Me Amadou Sall : « Macky Sall n’est pas à la hauteur »

Macky Sall est à la tête d’une coalition hétéroclite de personnalités et de partis qui se détestent, unis par un désir de revanche et n’a aucune vision. Il n’est pas porteur d’une ambition pour le Sénégal et fléchit très souvent face aux convoitises des souteneurs qui confondent gouverner ensemble et gouverner collectivement. Cet attelage de banquiers sans émotion, de « sociétés civiles » en rupture de ban et de politiciens, tous soumis aux cercles et groupes d’intérêts, incapables de répondre aux angoisses et interrogations des Sénégalais, n’use que de menace, d’invectives, de mises en garde et de discours indécents sur l’argent sale pour avoir la conscience bien tranquille de rentiers.

Abdoul Mbaye a fait l’aveu de l’absence d’offre de la part de son gouvernement qui ne compte que sur les projets déjà entamés par le président Wade comme moteur de croissance pour les années à venir.

Les dernières manifestations de violence à Dakar, devant des forces de sécurité paralysées par la peur d’être arrêtées en cas de « bavures », témoignent de la faiblesse structurelle d’un Etat qui n’a presque aucune emprise sur son appareil. Et ce ne sont certainement pas les forfanteries et les menaces de recourir à l’armée pour assurer la paix publique qui changeront la donne : nous sommes en face d’un gouvernement sans âme, sans chef, et qui n’est porteur que de déception et de révolte.

Jamais Tabaski n’a été aussi dure pour les Sénégalais qui désespèrent chaque jour un peu plus.

Incapable de rassurer son peuple, Macky Sall, gagné par une profonde acédie accuse l’argent sale d’avoir contribué à le rendre impopulaire et se vante d’avoir réussi à assainir la masse monétaire en circulation en privant les Sénégalais des effets dévastateurs de l’argent de la drogue et d’autres combines. Offenser ainsi ce peuple qui souffre de l’incurie de ses dirigeants n’est ni honnête, ni tolérable.

Non, Macky Sall n’est pas à la hauteur. Il n’est vraiment pas à la hauteur des espoirs nourris un jour de 25 mars 2012 !

Ne va-t-il pas revenir au septennat, vu qu’en réalité il a un quinquennat de 3 ans, si on enlève la première année – presque finie – et la dernière année 2017 qui ne peut être comptabilisée?

Que Dieu nous en préserve ! D’abord, sept longues années d’errance et de privations seront abominables pour les Sénégalais qui ne pourront le supporter. Ensuite, Macky Sall s’est engagé à faire un mandat de cinq ans et il a été entendu par le peuple.

Déjà un peu partout, pour peu qu’on tende l’oreille, on entend la clameur de la foule apaisée par la perspective de s’en limiter au minimum et de tout arrêter en 2017 pour se doter enfin d’un président porteur d’une autre ambition.

Dans ces conditions revenir au septennat équivaut à refermer le couvercle de la marmite et faire courir de graves dangers à notre pays, à notre peuple et à notre démocratie.

Portez vous une motion ou avez-vous un courant au sein du Pds ? Et pourquoi?

Nous sortons d’épreuves très dures qui nous ont renvoyé dans l’opposition. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui regrettent le départ d’un géant qui aura assurément marqué son époque et qui aura fait la preuve de ce qu’on peut réussir quand on a de l’ambition pour son pays.

Nous devons, tous, avoir de l’humilité lorsque l’on voit Abdoulaye Wade désavoué par son peuple alors qu’il a incarné, comme personne avant lui, cette volonté de notre Nation de prendre son destin en main et de forcer l’histoire en y prenant une place de choix.

Abdoulaye Wade était le porteur d’une énorme ambition et les Sénégalais avaient formulé l’espérance d’être porté au firmament par cet homme peu commun.

Le Parti démocratique sénégalais est toujours le réceptacle de cette espérance et peut se doter des moyens qui lui permettront de tenir la promesse d’un futur épanoui.

C’est sûrement le moment de se serrer les coudes, de taire les ambitions personnelles, les échappées solitaires et les initiatives intempestives qui désorientent les militants et agacent les électeurs.

Nous avons tous, en chacun de nous, la légitimité de continuer l’œuvre d’une vie. Nous avons aussi le devoir et la responsabilité de tout faire en ordre de bataille, dans l’union et la discipline. Personne ne réussira à forcer les choses et les événements même avec l’onction suprême du chef s’il n’est capable de rassurer ; de rassembler les militants, d’être en phase avec les structures et d’être perçu comme porteur d’une ambition partagée par une équipe.

Le courant étant porteur de division et d’ambitions personnelles, je m’en méfie et me considère comme un combattant de l’unité dans l’unique perspective de faire du Pds un instrument unique de conquête des libertés et du développement de notre peuple.

Lesenegalais.net