On tue autant à Dakar qu’à Ziguinchor

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La Casamance (Ziguinchor et Kolda) est la région la plus « criminogène » du pays. Rien que la Gendarmerie nationale dans le cadre de sa mission de police judiciaire s’y est occupée de résoudre 68 crimes en 2009. Elle est talonnée par celles de Kaolack et Kaffrine où l’on a constaté 38 cas dont la résolution a été confiée à la même Gendarmerie. Viennent ensuite dans un ordre décroissant : les régions de Tambacounda-Kédougou avec 18 crimes, Louga/Saint-Louis/Matam qui en comptabilisent 13 cas, Dakar avec ses 12 crimes et Thiès/Diourbel avec 11 cas. Cependant, au regard de la cartographie des crimes, on tue ou agresse autant avec 15 et 24 cas en moyenne à Dakar-Thiès-Diourbel qu’en Casamance ces six dernières années.

Les régions du Nord, du Centre et de l’Est sont à ce niveau, les plus sures. Parce que les citoyens sénégalais, relayés par une presse diversifiée et dynamique sont de plus en plus exigeants pour leur sécurité et celle de leurs biens, les autorités sont contraintes de répondre à leur demande pressante autant que faire se peut. C’est là le constat et la profession de foi du Haut commandant de la Gendarmerie qui dans un document intitulé « statistiques descriptives » de ses activités pour l’année 2009 veut une meilleure lecture de la criminalité dans notre pays pour lutter efficacement contre le phénomène. Il entend ainsi appréhender les tendances lourdes : géographiques, culturelles, socioéconomiques du crime au Sénégal et affiner des stratégies en vue de la bonne exécution des politiques publiques de sécurité. Il affirme dans ce domaine avoir pris une posture proactive qui développe une prévention de proximité. Il s’agit selon lui, « d’interdire, à l’échelle nationale, aux délinquants la libre disposition d’un quartier, d’une zone ou d’un axe ». Dans ce cadre, la Casamance est logée à la même enseigne que les 13 autres régions du pays. Et l’on y tue autant qu’à Dakar, Thiès et Diourbel en dépit de la situation d’un irrédentisme armé qui y prévaut.

L’année 2005 reste cependant avec ses 334 crimes soumis à la Gendarmerie nationale, la pointe la plus élevée de l’insécurité au Sénégal. 2009 avec ses 160 cas double 2008 qui a enregistré elle, 77 crimes et s’adjuge la place de l’année la plus « sécurisée » depuis 2004, année qui avait à son « passif » 126 crimes. L’an dernier (2009) qui vient en troisième position dans ce tableau comparatif des crimes et délits des statistiques de la Gendarmerie dont Sud Quotidien a pu se procurer copie est précédé par 2006 qui a comptabilisé 160 cas.

Tandis que 2007 a compté 121 crimes. La Gendarmerie nationale a connu en 2009, pour sa mission de police judicaire qui occupe environ 25% des activités des unités sur l’ensemble du territoire national, 75% de réussite ! Elle a résolu en effet sur les 160 crimes soumis à ses enquêtes, les 120. Tout comme elle s’est occupée de 8238 délits dont 7787 ont reçu suites judiciaires satisfaisantes. Dans le même temps, elle a établi 9237 procès-verbaux et arrêté 10.407 délinquants pour diverses infractions. En ce qui concerne les délits, la région de Dakar arrive largement en tête avec 3067 cas constatés.

La criminalité au Sénégal, une progression dangereuse

La criminalité générale désigne certes, pour la Gendarmerie, « toutes atteintes contre les personnes et les biens : crimes, délits et contraventions », elle n’en connaît pas moins une progression en 2009 qui inquiète. Les crimes ont en effet doublés par rapport à 2008. Il en est de même des délits qui connaissent une hausse considérable en 2009 par rapport à 2008 (8238 cas contre 7282 en 2008). Ces statistiques montrent que la criminalité générale a connu une pique l’année dernière. L’importance des délinquants étrangers en majorité originaires de pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), bénéficiant par conséquent du principe de la liberté de circulation des personnes dans l’espace communautaire, a été notée. Les unités de gendarmerie ont été cependant plus efficaces dans la répression et dans l’élucidation des affaires comparativement à l’année 2008. On note cependant au niveau de l’Autorité que des efforts devront être menés dans le sens de la prévention des infractions par le décèlement précoce des tendances criminelles. En un mot le renseignement devrait se faire plus opérationnel.

