Pour le porte-parole de la Ligue démocratique, son parti n’est pas dans une perspective de rupture avec la mouvance présidentielle. Aussi, dans cet entretien avec EnQuëte, Moussa Sarr condamne les positions divergentes des cadres ‘’Jallarbistes’’ sur la question du référendum en dehors des instances régulières du parti. Pour ensuite révéler que la Ld va donner sa position officielle sur la question le 5 mars prochain.
Les cadres de votre parti ne parlent pas le même langage sur la question du référendum du 20 mars prochain. Comment appréciez-vous une telle situation ?
Ce que je voudrais dire à ce propos, c’est que la sortie du Coordinateur des cadres et la désapprobation de ses trois autres camarades sont pour nous des attitudes que nous condamnons fermement avec la dernière énergie. Nous pensons qu’il est inacceptable qu’un responsable ou des responsables, en dehors des instances habilitées, puissent s’adresser publiquement à l’opinion. La Coordination nationale des cadres comme le Mouvement national des femmes ou le Mouvement démocratique des jeunes, sont des organisations intégrées de la Ld.
Nous avons décidé de convoquer, le 5 mars prochain, le Bureau politique qui est l’instance de décision. C’est à l’occasion de cette instance que la Ld aura une position officielle sur le référendum. Cela signifie donc que tous les responsables qui parlent, ne le font qu’à leurs noms personnels. La dernière chose sur laquelle je voudrais insister, c’est que la voix officielle de la Ligue démocratique est portée par son Secrétaire général, Mamadou Ndoye ou par son porte-parole.
Cette situation ne traduit-elle pas un malaise au sein de votre formation politique ?
On ne peut pas parler de malaise pour le moment. Mais une chose est sûre : la Ld, comme tous les autres partis politiques du pays, est traversée par des positions divergentes, voire des différences par rapport à l’appréciation sur le référendum et sur les futures élections. A la Ld comme dans les autres partis, il y a des positions qui vont dans le sens de voter Oui parce qu’elles considèrent que les réformes proposées dans le cadre de ce référendum sont porteuses de progrès. D’autres positions considèrent que le référendum ou les propositions du président de la République sont en deçà de leurs attentes. Donc il y a ces divergences au sein de la Ld comme du reste dans les autres partis sur cette question du référendum. C’est pourquoi en définitive, c’est au terme du Bureau politique qu’une décision consensuelle sera prise et elle va engager l’ensemble des militants et responsables de la Ld.
Est-ce qu’il n’y a pas des risques de division au sein de votre parti ?
Je ne le pense pas. Je ne pense pas que cela puisse être un facteur de division. En tout cas, il serait inacceptable que ceux qui seraient minoritaires puissent tenter de diviser le parti. La Ld est un parti qui prend ses décisions de façon consensuelle et j’espère que les uns et les autres vont se ranger derrière la position majoritaire et consensuelle.
Avez-vous pris des mesures par rapport à ces sorties médiatiques de cadres du parti qui se contredisent ?
Le parti n’a pas encore pris de mesures dans ce sens. Nous allons nous réunir cette semaine au niveau du Secrétariat permanent et probablement, à défaut de prendre des mesures de sanction, le Secrétaire général ne manquera pas de remettre ces responsables à leur place parce qu’ils ne peuvent pas prendre des positions qui ne sont pas arrêtées par les instances régulières du parti.
En attendant, qu’est-ce que la Ld compte faire ?
En attendant, nous demandons à tous les responsables de s’abstenir de faire des déclarations publiques. Nous le demandons à tous les responsables à quelque niveau où ils se situent. Nous rappelons que lorsqu’un camarade fait une déclaration, cela n’engage que sa propre personne mais pas le parti.
On ne sent pas trop votre parti sur le débat relatif au référendum. Qu’est-ce qui explique cela ?
Nous avons dit notre point de vue sur la question. Nous avons pris acte de la décision du président de la République de se conformer à l’avis du Conseil constitutionnel et d’engager le pays dans une élection présidentielle en 2019. Nous avons pris acte de cela. Maintenant pour le reste, nous ne pouvons pas pour le moment prendre une position tant que notre instance de décision ne s’est pas réunie. Donc pour le moment, la Ld ne sait pas encore si elle va voter OUI ou NON. Elle aura sa position le 5 mars prochain.
Le référendum, c’est dans 20 jours. Etes-vous dans les délais ?
Nous sommes dans les délais puisque la campagne va démarrer officiellement le 12 mars. Nous aurons suffisamment de temps pour informer et je crois que ce que nous avons fait, aucun parti ne l’a fait. Depuis des mois, des responsables de la Ld sont en train de faire des missions de consultations dans toutes les fédérations du pays. Moi-même je me suis rendu dans la région de Kaolack les 13 et 14 février derniers dans ce sens. Et les dernières missions vont aller à Saint-Louis, à Kaffrine et à Mbirkilane ce week-end. Nous sommes allés voir les fédérations avec un questionnaire. Ces questionnaires-là, nous sommes en train de les dépouiller et les résultats seront portés à la connaissance du Bureau politique.
Quelles sont les tendances qui se dégagent d’ores et déjà ?
Je ne peux pas pour le moment donner les tendances qui se dégagent. C’était juste pour dire que la Ld, ce qu’elle a fait d’un point de vue des procédures démocratiques, aucun parti politique ne l’a fait jusqu’ici. Nous sommes, à ma connaissance, le seul parti qui a consulté toute sa base dans le pays avec un questionnaire sur le référendum et sur les élections législatives et présidentielle. Maintenant ces questionnaires, nous avons commencé depuis dimanche (NDLR : avant-hier) à les dépouiller et le résultat sera porté à la connaissance du Bureau politique qui va se prononcer en toute connaissance de cause. Une fois que ce sera fait, l’ensemble des militants de la Ld, comme un seul homme, vont se dresser pour battre campagne.
Peut-on s’attendre à une rupture avec la mouvance présidentielle ?
Nous ne sommes pas dans cette perspective. Pour l’heure, la Ld réaffirme son ancrage dans Benno bokk yaakaar (Bby). La Ld accompagne le président de la République pour le succès de la deuxième alternance. Nous ne sommes pas dans une perspective de rupture, nous attendons notre Bureau politique pour prendre position par rapport au référendum.
EnQuête
