Le général Salou Djibo peut désormais pousser un profond ouf de soulagement. Depuis ce lundi 15 mars, il connaît son successeur au gouvernail de l’Etat nigérien pour les quatre prochaines années. Même s’il doit patienter jusqu’au 6 avril 2011 pour transmettre officiellement le pouvoir au président élu par le peuple, il peut se satisfaire d’avoir conduit, à bon port et de main de maître, une transition qui avait pour seule et unique mission, «la restauration de la démocratie» au Niger.
Mission accomplie donc pour l’officier supérieur des forces armées, qui peut maintenant retourner à sa chère caserne. En paix! Et surtout avec la conscience d’avoir remis son pays sur les rails de la démocratie d’où le colonel Mamadou Tandja l’avait sorti. En réussissant des élections présidentielle et législatives sans heurts majeurs, le général Salou Djibo vient de prouver aux yeux du monde entier qu’il est encore possible qu’un militaire réussisse un «coup d’Etat salutaire», organise des élections propres et rende le pouvoir aux civils. C’est tout à son honneur, ainsi qu’à celui de l’Armée nigérienne.
Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ce pays, considéré comme l’un des plus pauvres parmi les pauvres, a déjà connu cinq coups d’Etat militaires en seulement 50 ans d’indépendance. C’est la preuve d’une instabilité politique qui mérite d’être rectifiée pour donner définitivement une chance à la démocratie. Elu à 57, 95% des suffrages, Mamadou Issoufou n’est donc que le deuxième président civil de ce pays. Il faut espérer que la classe politique nigérienne saura maintenant fermer définitivement la parenthèse de l’irruption des militaires dans la vie politique…