Les chaînes de l’esclavage ne sont pas totalement brisées sur le continent noir. Bien qu’indépendants, les pays africains restent encore tributaires des institutions de Bretton Woods. Ce qui demeure une évidence aux yeux du cardinal Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar, qui était en visite à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Halte au «diktat» des institutions monétaires internationales ! Les pays africains doivent rompre les chaînes de l’arrimage. «Sincèrement, jusqu’à présent, nous laissons trop les autres penser, faire pour nous, dicter le développement qu’il nous faut. Nous sommes trop esclaves des injonctions de la Banque mondiale, du Fmi», estime le cardinal Adrien Sarr. A son avis, l’université doit renverser cette tendance. «Ce temple du savoir doit former ces cadres qui, demain, seront capables de penser le développement et de le conduire. Chacun se dévouant de son mieux et arrivant à dépasser ses intérêts personnels, du groupe, pour penser au grand intérêt de la Nation, se dévouer afin que son pays se développe, compte dans le monde», a déclaré, samedi, son Eminence lors d’une visite à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) notamment au rectorat, au Conseil restreint de l’Assemblée de l’université et à l’Association des chrétiens des universités sénégalaises (Acus).
Pour que l’université soit «le temple de la culture»
L’ancien évêque de Kaolack souhaite que l’université soit «le temple de la culture, la matrice qui veut aider nos sociétés sénégalaises à élaborer la nouvelle culture qu’elle doit avoir». «Nous avons des cultures traditionnelles de nos ancêtres, mais la modernité est là. Nous devons travailler à allier les richesses de nos cultures ancestrales à la modernité. Nous Africains, nous devons croire davantage à nos cultures, à nos richesses pour qu’en nous appuyant sur ces richesses culturelles, nous puissions arriver à penser nous-mêmes notre propre développement et à conduire nous-mêmes notre propre développement», prône-t-il.
Invitant les étudiants à plus développer «la citoyenneté», l’archevêque de Dakar émet le vœu de voir l’Ucad être «une université phare en Afrique, une université temple de la réussite où les étudiants apprennent à se respecter mutuellement, à reconnaître chacun la foi de l’autre, à la respecter, à vivre ensemble dans la paix, dans le partage, dans la volonté de construire ensemble une Nation où tout humain peut s’épanouir».
L’université doit aussi se tourner vers la laïcité. «C’est l’une des premières garanties de la paix sociale, parce que cette laïcité permet à tout citoyen du pays, quelles que soient son ethnie, sa religion, d’être à part entière», affirme-t-il.
Se «réjouissant» de la rencontre, le recteur de l’université a indiqué que la laïcité n’est pas un vain mot à l’Ucad. «(…) L’une des caractéristiques les plus absolues de notre université publique est d’être laïque. Nous tenons fermement à cette caractéristique-là, car elle est la garante la plus sûre d’une cohabitation harmonieuse et d’une collaboration fructueuse entre tous, croyants et non-croyants, musulmans, chrétiens et pratiquants d’autres religions», a-t-il relevé. «Vous et nous sommes des enseignants, et il était normal que nous nous rencontrions et échangions sur ce que les uns et les autres peuvent apporter comme contribution à l’avancement de nos ouailles et disciples communs dans le savoir, la science et, complément indispensable, la spiritualité et la responsabilité», a déclaré professeur Saliou Ndiaye, recteur de l’Ucad.
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