Les réseaux sénégalais de Hissène Habré

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En annonçant vendredi l’extradition de l’ancien président tchadien, Abdoulaye Wade savait qu’il aurait en face de lui une farouche résistance. En 20 ans de présence au Sénégal, Hissène Habré a tissé de solides liens. Plus que l’Organisation des Nations Unies, ses puissants réseaux au Sénégal ont fait reculer Abdoulaye Wade.

L’image du ministre des Affaires étrangères Madické Niang annonçant la suspension de la décision d’extradition d’Hissène Habré au Tchad en dit long sur le processus qui a abouti à l’annulation de la décision présidentielle. Le ministre sénégalais des Affaires étrangères a longtemps été l’un des principauxsoutiens de l’ancien dictateur tchadien dans l’entourage du président Wade. Pour l’avoir défendu en tant que avocat, Madické Niang connait bien les réseaux de Hissène Habré au Sénégal. Dans le proche entourage du président Wade, l’ancien dictateur compte de multiples soutiens. Comme Madické Niang, ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Justice, le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a été l’avocat de Habré. Le vice-président de l’Assemblée nationale Iba Der Thiam et le ministre du Tourisme Thierno Lo sont connus pour leur proximité avec l’ancien président tchadien. Ces personnalités proches du président Wade ont dû peser de tout leur poids pour éviter une mort certaine à Hissène Habré au Tchad.

En plus de ses alliés politiques, l’ancien président Tchadien dispose de solides relais au sein de l’élite religieuse. Pour l’annulation de la mesure d’extradition, les quatre principales confréries ont fait pression sur Wade. Serigne Mansour Sy, khalife général des Tidjanes, principal protecteur et guide religieux de Habré, est intervenu. Même s’il n’a pas fait allégeance aux mourides (une des principales confréries du pays), Hissène Habré bénéficie du soutien de Touba. La presse sénégalaise fait état de l’intervention de cette famille religieuse pour la suspension de la décision d’extradition. Il faut rappeler qu’Abdoulaye Wade est très lié à cette famille religieuse car il se targue d’être mouride. Les Layènes, une confrérie établie à Dakar, a également réagi en faveur de Habré.

Cette proximité  avec les grandes familles religieuses sénégalaises n’est pas nouvelle. En 2005, Serigne Mansour Sy, le khalife général des Tidianes (l’une des plus grandes confréries religieuses du pays) avait alors éconduits les défenseurs des droits de l’homme qui voulaient le convaincre de lâcher Habré. Le marabout avait promis à Habré qu’il ne sera jamais extradé. Ne voulant pas frustrer le marabout, les autorités avaient reculé.

Autre soutien de taille du dictateur tchadien, la grande famille religieuse de feu Elhadji Oumar Tall. Le gendre du défunt khalife général de cette famille, Thierno Mountaga Tall, est de la même promotion qu’Hissène Habré dans une école égyptienne. Une source révèle la proximité entre Habré et cette famille religieuse : «  Dès qu’il a débarqué à Dakar, Hissène Habré s’est rendu auprès des Tall pour leur dire : « désormais, vous êtes ma famille ». En 2001, lorsque la Chambre d’accusation devait se prononcer sur l’affaire Habré, la famille Tall a fait un intense lobbyng auprès du Président Wade, très sensible aux doléances des religieux. On connait le résultat ».

Hissène Habré qui vit chez les lébous, est très apprécié de cette communauté. Bassirou Diagne Marème Diop, le Grand Serigne de Dakar, une autorité coutumière léboue, est aussi monté au créneau. Youssou Diène, le Jaraaf (chef coutumier de l’ethnie Léboue) de Ouakam, un des villages traditionnels de Dakar où réside une des deux épouses de Hissène Habré, s’est insurgé contre l’extradition de l’ancien président tchadien. A Ouakam, l’ancien président tchadien est considéré comme un citoyen sénégalais. Au cours d’une rencontre co-organisée par le Collectif africain de soutien à Habré et la Collectivité léboue, des témoignages ont été faits sur le président Tchadien. « C’est un bon musulman qui partage avec nous les prières dans cette mosquée qu’il a aidé à ériger. Il n’hésite pas à soutenir les populations durant les fêtes religieuses », soutient un jeune de Ouakam. Les habitants de Ouakam étaient déterminés à bloquer le trafic de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, situé à quelques encablures de leur quartier.

Dans la presse des chroniqueurs influents comme le journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly, directeur de publication de la Gazette, et Mamadou Omar Ndiaye, directeur de publication du Témoin, ont eu à le défendre dans leurs écrits.

Hissène Habré vit à Dakar depuis son éviction du pouvoir en 1990 par Idriss Déby, actuel président du Tchad. Il est accusé de plusieurs milliers d’assassinats politiques et de torture systématique pendant les 8 années de sa présidence (1982 à 1990).

En juillet 2006, alors que la Belgique demandait son extradition, l’Union africaine avait donné mandat au Sénégal de le juger ‘’au nom de l’Afrique’’.

La justice sénégalaise avait inculpé Hissène Habré en 2000 de crime contre l’humanité avant de se déclarer incompétente. En 2007, l’Assemblée nationale a voté une loi qui déclare les tribunaux sénégalais compétents pour juger l’ancien chef d’Etat tchadien.

Ndèye Khady LO,  blog.slateafrique.com

1 COMMENTAIRE

  1. Quelle Honte pour le Senegal! cet homme a assassine des innocents de la Politique. des braves et vaillants hommes qui voulaient faire du Tchad un etat moderne ou l’egalite regne. CET HOMME A TUER MON PERE: Driss Ahamed ancien diplomate, politicien et homme d’affaires. Il doit etre juge et pendu comme il a fait a tant d’autres.

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