Le palais a un hôte de taille depuis le début du procès de Karim Wade. Il s’agit de la mère de l’inculpé, Viviane. L’ex-Première dame assiste son fils comme les avocats. Regard sur une maman.
Viviane Wade n’est pas partie au procès, mais fait partie du décor. Elle ne passe pas inaperçue. Pour du baume au cœur et de la force, Karim Wade a juste besoin de regarder droit du box des accusés. Les militants se font de plus en plus rares, mais il est sûr de compter sur la présence de sa mère à l’audience. Le procès est pour l’ancien ministre un instant de liberté. Karim Wade en profite pour manifester sa patience et son espoir de victoire à la fin du jeu. Sa mère lui vient en soutien. Elle est ponctuelle. Depuis le début du procès, elle arrive dans la salle d’audience aux environs de 9h 40mn sous les applaudissements de ses sympathisants. Elle répond souvent par le sourire. Une fois sur son siège, ses inconditionnels viennent lui serrer la main. Elle échange des civilités avec les avocats qui assurent la défense de son fils. La voix ne s’élève guère. Certains de ses interlocuteurs rient. D’autres acquiescent. Des remarques, il n’en manque pas. Tout entre dans la stratégie de défense. Son fils regagne le box des accusés avant 10h. Les habits qu’il porte demeurent blancs, couleur qui symbolise la pureté, mais dans ce cas d’espèces l’innocence. Et tous ses militants se lèvent, s’écrient et proclament «Karim Wade président». Sa maman les accompagne dans leur position debout et leurs applaudissements.
Communiquer par le regard
L’ancienne Première dame regarde son fils dans les yeux. Ce dernier distribue du sourire et multiplie ses signes de victoire. La tension monte du côté des Forces de l’ordre. Après un mois de procès, les gendarmes semblent maintenant comprendre le jeu. Il n’y a pas de péril. Tant que la Cour de répression de l’enrichissement illicite n’a pas regagné la salle d’audience. Le fils et sa maman communiquent par le silence. Viviane Wade n’est pas autorisée à se rapprocher du box des accusés où des éléments encagoulés de l’unité spéciale de la garde pénitentiaire veillent sur les détenus. Ils ne s’usent guère d’accompagner Karim Wade jusqu’à la porte des toilettes. Les mouvements sont interdits. De temps à autre, les avocats de Karim assurent des commissions de maman. Il est 10h. L’audience reprend. Viviane Wade distribue des points aux avocats qui assistent son fils. Ils rivalisent d’éloquence, de pertinence et de ruse. Certains pour tromper la religion de la Cour. Mais le silence des juges fait leur souveraineté et leur puissance. A la longue, s’asseoir fait souffrir.
Elle passe la pause au Palais de justice
Soudain, Viviane Wade se lève. Son garde du corps se rapproche. Il l’escorte vers les toilettes. Elle emprunte les allées pour sortir par la petite porte. Quelques minutes plus tard, elle discute avec ses voisins de la salle d’audience. Parfois, de grands responsables Libéraux jouent au majordome à sa faveur. L’heure de la pause est fixée à 13h. Elle est sonnée après trois heures de débats. Les uns et les autres se précipitent pour trouver de quoi déjeuner. D’habitude, l’ex-présidente de la Fondation éducation-santé prenait congé de ses interlocuteurs. Le plus souvent, elle partait avec Me Madické Niang. Lundi dernier, Viviane Wade a passé la pause dans la salle d’audience, palabrant en douce avec ses connaissances jusqu’à la reprise. A 14h 52mn, son fils retrouve sa place habituelle. Le même rituel s’est produit. Sa mère ne s’est pas privée de se relever. C’est parti pour un après-midi de bataille et d’interrogatoire. L’ancien directeur des Aéroports du Sénégal, Mbaye Ndiaye, répond aux questions de la Cour, du Parquet, de la défense et de la partie civile. Viviane ne prend pas note. Mais sans doute, son époux Abdoulaye Wade aura droit à des comptes rendus.
Le Quotidien