Le calvaire des enfants mendiants du Sénégal

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La place d’un enfant n’est pas dans la rue, mais auprès de ses parents, au sein de sa famille, dans une salle de classe, dans une cour d’école ou de maison avec ses pairs. Cependant, dans certains pays d’Afrique comme le Sénégal, voir des enfants mendiants dans la rue relève de la banalité. Habituée à leur souffrance culturelle normalisée, la population ne s’indigne pas devant cet horrible fléau qu’est la mendicité des petits. Ils sont exploités et exposés à divers risques par des adultes sous le regard silencieux, donc complice, de la société entière.

On connait la  chanson ;  les enfants sont les citoyens de demain. On se la raconte sans aucun investissement ou mesure favorable à la formation de la citoyenneté à l’endroit des enfants  mendiants. Peut-on croire vraiment à l’exemplarité de la citoyenneté d’un enfant dont ses parents, l’État et la société n’ont rien su faire pour qu’il devienne un jour  l’adulte espéré, c’est-à-dire bien éduqué, en santé, doté de belles valeurs et de belles qualités, patriotique et capable de contribuer au développement du pays et d’investir sur le développement des enfants à son tour? Non. C’est de l’utopie.

En me fiant à l’exemple du Sénégal, ces futurs citoyens de demain ayant passé une grande partie de leur vie dans la rue à travers la mendicité sont pour la plupart exploités par certains maîtres coraniques qui, à la demande des parents, sont chargés de leur apprendre le coran. Ayant des dizaines d’enfants à leur charge, ces maîtres coraniques retournent la responsabilité de leur survie et celle des enfants dans les mains de ces derniers. Cela n’est rien d’autre qu’une sorte d’exploitation des enfants maquillée dans l’éducation religieuse islamique. Cette traite profite, dans l’immédiat, aux maîtres coraniques concernés, elle déresponsabilise les parents biologiques de leur rôle parental à assurer protection et développement sur tous les plans à leurs enfants sous le laxisme de l’État sénégalais qui n’a pas su se doter de structures institutionnelles efficaces  pour protéger les enfants contre les conséquences néfastes de la mendicité. Et ce ne sont pas des textes de loi stipulant la protection de la jeunesse qui manquent, ils sont juste non appliqués, leur mission première annihilée par l’état des mentalités, d’où le travail de sensibilisation à faire  au sein des populations.

Qu’on se dise la vérité : l’Afrique ne sera jamais développée tant qu’une bonne partie de ses enfants sont privés d’éducation, de développement et de sécurité durant les périodes les plus cruciales de leur vie; l’Afrique ne sera jamais développée tant qu’une bonne partie de ses enfants sont abusés sexuellement, négligés, maltraités physiquement, verbalement et psychologiquement. Mes mots heurtent, mais il suffit d’interroger les enfants mendiants pour se rendre compte de tous les abus et maltraitances dont ils ont été victimes. Cette situation ne peut plus durer.  Il est grand temps que les adultes changent leur rapport et leur regard envers les enfants, ce sont des êtres humains à part entière qu’on se doit de respecter et de protéger. L’Histoire met en évidence plusieurs traites et  injustices sociales faites par des humains sur d’autres humains. Mais ne sommes-nous pas en train d’écrire une page de l’Histoire où l’indignation et la dénonciation sur le sort des enfants sont sans écho? L’empathie des adultes, où-est-elle?

Seule la volonté des populations  permettra d’inciter l’État à prendre ses responsabilités envers les enfants. Depuis fort longtemps, les pays développés ont, à travers leur trajectoire, entre autres réussi le pari d’investir sur leur jeunesse, de se consacrer à leur avenir pour un meilleur lendemain. Qu’attend l’Afrique pour le faire? Qu’attend-elle pour éradiquer la mendicité de ses enfants?  La journée mondiale de l’enfant africain – le 16 juin –  est une journée –   comme les 364 autres –  pour souligner notre responsabilité envers  les enfants, la défense et la promotion de leurs droits. C’est une belle occasion pour crier l’urgence de sortir les enfants de cette traite qu’est la mendicité, entre autres de leurs maux, et de leur octroyer un environnement sain et sécuritaire favorable à leur développement. D’ailleurs, c’est en cette journée que le Collectif DOYNA STOP à la mendicité des enfants, groupe d’activistes communautaires, vous invite à le rejoindre à 16 h à la place de l’Obélisque à Dakar pour une marche de deux heures dédiées à l’enfant africain.

Souvenez-nous du plus difficile pour les adultes, comme nous le dit le Petit Prince de Saint-Exupéry : « Toutes les grandes  personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent ». C’est aux adultes de répondre aux besoins des enfants et non l’inverse.  Notre rapport à l’enfance et à la jeunesse doit évoluer.  Pour ce faire,  le rôle de l’État est crucial sur le phénomène, mais le changement des mentalités des populations l’est tout autant. L’Afrique doit faire de sa jeunesse sa priorité.

Salimata Sall, membre du Collectif DOYNA STOP à la mendicité des enfants.

 

4 Commentaires

  1. En tout cas, pour le monde entier qui est informé sur le cas de ces enfants réduits en esclaves par des trafiquants venus de la Guinée Conakry, de Bissau, de la Gambie et même du Mali, ce sont les familles Sénégalaises qui se comportent tels des animaux, et encore, certains animaux n’abandonnent jamais leurs progénitures dans la souffrance ! Les gouvernements des pays d’origines de ces enfants doivent être obligés par notre gouvernement à récupérer ces enfants, chacun en ce le concerne ! Pour tout étranger qui débarque au Sénégal, le peuple Sénégalais est un peuple inhumain, et je les comprends ! Qui peut m’indiquer une famille Léboue qui laisserait ses enfants dans les rues ? Moi je ne ferais même pas pour Dieu !

  2. Le monde entier nous regarde et décrie ce fléau choquant et persistant.On en parle depuis l’aube de l’indépendance.Quand allons nous trouver une solution convenable au calvaire de ces pauvres enfants taillables et corvéables à la merci de charlatans malfrats. La qualité d’une sociétése mesure comment elle traite ses enfants

    • Quand? demandes-tu.
      Lorsque les autorités politiques de ce pays n’auront plus peur des dignitaires religieux. C’est aussi simple que ça!

  3. Il n’ y a aucune famille Sénégalaise qui laisse ses enfants dans nos rue ! Ne soyons pas hypocrite , il faut que ces enfants étrangers vet leurs exploiteurs rentrent chez-eux, à défaut de les traduire en justice au Sénégal ! Le Sénégal est sali partout dans le monde parce que toutes les chaines d’Asie, D’Amérique Latine rediffusent »ENVOYE SPECIAL de FRANCE 2

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