« Face aux manquements de ADVENS la société propriétaire de la SUNEOR, pourquoi le gouvernement ne dénonce-t-il pas le protocole qui le lie à cette structure. Cela dure depuis trois ans et les choses vont de mal en pis. Il faut arrêter Abbas Jaber. » La grogne enfle chez les Opérateurs Privés Stockeurs(OPS) mais aussi chez les paysans producteurs d’arachides qui ne comprennent pas que la société de Abbas Jaber, la SUNEOR ne puisse respecter ses engagements vis-à-vis du peuple sénégalais. Après avoir reçu sur un plateau d’or l’une des entreprises les plus porteuses de plus values au Sénégal- la SONACOS dénommée SUNEOR après son achat-, Abbas Jaber est en train d’asphyxier une bonne partie des populations sénégalaises. La campagne de commercialisation arachidière de cette année en est une parfaite illustration. Au 20 février 2011, la SUNEOR avait acheté 25 360 305 661frs soit une collecte globale de 146 487 tonnes sur une prévision de 195 000 tonnes. Mais l’huilier n’avait décaissé que 3 095 749 963 frs soit une dette de 22 264 555 678 F CFA due aux paysans alors que 485 camions étaient en attente de déchargement devant ses différentes usines sauf à Tambacounda où il n’y a pas eu de collecte cette année avons-nous appris. La Novasen et le Complexe Agro-Industriel de Touba doivent également aux paysans près de trois milliards FCFA. Mais l’inquiétude du monde rural est plus prégnante concernant la SUNEOR. Depuis trois ans en effet, le financement de la collecte arachidière connaît moult perturbations. La campagne 2008-2009 a marqué de manière indélébile les producteurs d’arachides qui ont espéré durant des lustres que les huiliers achèteraient leurs graines. Vain espoir.
Cette année encore, les choses se dessinent de cette manière malgré une très bonne production estimée à plus d’un million trois cents tonnes d’arachide, l’engagement de collecte des huiliers se chiffre à 295 milles tonnes dont 195 000 t pour la SUNEOR alors que ses usines peuvent triturer plus d’un million de tonnes d’arachide. La SUNEOR va certainement atteindre ses objectifs de collecte mais à quel prix ? « Ce sera sur le dos des paysans » révèle un opérateur stockeur arachidier. « Car la plupart des paysans sont obligés de livrer leurs graines aux huiliers en particulier à la SUNEOR. Cette dernière va négocier un financement au près des banques pour régler sa dette. Les banques locales ont fait ce qu’elles pouvaient particulièrement la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS). » Pour notre interlocuteur, « les paysans devront prendre leur mal en patience car la SUNEOR est très endettée et les banques lui font confiance difficilement.
Elle devra convaincre les banques off shore et à ce niveau, c’est presque du donnant-donnant. Il faut que la SUNEOR propose une garantie sur le marché. » L’injonction du premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye qui avait convoqué les banquiers et les huiliers à la mi-janvier pour trouver une solution au financement de la campagne arachidière avait sonné comme une belle alerte pour les paysans. L’ultimatum fixé aux huiliers et aux banquiers qui était de quinze jours est largement dépassé et les paysans attendent encore leur argent. Car dans le monde des affaires, il faut qu’il y ait une confiance absolue entre les différentes parties pour que ce type d’intervention soit efficace nous précisera-t-on. Déjà que l’Etat n’est plus très crédible aux yeux des banques car les lettres de confort qu’il avait remis aux huiliers n’ont presque aucune valeur auprès des établissements financiers, allez savoir quel crédit, il faut accorder à Abbas Jaber qui a acquis la SUNEOR dans des conditions fort nébuleuses comme l’explique le rapport de la Cour des comptes.
Les paysans producteurs d’arachide sont aujourd’hui désorientés par la posture de la SUNEOR. Ceux d’entre eux qui ont choisi de vendre directement à l’usine le regrettent car ils sont obligés de négocier leurs bons pour vivre alors que les autres qui ont vendu aux Opérateurs Privés Stockeurs s’interrogent. « Verrons-nous un jour la couleur de notre argent ? Tout cela par la faute de Abbas Jaber » s’écœure-t-on.
Pape Amadou FALL
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