Macky Sall : La course à l’abîme a déjà commencé Par Abdourahim Niane

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« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. »
Bertolt Brecht,

La manière dont le pouvoir en place gère la crise universitaire au Sénégal fournit à ceux qui en doutaient encore la preuve que le Président Macky SALL est, ou ignorant, ou mal conseillé. Dans les annales politiques du Sénégal, jamais Président de la République n’aura témoigné d’autant de lacunes en matière d’anticipation, de prospective, de gestion du pouvoir et communication politique. Il faut reconnaître que la crise était déjà latente, mais sa gestion a été des plus déplorables. Pire elle l’a amplifiée. Il faudrait au régime beaucoup de temps avant d’effacer les stigmates après la violence orchestrée contre les étudiants et le monde universitaire. On en est à se demander si dans l’équipe du président Macky Sall, il existe de vrais conseillers qui lui donnent une lecture objective de la vie politique, économique et sociale du Sénégal et lui proposent le champ des possibles pour une décision idoine réfléchie et apaisée?
La rupture ne se décrète pas. Après avoir fait la moitié de son mandat, force est de constater que le mackysme périt par là où il a voulu prospérer: la rupture. En s’attelant à démanteler la grande aventure de l’esprit en création, Macky Sall, au lieu de faire de l’école et l’université sénégalaise un pôle de développement, un laboratoire de prospective les a transformées en lieu de désenchantement où seuls les héritiers tireront leur épingle du jeu. L’école est un espace de la nation qui doit échapper précisément au modèle du secteur politique et privé, au modèle de la concurrence partout et à tout prix. La question des crédits alloués à l’éducation et à la formation de la jeunesse n’est pas la question principale. Cependant, c’est une question qui compte opérationnellement et symboliquement. Et pour cela, il importe de protéger l’éducation en maintenant sur une longue période les moyens qui lui étaient alloués. Si l’on considère que l’école est la clé de voûte de notre avenir comme nation et la clé de l’avenir individuel de nos enfants, alors nous devons dénoncer résolument la casse entreprise depuis deux ans par le régime de Macky Sall. Les étudiants ont encaissé offense sur offense, et se voient traiter de fainéants, de profiteurs et de voyous, par tout ce que la galaxie apèriste compte de juges et de procureurs à la petite semaine.
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Macky Sall est frappé de cécité politique et n’a rien appris de l’histoire politique du Sénégal de ces dernières années, de sa traversée du désert, comme de sa gestion du pouvoir, sinon il aurait compris depuis longtemps qu’en démocratie, c’est toujours à ses dépens qu’on brime les libertés civiles. Vouloir empêcher les étudiants de manifester leur désaccord et leur désarroi face à ce recul inadmissible, pire les emprisonner, prouve que le président de la République est aux antipodes des grandes démocraties qui considèrent l’université comme un espace de création et qui doit impulser le développement.
Le président de la République n’a pas une bonne lecture de l’évolution de la mentalité socio- politique au Sénégal depuis les années 2000. Son gouvernement n’a pas de discours de méthode et ignore toute propédeutique de la modernisation. Il donne le sentiment aberrant de subir le changement, d’aller de contraintes en régression. Macky n’apprend pas ni des autres encore moins des Sénégalais qu’il gouverne.
En effet, si l’analphabétisme se définit comme une difficulté à lire, alors Macky est fichtrement analphabète. Aussi bizarre que cela puisse paraître, au Sénégal, il n’y a que Macky Sall et sa cellule des « dames de compagnie » qui n’ont pas compris cette attente fondamentale du peuple. L’ivresse du pouvoir l’a rendu autiste au point de menacer les étudiants dans leur indigence.
En deux ans d’exercice, Macky ne parvient toujours pas à comprendre que la gestion du pouvoir n’est rien comparée à la rigueur des campagnes électorales. Elle est beaucoup plus exigeante. Il faut avoir un réel projet pour pouvoir prétendre aux destinées d’un pays. En politique, les marchands d’illusions comme Macky Sall sont vite démasqués, car ils ne peuvent pas faire de leur ambition personnelle un projet structurant. C’est là où la problématique de son manque de vision est tant décriée par le peuple. La méconnaissance de cette réalité a conduit le président, chef de l’APR au tâtonnement après son élection : de Yonnu yokkuté, programme sur lequel il s’est fait élire, on est passé par les dédales et apories du Plan Sénégal Émergent concocté par des mercenaires dont la seule ambition est l’appât du gain. Depuis, le PSE reste théorique et peine à quitter les starting block. La leçon à tirer de cette incapacité notoire est : pas de prime à l’incompétence et ce, dès les locales du 29 juin 2014.
Cela paraît banal pour le commun des Sénégalais, mais incompris par l’actuel locataire du
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palais de l’Avenue LSS : pour faire de la politique, il faut savoir lire et anticiper. Lire la situation politique du Sénégal, lire l’évolution des mentalités et respecter les libertés civiles, lire et comprendre les préoccupations de nos concitoyens qui ne veulent pas être confinés à l’assistanat ( du genre bourse familiale qui relève d’un détournement idéologique d’une autre époque), lire les exigences de ses adversaires politiques et leur donner le respect dû à leur rang car l’élection est l’honneur de la démocratie, lire que le peuple n’a pas élu et n’a pas besoin de famille dirigeante à la tête de l’État, lire la situation et arrêter l’irrespect de ses partisans ( ces héros à la mie de pain) qui croient que le pouvoir se maintient par la violence, le kidnapping , l’arrogance et l’incontinence verbale et publique.
Lire, ce n’est pas lire ce qui est écrit, ce qui est donné, c’est plutôt lire entre les lignes, mais surtout lire ce qui n’est pas écrit et qui va arriver. Pour cela, on n’a pas besoin d’être clerc pour reconnaître que le souci de votre réélection est à la base de toutes les lâchetés, de toutes les faiblesses et de toutes les capitulations. Alors que notre école et nos universités sont dans un état lamentable qui n’augure aucun espoir pour notre vaillante jeunesse, que notre pays est dernier de la classe en terme de taux de croissance (2,6%) et de lutte contre la pauvreté, Macky Sall n’a d’autres priorités que les campagnes électorales maquillées (sans mauvais jeu de mots) en conseils de ministres décentralisés. Cette attitude est une insulte à l’intelligence des électeurs. Tout cet état de fait nous fait penser que la maladie dont souffre la dynastie Faye-Sall a pour nom analphabétisme politique.
De par sa maturité, le peuple a compris très tôt que la politique menée actuellement va droit au mur. La rupture promise et tant attendue n’a d’égale que l’ambition et la voracité d’un clan. Pour que la vie politique soit quelque chose pour tous, il faut qu’elle cesse d’être tout pour quelques uns.
Abdourahim Niane
Coordonnateur de Phares et Balises (Cellule des cadres de Rewmi de la Diaspora) [email protected]

3 Commentaires

  1. Pertinente analyse.
    MAcky remet les strategies laches de wade. A la veilles des locales, ils commencent a financer les femmes des zones ou ils savent qu’ils risquent de perdre alors que si ce financement etait bien pensé il pourrait mieu servir.
    Mais le but viser n’est pas d’aider ces femmes à s’en sortir mais à voter pour eux et quand c’est fait, ils les oublient. Domage!

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