Malick Noel Seck: «Quand Macky clignote à gauche, il fait marche arrière »

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Décidément, le régime de Macky SALL est difficilement saisissable par sa capacité à changer d’opinion au gré des circonstances pour mieux masquer son incurie, son manque de volonté et de vision. Quand Macky SALL clignote à gauche, c’est pour faire marche arrière. Pour s’en convaincre il suffit d’observer les nombreux revirements et renoncements qui ont marqué ses deux premières années. L’une des plus symptomatiques de cette instabilité est la dernière trouvaille « plan Sénégal émergent », la remise en cause des conclusions de la CNRI, le vote en catimini de l’acte 3 de la décentralisation.

Depuis le début de son mandat, Macky Sall et son gouvernement nous ont mis en garde de la hausse de notre niveau d’endettement et de notre déficit. Le président Macky SALL disait récemment lors de la honteuse anniversaire de l’APR financée à coups de centaines de millions au mois de Décembre 2013 « Le Sénégal rembourse 57 milliards chaque mois pour une dette de l’ancien régime » et il rajoutait plus tard « qu’il est indispensable de mettre fin à la spirale dangereuse de croissance de la dette publique qui représente 38,6% du PIB en 2011 contre 20,7% en 2006 ». Comment dans ces conditions et avec ces aveux, le président de la république décide en moins de trois mois de se lancer dans un plan qui va doubler la totalité de l’endettement du Sénégal, en allant rechercher au Groupe Consultatif de Paris 3000 milliards de FCFA pour financer des projets tape-à-l’œil ?

Cette orientation est d’autant plus troublante que des conflits latents subsistent entre les différents organes chargés du pilotage de ces différents programmes. Le Ministère chargé de la planification, la primature, le ministère des finances, les officines logées à la présidence et le mystérieux lobby Disso (qui a empoché au passage plus de 2 milliards de FCFA) se disputent le pilotage de ces différents programmes. A l’heure où la crise de l’euro aggrave le risque de change de la dette du Sénégal, un endettement de cette envergure nous expose à de futurs plans d’ajustements structurels. Arnaud Monterbourg, le ministre du redressement productif Français affirmait dans une déclaration le 9 Février : « Entre 2012 et 2013, l’euro s’est apprécié de plus de 10 % face au dollar et de plus de 40 % face au yen » et qu’il fallait s’engager vers la baisse de l’euro. Tous les experts s’accordent à dire la menace systémique que représente la crise de l’euro qui expose notre économie a un grave danger monétaire et notre dette à un énorme risque de taux de change. Le scenario d’une remise en cause de l’euro est de plus en plus probable. De même, la plupart de ces projets que ce soit dans le domaine de l’agro-business, du tourisme, de travaux d’infrastructures sont des marchés pour des multinationales qui risquent d’utiliser nos entreprises comme de minables sous-traitants. Les quelques emplois créés par ces projets vont entrainer une hausse de la demande de produits importés, aggravant notre déficit commercial et nous enrôler dans une inflation qui sera désastreuse pour les ménages déjà éprouvés. Un plan émergent nécessite un préalable dont le minimum à défaut d’avoir sa propre monnaie est l’organisation des filières, des directions sectorielles efficaces, un système bancaire et des holdings nationaux de sorte à permettre l’accumulation du capital et le développement d’un marché intérieur et une classe moyenne. L’exemple du Maroc est là pour nous le prouver.

Les arguments utilisés par l’entourage présidentiel pour attaquer les conclusions de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (C.N.R.I) sont infondés et purement partisans. Les envies propres de l’APR et les intérêts privés de groupuscules ne peuvent pas être érigés en normes. La seule norme est la priorité de la nation sur l’Etat. Tout en dénonçant le budget astronomique de 1 milliard de FCFA utilisés par la C.N.R.I, nous encourageons l’application de toutes ses recommandations. Nous regrettons que les problématiques liées à la maitrise de notre souveraineté comme la planification, la monnaie, le contrôle de la dette, le patriotisme économique et la culture ne soient pas renforcées parmi les préconisations de la C.N.R.I.

On peut multiplier les actes de décentralisation a l ‘infini, mais le débat restera entier tant que nous ne résolvons pas l’équation des moyens de financement et la qualité des ressources humaines locales. L’Etat prévoit 5,5% de TVA pour 600 collectivités locales, ce qui est une goutte d’eau face aux multitudes de défis auxquels elles doivent faire face. Il faut non seulement augmenter la participation de l’Etat au minimum 10% de TVA, mais également transférer les 4 milliards de budget de l’ancien sénat aux collectivités locales, prévoir une taxe souveraine de minimum 100 milliards de FCFA par an entre autres sur les bénéfices des grands groupes et du secteur minier pour faciliter l’instauration d’une vraie politique de décentralisation. Le Bureau Politique

actunet.sn

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