laïcité, voilà des valeurs qui exigent le respect des croyances quelles qu’elles soient, à la condition qu’elles ne nuisent pas raisonnablement. À mesure que les lois et les juridictions encadreront sans parti pris les comportements citoyens et protégeront les convictions dans leur diversité, l’État de droit se renouvellera et se modernisera sans cesse. L’occident s’est lui-même tiré une balle au pied.

La différence entre eux et nous, c’est que pour nous, la résistance au changement se traduit en élan de refus alors que pour eux, elle parait comme un dépôt de bilan. La France et ses semblables veulent renoncer au passif des conquêtes mercantilistes et rentables, aux incontournables effets sociaux engageants. Celles qui portent le burkini et le hijab et qui excitent les adeptes de la pensée unique le font de la même manière que l’expansionnisme colonial s’était arrogé la liberté de s’imposer : modifier sans se transformer. « Allez, peuples ! Emparez-vous de cette terre (Afrique). Prenez-la. À qui ? À personne », disait Victor Hugo.

Il faut croire que la prédominance des valeurs de liberté, égalité et fraternité n’est envisageable que dans le moule judéo-chrétien ou, à tout le moins, dans l’expression antireligieuse de la citoyenneté. « J’ai beaucoup réfléchi et j’en suis arrivé à cette conclusion. Il faut interdire l’islam en France, mais aussi déclencher un plan Marshall pour permettre à ceux qui veulent pratiquer la religion musulmane de le faire dans leurs pays d’origine », avait dit l’ex-maire de Venelles, Robert Chardon. Cette intransigeance n’est pas représentative de l’opinion française, me direz-vous? Non, mais elle traduit nettement la négation des mutations, la fermeture à toute différence.

Est pris qui croyait prendre. La France se débat difficilement dans ses propres artifices et arrangements juridiques qui l’ont propulsée maître-penseuse du monde. Dorénavant, les musulmans, devenus français par la force de sa majesté le capital, réclament leur part dans l’universalisme longtemps prétexte promu à souhait.

La logique de l’amitié du cavalier avec son cheval ne fait plus recette. La France en particulier et l’occident en général ont du mal à assumer leur responsabilité et leur passé de coupeur de route. Encore aujourd’hui, le Japon pratique des politiques explicites de pureté ethnique. La Corée, ayant été annexée par le Japon en 1910, les Coréens étaient devenus administrativement des Japonais. Sur les deux millions de coréens qui avaient été amenés à vivre au Japon, un grand nombre ont été retournés chez eux après 1945. Jusqu’à maintenant, parler le japonais et se comporter culturellement comme les Japonais est un critère essentiel dans l’octroi de la citoyenneté japonaise.

Birame Waltako Ndiaye

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3 Commentaires

  1. Le problèmes ont commencé avec l’arrivée d’une idéologie sournoise et mortifère: le salafisme. Aucun pays n’est à l’abri. Le Sénégal y compris.

  2. Ignorer le fait que les représentants du pouvoir français passent par un moule avant d’arriver au pouvoir, c’est passer à côté de ce qui cause les différents débats. Et surtout cela empêche de comprendre que le combat des différents pouvoirs français n’est pas dirigé que contre l’Islam, ou l »islamisme, ou le burkini, ou la prière de rue. Il n’est pas dirigé que contre la culture africaine. Il n’est pas pour l’intégration des cultures des différentes communautés d’immigrés. Le combat des différents pouvoirs français est aussi et surtout un combat contre le peuple français, contre sa culture, contre sa démocratie, contre ses religions.
    Je rappelle juste que le peuple français a voté Non à une écrasante majorité contre Maastricht (Traité sur l’Union Européenne), mais le pouvoir français est passé outre la décision du peuple français. Je rappelle que le peuple français s’est opposé farouchement au mariage pour tous, le pouvoir français est passé outre. Et la dernière trouvaille du pouvoir français, c’est de ne plus demander l’avis du peuple, étant compris que le pouvoir est désormais toujours contre le peuple. Et la loi travail n’est pas passé en référendum. Des mois de nuits debout n’ont pas empêché au pouvoir français de piétiner la volonté de son peuple.
    Franchement, il faut croire à l’idéalisme enseigné dans les livres pour voir une homogénéité entre peuple et pouvoir français. Et la conclusion à en tirer ne pourra en rien ressembler à la réalité.
    La vérité est que l’idéologie que les différents pouvoirs français déroule sur le terrain, cette idéologie qui vaut les combats contre les burkini, contre les prières de rue, contre les barbes, est la même qui est contre la libération de la France par rapport à l’Europe. Elle est la même idéologie qui défend les mariages pour tous, elle est la même qui impose au peuple français la loi travail. C’est une idéologie qui est aussi bien contre les peuples arabes et africains que contre le peuple français.

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