On fume du chanvre indien plus à Thiès et Diourbel qu’ailleurs

Si on s’accorde sur le fait que la Casamance rafle la palme de la production du cannabis au Sénégal, avec un total de saisie opérée par la gendarmerie de 2516,631Kg de chanvre indien, les régions de Thiès et de Diourbel (centre ouest) constituent assurément les régions où l’on fume et trafique le plus cette drogue. Elles sont suivies par celles de Kaolack-Kaffrine avec une saisie de 1393, 488 Kg et Dakar avec 1390,429 Kg de prise. En fait, il y a eu en 2009 une augmentation des saisies opérées de drogues dures par rapport à l’année précédente. C’est ainsi que la Gendarmerie déclare avoir saisi 54, 730 Kg de cocaïne contre 34,10 Kg en 2008. 744 usagers et trafiquants ont été arrêtés dans le même temps. Ils étaient 559 en 2008.

On remarquera cependant que la Casamance n’est pas concernée par ces statistiques. Certainement le fait qu’il revient à l’armée de gérer la situation en première ligne a empêché en 2009, la gendarmerie occupée à autre chose d’y opérer comme dans le passé la destruction des champs de cannabis et d’y procéder à des arrestations à grande échelle de trafiquants. Toujours est-il que, même si le trafic a connu une hausse au Sénégal, on constate une efficacité notable de la répression. Le Centre ouest et l’ouest qui sont les zones de passage obligé, ont été bien « maîtrisés ». Le trafic de drogue est une criminalité transnationale préoccupante cependant.

Les gendarmes retrouvent 1908 têtes de bétail sur les 3866 volés

Les gendarmes ont pu retrouver et retourner à leurs légitimes propriétaires, l’année dernière, 1908 animaux domestiques sur les 3866 volés portés à sa connaissance. En 2008, sur les 3734 volés, seuls 1505 ont été retrouvés. Si Dakar, Thiès et Diourbel et le Sud (la Casamance) se disputent la première place de la criminalité, les régions de Louga et du Fleuve réputées zones pastorales s’adjugent la première place des régions où l’on vole le plus le bétail avec en 2009, 1140 têtes chapardées. Elles sont suivies par les régions de Kaolack-Kaffrine qui comptabilisent 1117 cas de vol de bétail. Un vol dont la répression a fait l’objet d’une politique publique par le biais d’une loi d’orientation agro-silvo-pastorale qui préconise l’alourdissement des peines. Les résultats obtenus par la Gendarmerie dans la répression du délit sont meilleures en 2009, constate le document. Une efficacité que ses rédacteurs mettent sur le compte d’une réactivité de ses unités territoriales et également sur les relations de confiance que celles-ci développent avec les populations et les élus des structures décentralisées et déconcentrées. Emigration clandestine

La Gendarmerie sous sa veste de police rurale est présente sur la grande côte comme sur la petite côte du littoral. Elle occupe ainsi une position centrale dans le dispositif « Frontex » qui lutte contre l’immigration clandestine. Un dispositif qui intègre la police, la gendarmerie et les armées qui a réduit sensiblement les départs à partir des côtes sénégalaises l’année dernière. 42 personnes ont été cependant interpellées. Un nombre largement inférieur à celui de 2008 qui s’est chiffré à 283 personnes. La vigilance s’impose cependant, note le document, car de plus en plus les voies terrestres sont empruntées. D’où, observe le Haut commandement de la gendarmerie, l’intérêt du projet de l’Union européenne dénommée « Ouest-Sahel ». La perméabilité des frontières a amené par ailleurs, le Haut commandement à implanter des escadrons à Ourossogui et Bakel et des postes fixes tout au long du fleuve Sénégal. Il envisage aussi la création d’un détachement opérationnel dans la zone de la tri-jonction (le point de convergence des frontières du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie. Elle est précisément située dans la communauté rurale de Balou (Bakel) à l’embouchure de la Falémé sur le Fleuve Sénégal).

sudonline.sn

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