Le jeu trouble et troublant des présidents Condé et Aziz

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Le communiqué de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU décrète l’amnistie pour Jammeh et ses proches, la préservation de ses biens… est un faux. Chronique d’une malaise qui renseigne sur le jeu trouble des présidents Condé et Aziz.

Les présidents Alpha Condé et Aziz se sont-ils permis quelques libertés dans la gestion du cas qui est, depuis samedi soir, en exil en Guinée Equatoriale après une escale à Conakry. Selon le Chef de l’Etat de la Guinée, Alpha Condé : « nous avons évité une guerre ». « C’est une victoire pour les partisans de la paix contre les prêcheurs de la violence et ceux qui battent les tambours de la guerre croyant pouvoir régler ce problème par cette option », glisse son homologue mauritanien. Une déclaration pour le moins choquante, si on sait que dans cette affaire, le seul partisan de la guerre c’est Jammeh qui avait refusé de quitter le pouvoir. Au contraire, la CEDEAO n’a fait que prendre ses responsabilités et, quant même, elle aura fait preuve de patience en reportant à plusieurs reprises l’assaut prévu pour déloger Yahya Jammeh.
« Les gambiens sont très remontés contre les deux présidents qui ont toujours fermés les yeux sur les dérives de Jammeh. Ils ont attendus le dernier moment pour s’incruster dans la médiation. Si le président Macky Sall a fait preuve d’un leadership remarquable, allant même jusqu’à demander à son ministère de l’Intérieur de prendre en charge les 57.000 déplacés gambiens, Condé et Aziz se sont livré à un comportement pour le moins troublant », soutient un diplomate occidental en poste à Banjul.
La preuve par ce fameux communiqué, qui porte la signature de la CEDEAO, qui a été publié quelques heures après le départ de Yayah Jammeh, intitulé : »amnistie totale accordée à Yahya Jammeh ». La communauté internationale remercie la médiation, décision prise à la suite de l’Autorité de la CEDEAO le 17 décembre 2016 à Abuja, les efforts de médiations, y compris les visites à Banjul, ont été entrepris par le président de l’Autorité des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO, Sirleaf, le médiateur, son Excellence le président Muhammadu Buhari et le Co-Médiateur sur la Gambie, son ancien président John Dramani Mahama, ainsi que Son Excellence Ernest Bai Korona pour méditer sur l’impasse politique en Gambie.
Une fois n’est pas coutume, le ministre sénégalais des Affaires Etrangères, Mankeur N’diaye est monté au créneau pour préciser que le communiqué n’émane pas de la CEDEAO. Le chef de la diplomatie sénégalaise n’est pas entré dans les détails mais selon des sources autorisées de Libération, le document contient toutes les propositions faites par Yahya Jammeh et que la CEDEAO avait formellement rejetées comme nous le relevions. N’empêche, les mêmes interlocuteurs croient savoir qu’Aziz et Condé ont « validé » le communiqué sans avoir reçu l’aval de la CEDEAO, de l’UA ou de l’ONU.
Pire encore, les deux chefs de l’Etat ont fermé les yeux sur un pillage éhonté des ressources de la Gambie. En effet, un avion-cargo immatriculé au Tchad a été spécialement affrété pour convoyer une dizaine de voitures de luxe dont Jammeh réclame la paternité. Auparavant, plusieurs camions ont fait des allers-retours entre le State House et l’aéroport de Banjul pour transporter « des bagages ». Aujourd’hui la vraie question que l’on doit se poser est de savoir avec combien de millions de dollars Jammeh est parti, lui qui aura, au-delà de ses crimes, pillé les ressources de la Gambie depuis 22 ans.

Par Abdourahmane Diallo (Stagiaire)

1 COMMENTAIRE

  1. Toute personne qui parcourt les médias sénégalais, aujourd’hui, notera que les souteneurs de Macky Sall, au lendemain de l’accord en Gambie, se sont partagés sur deux lignes de communication. Le premier groupe s’est mis sur l’option de fermer les yeux et répéter: « bravo Macky, pour votre leadership, votre claire voyance, vous avez fait partir le dictateur, vous avez évité le bain de sang, vous avez mené l’affaire d’une main de maître », etc. Le deuxième groupe s’est lancé sur l’option de dénigrer le communiqué officiel, parce que, oh malheur, ce communiqué a commis le péché de lège majesté de n’avoir pas prévu de marge pour y greffer la peinture de Macky. La CEDEAO a beau être un organisme inter-africain elle ne comprend pas encore la susceptibilité du Sénégal sous pouvoir des légionnaires avec leurs dames de compagnie. La communication pour la peinture de Macky étant un sport national ici, une affaire internationale qui ne prévoit aucune marge pour peindre le leadership de Macky devient une offense impardonnable. Alors, tant pis pour la réussite de la CEDEAO, tant pis pour la guerre évitée en Gambie, ils n’ont pas prévu de permettre de faire porter le chapeau à Macky, alors, ils vont tous en prendre pour leurs grades. Particulièrement Condé et Abdou Aziz, que le communiqué a osé féliciter sans citer Macky. Tous ces gens qui n’ont pas mis Macky au devant des médias pour dire, comme Mbagnick Ndiaye, « Fii kèn dou dara, Macky rek mooy dara ». Alors, pour avoir commis ce gros péché, le communiqué de la CEDEAO, aura beau être endossé par l’ONU (la preuve ici: tinyurl.com/h9ezow5) les dames de compagnés seront chargés de le détruire. Alors, ça commence. Et on a tout lu dans ce chantier: que le communiqué est signé par des gens non habilités à le signer, que c’est un communiqué qui ne reflète pas ce qui a été retenu, voir même qu’il est tout simplement faux.
    On retrouve dans la communication de Macky, encore, ce fonde la chanson célèbre du duo Pape et Cheikh. Ici, elle devient: « Joxlèen ñu succès politique bi, mbaa ñu wénngal gaal gui »

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