Les Journalistes et leurs sources : La grande duperie !

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Prenant prétexte de la récente arrestation des 2 journalistes de l’OBS et celui du Le Quotidien, nous réactualisons un article que nous avions écrit en mars 2012, sur la problématique des sources des journalistes.
En effet, comme on le sait, les sources ont bon dos. Les journalistes se permettent souvent d’être les relais de n’importe quelles informations pour ensuite évoquer le principe de la protection des sources afin de cacher leur origine douteuse. C’est -donc – comme un Chef d’Etat qui commet des crimes et les met sur le dos de la raison d’Etat, des « secrets d’Etat ».

Du point de vu des principes, tout le monde est d’accord que l’Etat doit avoir des secrets. Tout le monde est aussi d’accord que la loi doit garantir au journaliste la protection de ses sources. Source, entendue ici au sens large du terme.

 » La protection des sources est la pierre angulaire de la liberté de la presse dans une société démocratique ». Personne n’en disconvient. Toutefois, les codes d’éthique affirment clairement que la source fait partie intégrante de l’information et cette disposition n’est pas en contradiction avec le principe de la protection des sources.

En effet, le journaliste a l’obligation professionnelle de citer sa source. C’est cela la règle. Taire sa source c’est l’exception.
En effet, il peut arriver qu’un journaliste obtienne de manière assez confidentielle des informations, donc des informations dont la source n’est pas accessible. Cette situation semble être en contradiction avec l’article 1 de la charte des droits des journalistes de Munich, qui stipule que « les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés ».

S’il est vrai que l’on peut accéder librement à toutes les sources à quoi servirait – alors – la protection de celle-ci ? En vérité, la deuxième phrase de cet article de la charte de Munich décrit les cas où le journaliste a l’obligation professionnelle de taire sa source, mais dans tous les autres cas, il doit citer sa source.

En fait, lorsque le journaliste n’a pas un libre accès aux sources en raison du principe du « secret des affaires » dont « les motifs devraient être clairement exprimés », le journaliste peut faire appel à une source confidentielle pour servir l’intérêt général. Il a, dans cette situation, l’obligation de protéger sa source.

Et même dans ce cas, la charte des devoirs des journalistes a prévu des garde-fous pour éviter les abus.

D’abord, l’article 1 des devoirs des journalistes imposent à ces derniers le respect de la vérité. Ceci pour dire, que le journaliste doit être en mesure de dire si l’information qu’il a obtenue de manière confidentielle est vraie ou fausse. S’il n’est pas en mesure de se prononcer sur la véracité des informations, l’article 3 lui impose de « publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ».
Et l’article 8 lui interdit le « plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ».

Ici, il faudrait préciser qu’on peut avoir une source sans savoir l’origine des informations qu’il nous donne. En effet, on peut savoir que la source est proche de Macky sans savoir d’où viennent les informations qu’elle nous livre.

Aussi, l’histoire récente du journalisme a montré que les journalistes ne signent des clauses de confidentialité avec certaines de leurs sources que pour leurs intérêts personnels. C’est à dire avoir la possibilité d’avoir des scoops, ou si vous voulez de faux scoops. Et ces journalistes ne sont jamais en mesure de se prononcer sur la véracité des informations obtenues de manière confidentielle. Ils ne font confiance qu’à la bonne foi de leurs sources.

Et le Mercredi 14 mars 2012, nous avions vécu cette amère expérience avec le quotidien « l’Observateur ». Le journal de Youssou Ndour, soutient actif de Macky Sall, avait mis à sa Une, un plan de dévolution du pouvoir attribué à Wade.
Ainsi, pour les employés de Youssou Ndour, Wade prévoyait de mettre Karim Wade à la tête du sénat, Baldé à la Primature et Ndéné à la vice présidence.

En parcourant l’article, on pourrait constater que le journal de Youssou Ndour n’avait fait que répéter les confidences d’une source confidentielle, un proche du palais, qui du reste avait gardé l’anonymat. Il n’avait avancé aucune preuve. Voila un journal, qui faisait semblant de faire de l’information et même du journalisme d’investigation, alors qu’il n’était en réalité que le relais d’un camp politique.

En effet, les amis de Macky Sall avaient fait dire à l’Obs que Wade a un plan de dévolution monarchique du pouvoir pour ensuite utiliser cette information dans les débats et dire : c’est la presse qui en avait parlé. Pour reprendre, Arnaud MERCIER, Professeur en sciences de l’information et de la communication, il s’agit là d’un circuit de blanchiment de l’information sale. Et l’Obs a joué le sale rôle du blanchisseur.

Dans cette affaire, si l’Obs était honnête il dirait à ses lecteurs, nous n’avons aucun moyen de vérifier cette information et nous n’avons fait confiance qu’à la bonne foi de notre source. Mais cela est trop honnête pour sortir de la bouche d’un journaliste, qui est un menteur par définition.

Bonne fête de Korité ! Déwénati

Sadikh DIOP

Administrateur de l’Observatoire des médias

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